La polyneuropathie se caractérise par des lésions touchant plusieurs nerfs périphériques, un phénomène souvent désigné sous le terme de neuropathie périphérique.
Les nerfs périphériques, situés en dehors du cerveau et de la moelle épinière, jouent un rôle crucial en relayant l’information entre le système nerveux central (SNC) et toutes les autres parties du corps. Pour mieux comprendre, il est essentiel de se rappeler que le cerveau et la moelle épinière constituent le centre névralgique de notre système nerveux.
Contrairement à la mononeuropathie, qui n’affecte qu’un seul nerf, la polyneuropathie touche simultanément plusieurs nerfs dans différentes zones du corps.
Elle peut impacter les nerfs responsables de la sensation (neuropathie sensorielle), du mouvement (neuropathie motrice), ou même les deux à la fois (neuropathie sensorimotrice).
De plus, la polyneuropathie peut aussi affecter les nerfs autonomes, qui régulent des fonctions vitales telles que la digestion, le contrôle de la vessie, la pression artérielle et la fréquence cardiaque.
Bien que l’on ne puisse pas déterminer avec précision le nombre de personnes touchées par la polyneuropathie, l’Institut national des troubles neurologiques et des maladies (NINDS) estime qu’environ 20 millions d’Américains souffrent d’une forme de neuropathie périphérique, dont la plupart sont affectés par la polyneuropathie.
Les types
On recense plus de 100 types de neuropathies périphériques, dont la majorité sont des polyneuropathies.
Chaque type est classé selon le type de lésion nerveuse, la cause sous-jacente et les symptômes observés.
Prenons par exemple la neuropathie diabétique, qui se manifeste chez les personnes atteintes de diabète, tandis que la neuropathie idiopathique ne montre aucune cause identifiable.
On distingue principalement trois types de polyneuropathie :
- Neuropathie périphérique symétrique chronique : La majorité des polyneuropathies sont chroniques, se développant progressivement sur plusieurs mois.
- Mononeuropathie multiple : Des lésions touchent au moins deux zones nerveuses distinctes.
- Neuropathie périphérique symétrique aiguë : Bien que rare, elle est souvent causée par le syndrome de Guillain-Barré, une maladie potentiellement mortelle.
Certaines neuropathies peuvent mettre des années à se développer, tandis que d’autres peuvent devenir sévères en l’espace de quelques heures à quelques jours.
Causes et facteurs de risque
Diverses conditions médicales ainsi que d’autres facteurs peuvent donner naissance à une polyneuropathie, notamment :
- Diabète : Un facteur de risque majeur, surtout lorsque les taux de glycémie sont mal contrôlés. Une étude sur plus de 1 400 patients diabétiques de type 2 a révélé qu’un patient sur cinq souffrait de neuropathie diabétique.
- Abus d’alcool : L’alcool peut nuire aux tissus nerveux, et son abus est souvent lié à des carences nutritionnelles contribuant à la neuropathie.
- Conditions auto-immunes : Lorsque le système immunitaire attaque le corps, il peut endommager les nerfs. Des exemples incluent le syndrome de Sjögren, la maladie cœliaque et la polyarthrite rhumatoïde.
- Infections bactériennes ou virales : Certaines infections, comme la maladie de Lyme, le zona ou le VIH, peuvent engendrer une neuropathie.
- Troubles de la moelle osseuse : Des affections telles que des protéines anormales dans le sang ou certaines formes de cancers peuvent en être à l’origine.
- Exposition aux toxines : Une neuropathie toxique peut résulter de l’exposition à des produits chimiques comme l’arsenic ou le plomb.
- Troubles héréditaires : Certaines maladies, comme la maladie de Charcot-Marie-Tooth, sont des formes héréditaires de neuropathie.
- Hypothyroïdie : Bien que rare, une thyroïde sous-active peut provoquer une polyneuropathie.
- Maladie rénale : La neuropathie urémique affecte entre 20 et 50 % des patients atteints de maladie rénale, selon le Centre de neuropathie périphérique.
- Maladie du foie : Les études montrent que la neuropathie périphérique est fréquente chez les personnes atteintes de cirrhose.
