Optimiser la Survie Après Transplantation Cardiaque

Selon une étude réalisée par des chercheurs de Johns Hopkins, les patients ayant subi une transplantation cardiaque avant l’âge de 55 ans dans un hôpital réalisant au moins 9 transplantations par an ont considérablement plus de chances de survivre au moins une décennie après l’opération. Cette recherche, publiée dans le numéro de mars de The Annals of Thoracic Surgery, apporte des insights cruciaux pour améliorer les résultats des transplantations cardiaques.

Les chercheurs ont analysé les données du Réseau Uni de Partage d’Organe (UNOS) portant sur plus de 22 000 adultes américains ayant reçu une transplantation cardiaque entre 1987 et 1999. Ils ont découvert qu’environ la moitié des patients étaient toujours en vie dix ans après la transplantation. De plus, un examen approfondi a mis en évidence des facteurs prédictifs de survie d’au moins 10 ans après la procédure.

Arman Kilic, M.D., résident en chirurgie à l’Hôpital Johns Hopkins et responsable de l’étude, a déclaré :

«Chaque année, entre 2 000 et 2 500 transplantations cardiaques sont réalisées aux États-Unis, et beaucoup de patients décèdent en attendant une greffe. Il est crucial d’optimiser l’allocation des organes rares. Nos recherches indiquent que nous pouvons identifier les patients qui bénéficieront le plus d’un nouveau cœur.
L’équipe a examiné 9 404 receveurs ayant survécu 10 ans ou plus et 10 373 receveurs qui n’ont pas eu cette chance, avec environ 3 000 patients perdus de vue.

Les résultats ont révélé :

  • Les receveurs dans des hôpitaux réalisant plus de 9 transplantations par an ont une probabilité de survie à 10 ans supérieure de 31 % par rapport à ceux traités dans des centres de volume inférieur.
  • Les patients ayant subi la greffe avant 55 ans ont 25 % plus de chances de survivre 10 ans que les plus âgés.
  • Les receveurs blancs ont 35 % plus de chances de survivre 10 ans que les patients d’origine minoritaire.

Selon Kilic, presque la moitié des patients de l’étude avaient plus de 55 ans, et un débat existe autour de l’âge idéal pour la transplantation. Il a ajouté :

« Au-delà de 55 ans, la survie à long terme se dégrade rapidement. »

Kilic souligne que les patients transplantés dans des hôpitaux effectuant plus de 9 greffes par an bénéficient non seulement de l’expérience accrue de leurs chirurgiens, mais aussi d’un environnement hospitalier mieux préparé pour gérer les soins postopératoires complexes, favorisant ainsi de meilleurs résultats.

De plus, l’étude a révélé que les patients ayant nécessité une ventilation avant la greffe avaient 47 % plus de risques de décéder dans les 10 ans suivant l’intervention. Étant donné que ces patients sont généralement plus gravement malades, cela semble logique. L’équipe a également découvert que les patients diabétiques étaient un tiers plus susceptibles de mourir dans la même période.

Les résultats de cette étude mettent également en lumière l’impact crucial du temps ischémique (la durée pendant laquelle le cœur est hors du corps lors du transfert d’un donneur à un receveur). Ils ont observé que chaque heure de réduction du temps ischémique augmentait de 11 % les chances de survie des receveurs au-delà de 10 ans.

Par ailleurs, pour chaque décennie de jeunesse du donneur, le receveur avait 10 % plus de chances de survivre à long terme, a révélé Kilic.

Conformément aux réglementations, UNOS attribue les cœurs aux patients les plus malades sur sa liste d’attente nationale, souvent ceux qui ne survivront pas un mois sans transplantation. Bien que Kilic soit en accord avec ces politiques, il suggère que ces données pourraient être utilisées pour prioriser les patients les plus malades mais aussi ceux ayant le plus de chances de survie prolongée.

Kilic a déclaré :

«Ces données peuvent servir à la fois de pronostic et d’outil d’allocation, permettant d’identifier les patients les mieux placés pour bénéficier le plus longtemps des cœurs disponibles chaque année, et d’expliquer pourquoi des disparités raciales existent dans la survie à long terme après une transplantation cardiaque. »
Aux États-Unis, plus de 5 millions de personnes souffrent d’insuffisance cardiaque. Bien que les médicaments et les changements de mode de vie puissent aider la majorité de ces patients, la transplantation cardiaque reste le traitement de référence pour ceux atteints d’insuffisance cardiaque sévère.

Cette étude a été menée par d’autres chercheurs, dont Timothy J. George, M.D.; George J. Arnaoutakis, M.D.; Ashish S. Shah, M.D.; et John V. Conte, M.D.

Écrit par Grace Rattue

Perspectives et Recherches Récentes

En 2024, les avancées dans le domaine de la transplantation cardiaque continuent de progresser. De nouvelles études se concentrent sur l’optimisation des protocoles de gestion pré et postopératoire, ainsi que sur l’amélioration de la qualité des greffons. Les chercheurs explorent également l’impact des biomarqueurs pour prédire les résultats à long terme. Des données récentes suggèrent qu’une meilleure évaluation des donneurs, incluant des critères génétiques et environnementaux, pourrait significativement influencer la survie des receveurs.

Par ailleurs, des approches innovantes, comme l’utilisation de cœurs artificiels ou bio-ingénierie, sont en cours d’exploration, offrant des alternatives prometteuses aux patients en attente de transplantation. En intégrant ces nouvelles technologies et recherches, l’avenir de la transplantation cardiaque semble prometteur, avec l’espoir d’améliorer non seulement la survie, mais aussi la qualité de vie des patients.

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