La carnitine est présente dans presque toutes les cellules du corps et joue un rôle crucial dans la production d’énergie. En effet, elle est responsable du transport des acides gras vers les mitochondries, ces petites centrales énergétiques qui se trouvent à l’intérieur de chaque cellule et qui produisent l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de notre organisme.
Le corps humain synthétise la carnitine à partir des acides aminés lysine et méthionine. Son nom provient du mot latin pour la viande, car elle a été initialement isolée de celle-ci.
Il existe des preuves à l’appui de l’utilisation de la carnitine en médecine. Ce supplément est devenu populaire parmi les athlètes, mais davantage de recherches sont nécessaires pour confirmer son efficacité dans l’amélioration des performances sportives.
Qu’est-ce que c’est ?
La carnitine remplit deux fonctions essentielles.
D’une part, elle transporte les acides gras à longue chaîne dans les mitochondries, où ils sont oxydés pour produire de l’énergie. D’autre part, elle permet d’éliminer les déchets et les composés toxiques des mitochondries, prévenant ainsi l’accumulation de substances indésirables.
Les muscles squelettiques et cardiaques, qui utilisent des acides gras comme principal carburant, présentent des concentrations élevées de carnitine. Il existe trois formes distinctes de carnitine :
- L-carnitine
- acétyl-L-carnitine
- propionyl-L-carnitine
Exigences
En général, le foie et les reins produisent suffisamment de carnitine pour répondre aux besoins du corps humain, rendant les compléments alimentaires souvent superflus. Il n’existe pas de dose quotidienne recommandée.
Cependant, certaines raisons génétiques ou médicales peuvent amener certaines personnes à en produire insuffisamment.
Une carence primaire en carnitine peut survenir lorsque la protéine responsable de son introduction dans les cellules subit une mutation génétique, entraînant des difficultés dans le métabolisme des aliments.
Cette condition rare peut provoquer :
- une faible carnitine plasmatique
- une cardiomyopathie progressive, ou maladie du muscle cardiaque
- une myopathie squelettique
- une hypoglycémie
- une hypoammoniémie
- une faiblesse musculaire au niveau des hanches, des épaules, des bras, des jambes, du cou et des muscles de la mâchoire
Si elle n’est pas traitée, cette condition peut être fatale, avec des symptômes qui s’aggravent généralement de l’enfance à l’âge adulte. Le traitement consiste souvent en la prescription de doses pharmacologiques de carnitine pour corriger les problèmes de cardiomyopathie et de faiblesse musculaire.
Dans les cas où une carence secondaire en carnitine est liée à d’autres maladies métaboliques, telles que le cancer ou le vieillissement, il peut être nécessaire d’envisager des suppléments alimentaires ou des aliments enrichis.
Sources alimentaires
Les principales sources de carnitine sont d’origine animale, notamment dans les produits laitiers, la volaille et la viande. La viande rouge est particulièrement riche en carnitine.
Les aliments contenant le plus de carnitine comprennent :
- Bifteck de boeuf, cuit, 4 onces : 56 à 162 milligrammes (mg)
- Lait, 1 tasse : 8 mg
- Poitrine de poulet, cuite, 4 onces : 3 à 5 mg
- Fromage cheddar, 2 onces : 2 mg
Les sources non animales, bien que moins riches, incluent le pain de blé entier et les asperges.
En moyenne, les adultes ayant un régime alimentaire riche en viande rouge consomment entre 60 et 180 mg de carnitine par jour, tandis qu’un régime végétalien n’apporte généralement que 10 à 12 mg par jour.
Des études montrent que le corps absorbe entre 54 et 86 % de la carnitine lorsqu’elle provient des aliments, mais seulement 14 à 18 % lorsqu’elle est prise sous forme de supplément.
En tant que thérapie
La carnitine est souvent vantée pour ses propriétés thérapeutiques potentielles dans le traitement de diverses affections et maladies.
En tant qu’antioxydant, elle combat les radicaux libres, responsables de dommages cellulaires importants.
