Près de la moitié des adultes aux États-Unis pourraient maintenant être classés comme ayant une pression artérielle élevée, suite aux révisions des lignes directrices par l’American Heart Association et l’American College of Cardiology.
La pression artérielle, cette force par laquelle le sang pousse contre les parois des artères, est cruciale pour la circulation sanguine. L’hypertension, quand cette pression devient trop élevée, est un véritable fléau silencieux.
Mesurée en millimètres de mercure, la pression artérielle se compose de deux chiffres : le systolique et le diastolique. Le premier indique la pression lorsque le cœur bat, tandis que le second montre la pression entre les battements, lorsque le cœur se repose.
Jusqu’à récemment, l’hypertension était définie par des chiffres de 140/90 mmHg ou plus, selon des lignes directrices établies en 2003.
Un chiffre entre 120/80 mmHg et 139/89 mmHg était considéré comme une pré-hypertension, un état où la pression artérielle était plus élevée que la normale, sans être encore classée comme hypertensive.
Cependant, avec les nouvelles directives de l’American Heart Association (AHA) et du groupe de travail de l’American Academy of Cardiology, la définition de l’hypertension a été révisée, plaçant des millions d’adultes à un risque accru de maladies cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux et d’autres problèmes cardiovasculaires.
Ce groupe de 21 scientifiques et spécialistes de la santé, dirigé par le Dr Paul K. Whelton, a travaillé pendant trois ans pour élaborer ces nouvelles recommandations, présentées lors des Sessions scientifiques 2017 de l’AHA à Anaheim, en Californie.
Les nouvelles lignes directrices ont également été publiées dans une revue scientifique renommée.
Hypertension : Quelle est la définition révisée ?
Après avoir analysé plus de 900 études, le Dr Whelton et ses collègues ont établi que l’hypertension est désormais classée comme une pression artérielle de 130/80 mmHg ou plus. La pression artérielle normale est désormais considérée comme étant de 120/80 mmHg.
Le terme « préhypertension » est désormais obsolète ; les personnes ayant une pression systolique entre 120 et 129 mmHg et une pression diastolique inférieure à 80 mmHg sont désormais classées comme ayant une pression artérielle «élevée».
Les personnes au premier stade de l’hypertension (systolique entre 130-139 mmHg ou diastolique entre 80-89 mmHg) devraient subir une évaluation de risque sur 10 ans pour les maladies cardiaques et les AVC.
Si leur risque est inférieur à 10 %, des changements de style de vie sont recommandés, suivis d’une réévaluation dans les 3 à 6 mois. Si le risque dépasse 10 %, des modifications du mode de vie, des médicaments, et des suivis mensuels sont conseillés jusqu’à ce que la pression soit sous contrôle.
Pour les personnes en phase 2 d’hypertension (140/90 mmHg ou plus), il est recommandé d’adopter des changements de vie, d’utiliser au moins deux médicaments, et d’avoir des suivis mensuels jusqu’à stabilisation de la pression artérielle.
Une pression au-dessus de 180/120 mmHg est considérée comme une « crise hypertensive », nécessitant des ajustements rapides de traitement ou une hospitalisation immédiate en cas de dommages aux organes.
Les individus avec une pression artérielle normale doivent faire des choix de vie sains et vérifier leur pression annuellement, tandis que ceux ayant une pression élevée doivent suivre leur état tous les trois à six mois.
Près de la moitié des adultes sont maintenant hypertendus
Auparavant, il était estimé qu’environ 1 adulte sur 3 aux États-Unis souffrait d’hypertension. Avec ces nouvelles lignes directrices, l’hypertension touche désormais 46 % de la population adulte, entraînant une hausse de l’utilisation de médicaments hypotenseurs.
Selon l’AHA, ces directives révisées cherchent à sensibiliser aux risques associés à l’hypertension et à contrer la maladie avant qu’elle ne cause des problèmes de santé plus graves.
Le Dr Whelton, auteur principal des nouvelles directives, souligne que les individus avec une pression artérielle élevée et une hypertension de stade 1 sont à risque accru de complications cardiovasculaires. Ces nouvelles recommandations visent à mettre en lumière ces risques et à inciter les patients à adopter des changements positifs.
« Vous avez déjà doublé votre risque de complications cardiovasculaires par rapport à ceux avec une pression normale », souligne-t-il.
« Nous voulons être transparents – si votre risque est doublé, il est impératif de le savoir. Cela ne signifie pas nécessairement que des médicaments sont nécessaires, mais c’est un signal d’alarme pour abaisser votre pression, principalement par des moyens non médicamenteux. »
Le Dr Paul K. Whelton affirme que, bien que ces nouvelles directives classent plus de personnes comme hypertendues, cela ne doit pas être perçu négativement.
« Oui, nous allons étiqueter plus de personnes comme hypertendues et prescrire davantage de médicaments, mais cela permettra de sauver des vies et de réduire les coûts en prévenant les AVC, les événements cardiovasculaires et l’insuffisance rénale », conclut le Dr Kenneth Jamerson, co-auteur des lignes directrices du Michigan Health System à Ann Arbor.
« Si nous investissons dans le système de santé, tout le monde en bénéficiera si nous agissons dès le début. »
Nouveaux éléments de recherche sur l’hypertension (2024)
Les recherches récentes de 2024 ont mis en évidence plusieurs aspects importants liés à la gestion de l’hypertension. Des études montrent que l’adoption d’un régime alimentaire riche en fruits, légumes, et grains entiers, combiné à une réduction de l’apport en sodium, peut entraîner une baisse significative de la pression artérielle chez les adultes.
Des données récentes révèlent également que la pratique régulière d’exercice physique, même modérée, peut réduire le risque d’hypertension et améliorer la santé cardiaque globale. Les recommandations actuelles suggèrent au moins 150 minutes d’activité modérée par semaine.
Enfin, une étude publiée dans le Journal of Hypertension indique que la gestion du stress à travers des techniques comme la méditation et le yoga peut également jouer un rôle crucial dans le contrôle de la pression artérielle. En intégrant ces pratiques dans leur quotidien, les individus peuvent non seulement améliorer leur bien-être mental, mais aussi contribuer à une meilleure santé cardiovasculaire.
Ces nouvelles perspectives soulignent l’importance d’un mode de vie équilibré et d’une approche proactive dans la gestion de la pression artérielle, en mettant l’accent sur des stratégies non médicamenteuses avant d’envisager des traitements pharmacologiques. La sensibilisation et l’éducation des patients restent fondamentales pour prévenir l’hypertension et ses complications associées.