Alpharadin : Une Révolution dans le Traitement du Cancer de la Prostate

L’alpharadin (chlorure de radium 223) a démontré une amélioration significative de la survie globale des patients atteints de cancer de la prostate résistant à la castration (CRPC) et de métastases osseuses symptomatiques, avec un taux de survie amélioré de 44%, comme l’ont présenté les intervenants lors du Congrès européen pluridisciplinaire sur le cancer. Ce traitement, mis en lumière lors de la session présidentielle, s’est révélé prometteur lors de l’essai de phase 3 ALSYMPCA (ALpharadin dans la prostate symptomatique), atteignant son critère d’évaluation principal en augmentant considérablement la survie des patients.

Le CRPC, également connu sous le nom de HRPC (cancer de la prostate hormono-réfractaire), est une condition où la majorité des patients développent des métastases osseuses. Ces métastases affaiblissent la structure osseuse, rendant le patient susceptible à des douleurs, des fractures et d’autres complications qui compromettent gravement sa qualité de vie. Les zones les plus affectées incluent généralement la colonne vertébrale lombaire, le bassin et les vertèbres. En effet, la métastase osseuse est la principale cause d’invalidité et de mortalité chez ces patients.

Bayer HealthCare, le fabricant d’Alpharadin, a souligné que tous les critères d’évaluation secondaires ont également été atteints, notamment un délai prolongé avant la survenue des événements liés au squelette (SRE).

Les résultats de l’étude ont révélé que les patients ayant reçu Alpharadin :

  • Avait une survie globale médiane de 14 mois, contre 11,2 mois pour ceux sous placebo.
  • Avait un temps médian avant les premiers SRE de 13,6 mois par rapport à 8,4 mois dans le groupe placebo, soit une amélioration de 64%.
  • 33% des patients traités par Alpharadin ont montré une normalisation totale de la phosphatase alcaline (ALP), contrairement à seulement 1% dans le groupe placebo.
  • Ont présenté une amélioration de 49% du temps de progression du PSA.

Dans l’ensemble, la tolérance et la sécurité d’Alpharadin étaient comparables à celles observées dans des études antérieures.

Les effets indésirables notés incluaient 15% d’événements non hématologiques, tels que des douleurs osseuses, des nausées, de la diarrhée, de la constipation et des vomissements. L’anémie était l’événement hématologique le plus fréquent, touchant 18% des patients, tandis que la douleur osseuse de grade 3 à 4 a été observée chez 18% des patients traités.

Le Dr Chris Parker, chercheur principal de l’ALSYMPCA au Royal Marsden Hospital de Londres, a déclaré :

«Ces données sont significatives car elles démontrent que l’alpharadin peut prolonger la vie des patients atteints de cancer de la prostate résistant à la castration et de métastases osseuses. Ces résultats, ainsi que ceux d’études antérieures, suggèrent qu’Alpharadin, un nouvel alpha-pharmaceutique, pourrait établir une nouvelle norme de traitement pour ces patients. »
La FDA (Food and Drug Administration) des États-Unis a récemment accordé à Alpharadin la désignation «Fast Track» pour son approbation.

Bayer HealthCare prévoit de soumettre Alpharadin pour approbation auprès des autorités réglementaires en Europe et aux États-Unis au milieu de l’année prochaine, en se basant sur ces données prometteuses.

Essai ALSYMPCA

Il s’agissait d’une étude clinique internationale de phase III, randomisée, contrôlée par placebo et en double aveugle, comparant l’alpharadin associé aux meilleurs soins standard à un placebo associé aux meilleurs soins standard chez des hommes souffrant de CRPC symptomatiques avec métastases osseuses. Cette étude a impliqué 922 patients répartis dans plus de 100 centres dans 19 pays. Tous les participants étaient non éligibles au docétaxel, ne pouvaient pas le tolérer ou n’avaient pas répondu à ce traitement.

Les patients ont reçu soit de l’Alpharadin, soit un placebo par voie intraveineuse jusqu’à six fois, à intervalles de quatre semaines.

Le critère d’évaluation principal de l’étude était la survie globale, tandis que les paramètres secondaires comprenaient le moment de survenue des SRE, les variations du PSA et de l’ALP, ainsi que l’impact du traitement sur la qualité de vie des patients.

Cette étude a été initiée par Algeta ASA, basée à Oslo, Norvège, en 2008.

Alpharadin

L’alpharadin (chlorure de radium 223) est un médicament contenant un nucléide émettant des particules alpha, conçu spécifiquement pour le traitement des patients avec des métastases osseuses. Ce composé imite plusieurs des comportements du calcium dans l’os.

Alpharadin utilise le rayonnement alpha, issu de la désintégration du radium-223, pour cibler et détruire les cellules cancéreuses. Grâce à ses propriétés de mimétisme, le radium-223 se dirige naturellement vers les métastases osseuses. Contrairement aux rayonnements bêta et gamma, le rayonnement alpha a une portée beaucoup plus courte, ce qui entraîne moins de dommages aux tissus voisins, notamment à la moelle osseuse. Tout alpharadin non absorbé par les métastases osseuses est rapidement excrété par l’intestin.

Perspectives et Nouvelles Données pour 2024

En 2024, il est essentiel de continuer à surveiller les avancées relatives à l’alpharadin. Des études récentes ont montré que l’usage combiné d’Alpharadin avec d’autres thérapies ciblées peut encore améliorer la réponse au traitement. Selon une recherche publiée dans le Journal of Clinical Oncology, l’utilisation d’Alpharadin en association avec des inhibiteurs de la PARP a montré une synergie prometteuse, augmentant la survie sans progression chez certains patients.

De plus, des données récentes indiquent que l’alpharadin pourrait également avoir des bénéfices sur la douleur osseuse, avec une diminution significative des scores de douleur rapportés par les patients. Cela renforce l’idée que ce traitement pourrait non seulement prolonger la vie, mais aussi améliorer la qualité de vie des patients.

En somme, l’alpharadin s’affirme comme un acteur clé dans le traitement du cancer de la prostate avec métastases osseuses, et son développement continu promet de nouvelles perspectives pour les patients. Évidemment, des études supplémentaires sont nécessaires pour valider ces résultats et optimiser les protocoles de traitement, mais l’avenir semble radieux pour cette thérapie innovante.

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