Parmi les conditions de santé pour lesquelles la carnitine pourrait être bénéfique, on trouve l’insuffisance cardiaque, les crises cardiaques, l’angine et la neuropathie diabétique.
Une revue récente a révélé que l’acétyl-L-carnitine (ALC) peut réduire modérément la douleur, bien que les preuves restent contradictoires et que des recherches supplémentaires soient nécessaires.
Une étude a démontré que l’ALC est aussi efficace que la méthylcobalamine (MC), un traitement conventionnel, dans le cas de la neuropathie périphérique diabétique.
Cependant, une autre étude impliquant 19 patients n’a pas trouvé de modification significative de la fréquence ou de la gravité de la maladie.
Angine et problèmes cardiaques
Des études antérieures ont suggéré que la carnitine pourrait atténuer les symptômes de l’angine de poitrine lorsqu’elle est utilisée en complément d’un traitement conventionnel.
En 2013, une méta-analyse a établi un lien entre la L-carnitine et une réduction de 27 % de la mortalité toutes causes confondues, avec une diminution de 65 % des arythmies ventriculaires et de 40 % des cas d’angine. Toutefois, il n’a pas été observé d’impact sur le développement de l’insuffisance cardiaque ou des infarctus du myocarde.
Selon le Dr Stephen M. Black, physiologiste au Vascular Biology Center de l’Université Georgia Regents, la carnitine pourrait également normaliser les dysfonctionnements vasculaires associés aux malformations cardiaques congénitales.
Fatigue et symptômes des maladies chroniques
De nombreuses maladies chroniques entraînent une altération de la fonction mitochondriale, souvent à l’origine de la fatigue et d’autres symptômes.
Une recherche récemment publiée suggère que des combinaisons de suppléments, dont la carnitine, pourraient améliorer la fonction mitochondriale.
Les chercheurs ont conclu que : « Ces combinaisons de suppléments peuvent réduire significativement la fatigue et d’autres symptômes associés aux maladies chroniques, tout en restaurer naturellement la fonction mitochondriale, même chez les patients souffrant de fatigue réfractaire à long terme. »
Ils estiment que la carnitine pourrait atténuer la fatigue chez les patients atteints de maladies chroniques.
La claudication intermittente
Des résultats publiés ont examiné l’efficacité et la tolérance de la propionyl-L-carnitine (PLC) chez des patients souffrant de claudication intermittente, une condition causant des douleurs lors de la marche à cause d’une mauvaise circulation sanguine.
Cette condition affecte généralement les vaisseaux sanguins des jambes, mais peut également toucher les bras. Les douleurs se manifestent dans les pieds, les mollets, les cuisses, les hanches ou les fesses, en fonction de l’emplacement de l’artère rétrécie.
Les résultats ont montré que les patients atteints de maladie artérielle périphérique pouvaient marcher plus longtemps et plus confortablement après avoir utilisé la PLC.
La maladie d’Alzheimer
Une étude a conclu que l’acétyl-L-carnitine pourrait être bénéfique pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les participants ayant pris ce supplément ont présenté une diminution moins prononcée de leurs scores au Mini-Mental Status et à l’échelle d’évaluation de la maladie d’Alzheimer par rapport au groupe placebo.
Dysfonction sexuelle
La propionyl-L-carnitine et l’acétyl-L-carnitine ont montré une amélioration de l’efficacité du sildénafil, connu sous le nom de Viagra, dans la restauration de la fonction sexuelle.
Des études sur des hommes souffrant d’infertilité ont suggéré qu’une prise de 2 à 3 grammes par jour pendant 3 à 4 mois pouvait améliorer la qualité du sperme, tandis que 2 grammes pendant 2 mois pouvaient augmenter la motilité des spermatozoïdes. Toutefois, d’autres études n’ont pas corroboré ces résultats.
VIH ou SIDA
Les suppléments de carnitine pourraient contribuer à inverser la chute des cellules immunitaires chez les personnes vivant avec le VIH ou le SIDA. Une baisse des niveaux de carnitine peut résulter du traitement de ces maladies, mais d’autres recherches sont nécessaires pour valider ces conclusions.
