Nouvelle Cible Thérapeutique Moins Toxique Pour Le Cancer Colorectal

Une équipe de chercheurs du Francis Crick Institute de Londres, au Royaume-Uni, a entrepris d’explorer de nouvelles options thérapeutiques pour le traitement du cancer colorectal. Leur recherche a mis en lumière une cible médicamenteuse qui promet de présenter une toxicité réduite par rapport aux traitements actuels.

Femme avec un modèle de cancer colorectal, symbolisant la recherche sur de nouvelles thérapies.

Aux États-Unis, le cancer colorectal devrait toucher environ 135 430 personnes cette année, selon les données de l’American Cancer Society (ACS). Le risque est significatif, atteignant environ 1 homme sur 21 et 1 femme sur 23, d’après les estimations de l’ACS.

Les traitements actuels contre cette maladie incluent des options locales comme la chirurgie, la radiothérapie ou l’ablation, ainsi que des traitements systémiques, tels que la chimiothérapie, l’immunothérapie et certaines formes de thérapies ciblées.

Cependant, comme l’explique Vivian Li, l’investigatrice principale de cette étude, « le traitement actuel du cancer colorectal reste majoritairement standardisé, alors que la thérapie ciblée pourrait véritablement enrichir le domaine de la médecine personnalisée à l’avenir ».

Cette recherche innovante met en évidence une protéine prometteuse en tant que cible thérapeutique pour le cancer colorectal, précise Li, qui est également responsable de groupe à l’Institut Francis Crick.

Laura Novellasdemunt, chercheuse à l’Institut Francis Crick, est la première auteure de l’article, dont les résultats ont été publiés dans une revue scientifique de premier plan.

Étude des Gènes APC et de la Signalisation Wnt

Comme l’indiquent les auteurs, le cancer colorectal est souvent associé à des mutations dans le gène APC. En effet, sous sa forme normale, ce gène est responsable de la synthèse de la protéine APC, qui joue un rôle crucial en tant que suppresseur de tumeur.

La protéine APC empêche les cellules de se développer de manière anarchique, limitant ainsi la propagation du cancer. Néanmoins, une forme mutée de ce gène est liée à plusieurs types de cancers, y compris le cancer colorectal. Une étude a révélé que cette mutation augmente de 10 à 20 % le risque de développer un cancer du côlon.

Les mutations dans le gène APC semblent également rendre la voie de signalisation cellulaire, connue sous le nom de voie Wnt, hyperactive.

Novellasdemunt et ses collègues expliquent que la voie Wnt est essentielle au maintien de l’homéostasie tissulaire adulte, c’est-à-dire à l’équilibre entre la prolifération et la mort cellulaire dans les tissus.

De ce fait, la plupart des traitements ciblant la signalisation Wnt se révèlent toxiques pour divers tissus sains du corps.

« La modulation de la signalisation Wnt entraîne inévitablement des effets indésirables sur le développement des tissus normaux dépendant de Wnt, comme ceux dans l’intestin, ce qui limite l’efficacité anti-tumorale des traitements », écrivent les auteurs.

Une Nouvelle Cible Médicamenteuse Pour Une Meilleure Thérapie

Néanmoins, en utilisant l’outil d’édition génomique CRISPR, les chercheurs ont pu éliminer le gène APC à différents stades et identifier certains variants génétiques qui activent la voie Wnt à des niveaux pathologiques.

Les variants génétiques identifiés codent pour une protéine nommée USP7. Grâce à l’édition génique et à des traitements spécifiques, les chercheurs ont pu réduire les niveaux de cette protéine.

L’appauvrissement de la protéine USP7 a conduit à une diminution de la signalisation Wnt dans les cellules cancéreuses, entraînant un retard de la croissance tumorale chez les souris. Fait intéressant, les interventions ciblées n’affectaient que les cellules tumorales, sans perturber la signalisation dans les cellules saines.

« [Le] rôle d’activation de Wnt de la protéine USP7 est spécifique aux mutations de l’APC, ce qui en fait une cible thérapeutique potentielle pour la plupart des cancers colorectaux », affirment les auteurs.

« Il est grand temps de développer des médicaments plus efficaces et moins toxiques pour traiter le cancer colorectal […] Nous avons identifié une nouvelle cible médicamenteuse qui pourrait servir de fondation à des thérapies améliorées pour les patients dans un avenir proche », conclut Laura Novellasdemunt.

Les chercheurs envisagent maintenant d’étudier si la suppression du gène codant pour la protéine USP7 pourrait complètement inhiber le développement du cancer colorectal chez les modèles murins.

Recherches Récentes et Perspectives d’Avenir

En 2024, il est crucial de rester au fait des avancées dans la recherche sur le cancer colorectal, notamment en ce qui concerne les traitements ciblés et les thérapies personnalisées. Des études récentes montrent que l’intégration des données génomiques dans les approches thérapeutiques pourrait améliorer les résultats des patients. Par exemple, une étude récente a révélé que l’utilisation combinée de thérapies ciblées et d’immunothérapies pourrait augmenter les taux de réponse chez des patients présentant des mutations spécifiques du gène APC.

De plus, des essais cliniques sont en cours pour évaluer l’efficacité des nouvelles molécules ciblant directement la voie Wnt, offrant ainsi des espoirs pour des traitements moins toxiques et plus efficaces. Ces avancées ouvrent la voie à une médecine de précision qui pourrait transformer la prise en charge du cancer colorectal.

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