DaTscan : Prédire la Progression de la Maladie de Parkinson

Le DaTscan, un scanner cérébral dopaminergique de type spécial, pourrait bien révolutionner la manière dont les médecins prédisent la progression de la maladie de Parkinson chez les patients récemment diagnostiqués. Des chercheurs de l’université de Rochester ont rapporté ces découvertes dans la revue Movement Disorders.

Les auteurs de l’étude ont souligné que cette analyse cérébrale est essentielle pour identifier quels patients souffrant de la maladie de Parkinson sont à risque de développer des formes graves de la maladie. Cela permet aux médecins de mieux gérer et traiter les symptômes de leurs patients.

Actuellement, certains spécialistes utilisent déjà le DaTscan pour confirmer un diagnostic de maladie de Parkinson après un examen physique approfondi. Toutefois, il est important de noter que le DaTscan a ses limites. Il peut indiquer la présence d’un parkinsonisme, mais il ne permet pas de distinguer entre les nombreux troubles similaires, la maladie de Parkinson classique étant l’un d’eux.

Depuis son lancement en juin 2011 par GE Healthcare, le DaTscan ™ (Ioflupane I 123 Injection) a suscité un intérêt croissant dans le cadre du diagnostic de cette maladie.

Lors de l’examen avec le DaTscan, le patient reçoit une petite quantité d’un agent de contraste radioactif, qui se lie aux transporteurs de dopamine dans le cerveau. Un scanner est ensuite utilisé pour mesurer la quantité de cet agent de contraste dans le cerveau et sa distribution. Les patients atteints de la maladie de Parkinson présentent généralement une diminution des neurones contenant des transporteurs de dopamine, ce qui se traduit par des niveaux plus faibles de l’agent radioactif dans leurs analyses cérébrales, par rapport aux individus en bonne santé.

Bernard Ravina, M.D., M.S.C.E., et son équipe ont entrepris d’explorer si le DaTscan pouvait être utilisé pour prédire la progression à long terme de la maladie de Parkinson. Ils ont examiné les images DaTscan de 491 individus nouvellement diagnostiqués, qui n’avaient pas encore commencé à prendre de médicaments standards pour traiter la maladie. Tous les patients faisaient partie d’une étude longitudinale et biomarqueurs sur la maladie de Parkinson (LABS-PD), un essai clinique partiellement financé par la Parkinson’s Disease Foundation.

Cette étude LABS-PD, qui s’est déroulée sur le long terme, a permis à l’équipe de comparer les résultats des scans DaTscan des participants, effectués juste après le diagnostic et 22 mois plus tard, avec des informations tirées de leurs évaluations de santé annuelles.

Les chercheurs ont cherché à établir des corrélations entre les résultats initiaux du scanner cérébral des patients et la gravité de leurs symptômes moteurs et non moteurs cinq ans et demi plus tard.

Voici quelques points saillants de leurs découvertes :

  • Les scintigraphies cérébrales affichant des niveaux plus faibles de transporteurs de dopamine chez les patients nouvellement diagnostiqués présentaient des symptômes plus sévères à la fin de la période de 5,5 ans. Ces patients souffraient de :
    • – handicap moteur
    • – instabilité posturale
    • – déficience cognitive
    • – psychose (hallucinations, par exemple)
    • – dépression
  • Les individus avec les niveaux les plus bas de transporteurs de dopamine avaient trois fois plus de risques de souffrir de déficience cognitive. Leur risque de développer une psychose était 12,9 fois plus élevé que celui des patients ayant les niveaux de dopamine les plus élevés.
  • Les patients montrant les plus fortes baisses de taux de dopamine entre leur première et leur deuxième scan avaient des résultats moteurs, comportementaux et cognitifs moins favorables cinq ans et demi plus tard, comparés aux patients ayant subi les plus faibles réductions. Les chercheurs ont noté que la seconde analyse n’était pas aussi précise pour prédire la gravité des symptômes que la première.

Comment la prédiction de la gravité de la maladie de Parkinson aide-t-elle les médecins et les patients ?

La maladie de Parkinson est, par nature, progressive. Les symptômes des patients s’aggravent avec le temps, mais certains développent des symptômes plus débilitants beaucoup plus rapidement que d’autres. Actuellement, les médecins éprouvent des difficultés à prédire l’évolution clinique d’un patient particulier ou à établir un pronostic lors d’un nouveau diagnostic.

Avoir la capacité de faire des prédictions basées sur les données de l’examen initial permet aux médecins d’anticiper et de traiter les symptômes graves dès le début, notamment ceux liés à la déficience cognitive, à la psychose et aux chutes.

De plus, si les médecins peuvent anticiper le cours probable d’une maladie, ils peuvent concevoir des essais cliniques plus informatifs. Les volontaires pourraient être regroupés selon leur progression prévue de la maladie, ce qui rendrait les résultats de recherche beaucoup plus pertinents.

Des études antérieures avaient tenté de déterminer si le DaTscan pouvait être utilisé pour le diagnostic de la maladie de Parkinson. Cette étude fournit les preuves les plus convaincantes jusqu’à présent que ce type de scintigraphie cérébrale peut être utilisé pour prédire la progression de la maladie de Parkinson, tant sur le plan moteur que non moteur à long terme.

Dr Ravina a précisé que ces résultats doivent être confirmés par d’autres études, car le DaTscan n’est pas toujours un prédicteur fiable de la maladie de Parkinson et doit être interprété en corrélation avec l’examen neurologique. Il a ajouté que « même si ces résultats sont fondés, il est crucial de se rappeler que les prédictions ne sont que des prévisions, pas des certitudes ». Bien que les résultats du DaTscan puissent indiquer un risque accru de maladie de Parkinson sévère, l’individu pourrait ne jamais souffrir de ces conséquences redoutées.

Écrit par Christian Nordqvist

Nouvelles Perspectives de Recherche en 2024

Les avancées récentes dans la recherche sur la maladie de Parkinson continuent de bouleverser notre compréhension de cette pathologie complexe. De nouvelles études ont mis en lumière des biomarqueurs spécifiques qui pourraient être détectés plus tôt dans le processus pathologique, permettant ainsi une intervention précoce. Par exemple, des recherches récentes ont identifié des variations génétiques associées à une progression plus rapide de la maladie, offrant des outils potentiels pour le dépistage.

En outre, des essais cliniques en cours évaluent l’efficacité de traitements neuroprotecteurs qui pourraient ralentir la progression de la maladie. Ces traitements, lorsqu’ils sont combinés avec des approches personnalisées basées sur les résultats du DaTscan, pourraient transformer la manière dont nous abordons le traitement de la maladie de Parkinson. Les résultats prometteurs de ces études soulignent l’importance cruciale d’une approche multidisciplinaire dans la gestion de cette maladie, impliquant neurologues, psychiatres et autres spécialistes.

En somme, les progrès dans le domaine de la recherche sur la maladie de Parkinson sont encourageants et ouvrent la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques qui pourraient améliorer significativement la qualité de vie des patients.

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