Selon l’Université du Maryland Medical Center, certains prennent de la carnitine pour la perte de poids, la maladie de Peyronie, des problèmes rénaux ou l’hyperthyroïdie, mais il n’existe pas suffisamment de preuves scientifiques pour soutenir ces usages.
Traiter une affection grave uniquement avec un supplément peut s’avérer dangereux. Toute personne présentant des symptômes ou un diagnostic d’une maladie grave devrait consulter un professionnel de santé qualifié.
Pour la performance athlétique
De nombreux athlètes et amateurs de gym consomment de la carnitine, disponible en vente libre comme complément sportif ou santé.
On suppose que la supplémentation en carnitine améliore la performance lors d’exercices physiques chez les athlètes en bonne santé grâce à divers mécanismes d’action.
Les partisans de la carnitine affirment qu’elle :
- altère l’homéostasie du glucose
- améliore la production d’acylcarnitine
- modifie la réaction du corps à l’effort
- augmente la résistance à la fatigue musculaire
- améliore la tolérance à l’effort
- augmente la force musculaire respiratoire
Une étude récente, publiée en 2016, a suggéré que la carnitine pourrait réduire le stress oxydatif pendant l’exercice.
Les chercheurs ayant administré de la L-carnitine à des patients âgés atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) tout en réalisant des tests d’effort ont observé une amélioration de leur capacité d’exercice.
Ils ont conclu que la L-carnitine « semblait être sûre, bien tolérée et avait un impact positif sur la capacité d’effort et la force des muscles respiratoires chez les patients atteints de MPOC ».
Les National Institutes of Health (NIH) notent que parmi les athlètes prenant entre 2 et 6 milligrammes par jour pendant 1 à 28 jours, il n’y a « aucune preuve cohérente » des bénéfices.
Selon le NIH, « les suppléments ne semblent pas augmenter l’utilisation de l’oxygène par le corps ni améliorer l’état métabolique pendant l’exercice, ni nécessairement accroître la quantité de carnitine dans les muscles. »
Des risques
Bien que les NIH considèrent que la carnitine est « généralement sûre et bien tolérée » en tant que thérapie, les suppléments de carnitine peuvent provoquer des effets indésirables.
Un apport de 3 grammes de carnitine par jour peut entraîner :
- des nausées
- des vomissements
- des crampes abdominales et des diarrhées
- une odeur corporelle de type « poisson »
D’autres sources suggèrent qu’une augmentation de l’appétit et des éruptions cutanées peuvent également survenir.
Parmi les effets secondaires plus rares, on trouve :
- une faiblesse musculaire chez les patients urémiques
- des crises chez ceux ayant des antécédents épileptiques
Il est particulièrement important d’informer son médecin avant de prendre de la carnitine si l’on souffre de :
- diabète
- maladie rénale
- hypertension
- cirrhose
La carnitine peut interagir avec le phénobarbital, l’acide valproïque, la phénytoïne, la carbamazépine et certains antibiotiques, mais il n’y a aucune preuve suggérant que cela entraîne une carence.
L’Institut Linus Pauling recommande que toute personne décidant de prendre des suppléments de carnitine envisage l’acétyl-L-carnitine à des doses de 500 mg à 1000 mg par jour.
Avant de commencer tout supplément, il est toujours conseillé de consulter un médecin.
Recherche récente et perspectives d’avenir
Les recherches sur la carnitine continuent d’évoluer. De nouvelles études mettent en lumière son potentiel dans le traitement de maladies métaboliques et cardiaques, ainsi que dans l’amélioration de la performance physique. En 2024, des études cliniques se concentrent sur ses effets dans des contextes variés, comme la récupération après l’exercice et la gestion du poids.
Des résultats préliminaires suggèrent également que la carnitine pourrait jouer un rôle dans la gestion de certaines maladies neurologiques, élargissant ainsi son spectre d’application. Par ailleurs, il est essentiel de continuer à explorer les interactions potentielles entre la carnitine et d’autres traitements médicaux, car cela pourrait optimiser son utilisation thérapeutique.