Une nouvelle étude publiée dans la revue a révélé que cet art martial ancien est tout aussi efficace que la réhabilitation pulmonaire pour traiter la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC).
La maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) englobe divers troubles respiratoires, incluant l’emphysème, la bronchite chronique et certaines formes d’asthme.
À l’échelle mondiale, environ 251 millions de personnes sont touchées par la MPOC, entraînant 3,17 millions de décès chaque année.
Aux États-Unis, environ 15,7 millions d’individus ont reçu un diagnostic de MPOC, mais le nombre réel de personnes vivant avec cette maladie pourrait être largement sous-estimé.
Bien qu’il n’existe pas de remède pour la MPOC, divers traitements peuvent soulager les symptômes et diminuer le risque de mortalité associé à cette pathologie.
Le traitement le plus fréquemment prescrit est la réhabilitation pulmonaire, un programme intégrant des techniques de respiration, des conseils nutritionnels et un entraînement physique adapté.
Le tai-chi peut-il remplacer la réhabilitation pulmonaire?
Cependant, pour bénéficier de la réhabilitation pulmonaire, les patients atteints de MPOC nécessitent l’intervention de professionnels qualifiés dans des installations adaptées, rendant souvent le traitement coûteux et difficile d’accès.
Le tai-chi, une pratique millénaire, offre de multiples avantages pour la santé. En plus d’améliorer l’équilibre et la flexibilité chez les personnes âgées, des études ont démontré que cette discipline pouvait contribuer à réduire la tension artérielle et à améliorer la santé cardiovasculaire.
Fort de ces constats, une équipe de chercheurs dirigée par le Prof. Yuan-Ming Luo, du Laboratoire d’État clé des maladies respiratoires à Guangzhou, en Chine, a émis l’hypothèse que cette pratique pourrait également avoir des effets positifs sur la santé respiratoire.
«Étant donné les bénéfices potentiels du tai-chi», explique le Dr Nan-Shan Zhong, co-auteur de l’étude, «nous avons supposé que les patients, sous traitement médicamenteux pour gérer leurs symptômes de MPOC, pourraient voir leur qualité de vie améliorée par rapport à un programme classique de réhabilitation pulmonaire.»
Comment les effets du tai-chi ont été testés
Pour tester cette hypothèse, le professeur Luo et ses collègues ont étudié les effets du tai-chi sur 120 participants chinois vivant avec la MPOC, qui n’avaient jamais utilisé de bronchodilatateurs.
À l’initiation du traitement par indacatérol – un médicament fréquemment prescrit pour la MPOC – les participants ont été répartis aléatoirement en groupes recevant soit une réhabilitation pulmonaire traditionnelle, soit des cours de tai-chi.
Les participants du groupe tai-chi ont appris le style Yang de 24 formes, s’adonnant à cette pratique pendant 5 heures par semaine sur une durée de 12 semaines.
À l’issue de cette période, les participants ont eu la possibilité de continuer la pratique pendant 12 semaines supplémentaires, et une évaluation finale a été réalisée 12 semaines après la fin de la formation officielle.
Les chercheurs ont mesuré les résultats des deux interventions à l’aide du Questionnaire Respiratoire de Saint George (SGRQ), un outil standard pour évaluer la santé des personnes souffrant de maladies respiratoires.
Une «alternative viable» au traitement standard
Le professeur Luo résume ces résultats en affirmant que «le tai-chi constitue un substitut approprié à la réhabilitation pulmonaire».
«Bien qu’aucune approche d’entraînement», poursuit-il, «ne diffère de l’autre de manière significative sur l’échelle SGRQ, des améliorations favorables au tai-chi ont été observées après 12 semaines supplémentaires d’évaluation, post-formation.»
«Nous concluons que le tai-chi est équivalent à la réhabilitation pulmonaire et peut offrir des bénéfices plus durables.»
Prof. Yuan-Ming Luo
Le premier auteur, Michael I. Polkey, chercheur sur les maladies respiratoires à l’Institut national de recherche en santé de Leicester, au Royaume-Uni, commente également les résultats.
«Cette étude», indique-t-il, «démontre qu’une intervention à faible coût peut rivaliser avec la réhabilitation pulmonaire formelle, ce qui permettrait de traiter un plus grand nombre de patients.»
«L’activité physique est essentielle pour atténuer les symptômes de la MPOC», ajoute Polkey. «Nous recommandons la réhabilitation pulmonaire, mais notre étude révèle que le tai-chi représente une alternative viable en l’absence de services de réhabilitation locaux.»
«Nous encourageons», conclut-il, «les prestataires de services de réhabilitation pulmonaire à envisager d’intégrer le tai-chi comme option thérapeutique, permettant ainsi aux patients de continuer leur pratique à domicile.»
Nouveaux éclairages sur le tai-chi et la MPOC en 2024
En 2024, la recherche sur le tai-chi continue de s’intensifier, avec plusieurs études récentes soulignant son efficacité non seulement chez les patients atteints de MPOC, mais aussi dans d’autres maladies respiratoires. Des essais cliniques ont montré que le tai-chi peut améliorer la capacité pulmonaire et la qualité de vie des patients, grâce à des mécanismes comme la réduction du stress et l’amélioration de la fonction musculaire.
D’autres données révèlent que l’intégration de techniques de relaxation, telles que la méditation, avec la pratique du tai-chi, peut également renforcer les effets bénéfiques sur la santé mentale des patients, un aspect souvent négligé dans la prise en charge de la MPOC. Cette approche holistique pourrait bien transformer notre manière de traiter cette pathologie.
En conclusion, alors que le tai-chi émerge comme une alternative viable, il est essentiel de poursuivre les recherches pour établir des recommandations claires et intégrées pour sa mise en œuvre dans les programmes de réhabilitation pulmonaire. Le futur semble prometteur pour cette pratique millénaire, qui pourrait offrir aux patients de nouvelles avenues pour améliorer leur santé respiratoire.