Identification des Gènes Responsables de la Dystrophie Musculaire

La cause d’une maladie musculaire incurable – la dystrophie musculaire d’Emery-Dreifuss – a été identifiée pour la première fois, selon les scientifiques.

Des scientifiques analysent des données sur la dystrophie musculaire

La dystrophie musculaire d’Emery-Dreifuss (EDMD) est une maladie héréditaire qui provoque une atrophie musculaire et un raidissement des articulations. Les symptômes commencent dès la petite enfance et s’aggravent au point que les patients ont une mobilité considérablement réduite plus tard dans la vie.

Au moment où les patients EDMD atteignent l’âge adulte, ils développent également des problèmes cardiaques qui les exposent à un risque élevé de crise cardiaque, nécessitant parfois l’insertion d’un stimulateur cardiaque.

Les chercheurs à l’origine de la nouvelle étude, publiée récemment, affirment que chez certains patients, l’EDMD est causée par des mutations de gènes responsables de la production d’un « échafaudage » pour le noyau de chaque cellule.

Cependant, chez environ la moitié de tous les patients souffrant d’EDMD, aucune mutation n’a été identifiée dans les gènes connus jusqu’à présent.

Le Dr Sue Shackleton, le chercheur principal de cette étude et maître de conférences en biochimie à l’Université de Leicester au Royaume-Uni, décrit comment son équipe a identifié deux nouveaux gènes – SUN1 et SUN2 – qui sont responsables de l’EDMD chez certains de ces patients.

Comment les mutations nouvellement identifiées contribuent-elles à l’EDMD ?

Les mutations génétiques qui avaient déjà été identifiées compromettent l’intégrité de l’échafaudage du noyau. Tout comme ces mutations, SUN1 et SUN2 produisent également des protéines qui font partie de cette structure essentielle.

Les versions mutées de SUN1 et SUN2 interfèrent avec les connexions entre le noyau et le reste de la cellule, entraînant un positionnement anormal des noyaux dans les cellules musculaires.

« Les noyaux sont normalement ancrés à la périphérie des cellules musculaires », explique Shackleton, « probablement pour qu’ils n’entravent pas les structures principales de la cellule impliquées dans la contraction musculaire ».

Elle ajoute que ce positionnement incorrect pourrait causer des dommages aux noyaux et également entraver la contraction musculaire, ce qui conduit à l’atrophie musculaire et à la faiblesse. « Nous croyons donc que le positionnement incorrect des noyaux musculaires peut contribuer à causer les symptômes de l’EDMD », précise-t-elle.

Les résultats, selon Shackleton, « offrent la possibilité d’une nouvelle cible de médicament pour le traitement de cette maladie à l’avenir. » Cependant, elle souligne que d’autres recherches sont nécessaires pour étudier le mécanisme de la maladie et accroître la compréhension du positionnement des noyaux dans les cellules musculaires en bonne santé.

Dans un commentaire, la Dre Marita Pohlschmidt, directrice de la recherche à la campagne sur la dystrophie musculaire, se réjouit des résultats de l’étude, qu’elle décrit comme « encourageants ».

« À l’avenir, cela permettra à un plus grand nombre de personnes d’avoir un diagnostic génétique précis, explique le Dr Pohlschmidt, pour les aider à comprendre le risque de le transmettre à leurs enfants et de faire des choix éclairés en matière de planification familiale.

« Un diagnostic génétique précis », ajoute-t-elle, « signifie également que les patients recevront des informations plus précises sur le pronostic de la maladie. Une meilleure compréhension de la condition est cruciale pour le développement de traitements pour cette maladie complexe et dévastatrice. »

En mars de cette année, de nouveaux chercheurs basés à la Graduate School Weill Cornell des sciences médicales et à l’Institut Sloan Kettering du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center ont étudié comment les cellules musculaires squelettiques avec des noyaux inégalement espacés sont impliquées dans l’EDMD.

Dans les muscles embryonnaires et des larves de la mouche des fruits, les scientifiques ont observé une mutation du gène pilote Sunday (ou « Syd »), ce qui a entraîné la caractéristique de noyaux espacés de façon inégale, typiques de l’EDMD. Les mouches avec ces noyaux anormalement positionnés se sont révélées être des crawlers faibles, imitant l’état de la maladie chez les humains.

Perspectives de recherche et nouvelles pistes de traitement

Les récentes avancées dans la compréhension de l’EDMD ouvrent des portes prometteuses pour le développement de traitements ciblés. En 2024, les chercheurs s’intéressent de plus en plus à la thérapie génique, qui pourrait potentiellement corriger les mutations responsables de cette maladie dévastatrice. Des études préliminaires montrent que la thérapie génique pourrait restaurer la fonction des gènes SUN1 et SUN2, permettant ainsi de restaurer une fonction musculaire normale.

Les données récentes indiquent également que des traitements basés sur des agents pharmacologiques pourraient stabiliser les protéines mutées, améliorant ainsi le fonctionnement cellulaire et réduisant les symptômes. Ces approches novatrices pourraient transformer le parcours de vie des patients atteints d’EDMD.

En conclusion, les découvertes récentes dans la recherche sur l’EDMD soulignent l’importance de l’approfondissement de la compréhension des mécanismes sous-jacents de cette maladie. Avec des efforts continus et des avancées technologiques, il est possible que nous assistions à des progrès significatifs dans la prise en charge de cette affection complexe dans un futur proche.

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