- Médicaments : Certains traitements comme la chimiothérapie peuvent causer une neuropathie.
- Mauvaise nutrition : Les carences en vitamines B-1, B-6, B-12 et E sont critiques pour la santé nerveuse.
- Traumatismes physiques : Les mouvements répétitifs ou des blessures peuvent endommager les nerfs périphériques.
Il existe également des cas de polyneuropathie sans cause identifiable, désignés sous le nom de neuropathie idiopathique.
Symptômes
La polyneuropathie peut donner lieu à une variété de symptômes, qui varient selon les nerfs affectés.
Les symptômes liés aux lésions nerveuses sensorielles ou motrices peuvent inclure :
- picotements
- engourdissements
- sensations de fourmillements
- difficultés à utiliser les bras, les jambes, les mains ou les pieds
- augmentation de la douleur (brûlures, sensations de poignardement, douleurs lancinantes)
- problèmes de sommeil dus à des douleurs nocturnes
- incapacité à ressentir la douleur
- hypersensibilité au toucher
- incapacité à détecter les variations de température
- manque de coordination
- augmentation des chutes
- changements cutanés, capillaires ou des ongles
- ulcères aux pieds et aux jambes
- infections cutanées et des ongles
- faiblesse musculaire
- contractions musculaires
Les symptômes des lésions nerveuses autonomes peuvent comprendre :
- intolérance à la chaleur
- transpiration inhabituelle
- problèmes de vessie ou incontinence
- troubles digestifs
- vertiges
- anomalies de la pression artérielle ou du pouls
- difficultés à manger ou à avaler
- problèmes respiratoires
- incapacité à détecter les changements de température
- manque de coordination
D’autres conditions avec des symptômes similaires
Il est intéressant de noter que la fibromyalgie et la polyneuropathie présentent des symptômes similaires, bien que la cause de la fibromyalgie demeure inconnue.
Des similitudes existent également entre la sclérose en plaques et la neuropathie périphérique.
Conditions associées à la polyneuropathie
De nombreuses conditions peuvent être associées à la polyneuropathie, parmi lesquelles :
- amylose
- maladie cœliaque
- maladie de Charcot-Marie-Tooth
- diabète
- diphtérie
- syndrome de Guillain-Barré
- hépatite B
- hépatite C
- VIH/SIDA
- maladie rénale
- hypothyroïdie
- lèpre
- maladie du foie
- maladie de Lyme
- lymphome
- myélome ostéosclérotique
- anémie pernicieuse (carence en vitamine B12)
- radiculopathie
- polyarthrite rhumatoïde
- zona
- syndrome de Sjögren
Complications
Les complications fréquentes liées à la polyneuropathie incluent :
- Chutes et blessures : L’instabilité et la perte de coordination, couplées à une faiblesse musculaire, augmentent le risque de chutes.
- Brûlures et lésions cutanées : L’engourdissement et l’incapacité à ressentir la douleur peuvent entraîner des brûlures accidentelles et des coupures.
- Infections : Les blessures, surtout sur les jambes et les pieds, peuvent passer inaperçues, augmentant ainsi le risque d’infection.
Diagnostic
Le diagnostic repose sur un examen minutieux des antécédents médicaux, un examen physique et une évaluation neurologique. Selon les symptômes, des tests supplémentaires peuvent être requis.
Le médecin s’attardera sur tous les symptômes, les facteurs de style de vie et les antécédents familiaux.
Il vérifiera également les paramètres vitaux tels que le poids, le pouls, la tension artérielle et la température. Un examen des organes internes peut être effectué pour exclure d’autres causes.
Des analyses sanguines peuvent être prescrites pour évaluer la glycémie, la fonction thyroïdienne, l’état immunitaire, et détecter d’éventuelles carences nutritionnelles.
Certains tests simples peuvent évaluer les réflexes, la force musculaire, la sensibilité à la température, ainsi que d’autres sensations, ainsi que la coordination et la posture.
D’autres tests
Pour affiner le diagnostic de polyneuropathie, les examens suivants peuvent être envisagés :
- IRM ou tomodensitométrie : Ces imageries permettent de rechercher des anomalies telles que des tumeurs ou des hernies discales qui pourraient affecter la fonction nerveuse.
- Tests d’électrodiagnostic : Ces méthodes non invasives mesurent l’activité électrique dans les muscles et les nerfs pour détecter des lésions nerveuses.
- Biopsies : Le médecin peut prélever un petit échantillon d’un nerf ou de la peau pour analyser les anomalies nerveuses.
Traitement
Selon l’American Academy of Family Physicians, le traitement de la neuropathie périphérique doit aborder la maladie sous-jacente, corriger les carences nutritionnelles et soulager les symptômes.
Les options de traitement comprennent des médicaments, des thérapies médicales et des traitements alternatifs.
Médicaments
Il existe plusieurs médicaments destinés à traiter la neuropathie et à atténuer ses symptômes. Parmi eux :
- Médicaments pour traiter les conditions associées : Les maladies sous-jacentes causant la polyneuropathie doivent être prises en charge, comme l’insuline pour le diabète.
- Médicaments antidouleur : Les analgésiques en vente libre peuvent être utiles pour les douleurs légères à modérées, mais ne doivent pas être pris à long terme.
- Médicaments sur ordonnance : Certains antidépresseurs, comme les TCA (ex. : amitriptyline), ou les IRSN (ex. : duloxétine), peuvent être prescrits. Des injections de corticostéroïdes ou des médicaments antiépileptiques comme la gabapentine peuvent également être envisagés.
Thérapies médicales
Différentes procédures médicales peuvent être proposées, telles que :
- Stimulation nerveuse électrique transcutanée : Ce traitement utilise des électrodes pour envoyer un faible courant électrique à travers la peau, soulageant ainsi la douleur et la sensibilité.
- Échange plasmatique : Cette méthode consiste à retirer le sang, à en séparer les anticorps, puis à le réinjecter dans le corps, souvent bénéfique pour les troubles auto-immuns.
- Immunoglobulines : Administration de protéines agissant comme des anticorps pour renforcer le système immunitaire.
- Physiothérapie : Utile pour ceux souffrant de faiblesse musculaire ou de problèmes de coordination.
- Dispositifs d’assistance : Les orthèses, cannes, déambulateurs et fauteuils roulants peuvent aider à soulager la douleur et à soutenir les personnes touchées.
Si la neuropathie est causée par une compression nerveuse, une intervention chirurgicale peut être envisagée.
Des traitements alternatifs
Des approches alternatives, comme :
- acupuncture
- soins chiropratiques
- massage
- méditation
Bien qu’ils puissent apporter un certain soulagement, ces traitements n’ont pas été largement étudiés.
Prévention et perspectives
Prévenir la polyneuropathie implique de réduire les facteurs de risque et de bien gérer les conditions médicales préexistantes. Même si certains risques sont inévitables, des choix de vie éclairés peuvent aider à prévenir cette affection. Voici quelques recommandations :
- éviter l’alcool
- éviter les toxines, y compris la fumée de cigarette
- prévenir les traumatismes physiques dus à des mouvements répétitifs ou des positions inconfortables
- assurer un sommeil suffisant et pratiquer une activité physique régulière
- adopter une alimentation équilibrée riche en vitamines et minéraux
- envisager des suppléments de vitamine B-12 pour les végétaliens ou les végétariens
Gestion des conditions sous-jacentes
Prendre en charge les maladies sous-jacentes peut aider à prévenir l’apparition de la polyneuropathie. Les patients atteints de diabète et d’autres affections doivent suivre attentivement leur traitement et participer aux examens de contrôle.
Perspective
Les perspectives pour les personnes atteintes de polyneuropathie varient, en fonction de la cause sous-jacente et de l’étendue des lésions nerveuses.
Dans certains cas, le traitement de la condition sous-jacente peut entraîner des améliorations significatives. Pour d’autres, les dommages peuvent être permanents et les symptômes peuvent s’aggraver avec le temps.
Quand consulter un médecin
Si vous ressentez des symptômes tels que faiblesse, douleur ou picotements dans les mains ou les pieds, il est crucial de consulter rapidement un médecin.
Agir promptement en mettant en place un plan de traitement peut aider à gérer les symptômes et à prévenir d’éventuelles lésions nerveuses supplémentaires.