Les scientifiques ont récemment dérivé un composé des propres cellules immunitaires du corps et l’ont utilisé avec succès pour traiter le psoriasis chez la souris. La manière dont ce composé interagit avec le système immunitaire en fait un candidat prometteur pour le traitement d’autres troubles auto-immuns, tels que la polyarthrite rhumatoïde et la sclérose en plaques.
Le psoriasis est une maladie auto-immune où le système immunitaire ne reconnaît pas son propre tissu et commence à l’attaquer.
Ce processus accélère le cycle de croissance des cellules cutanées, entraînant une accumulation excessive à la surface de la peau.
Aux États-Unis, environ 6,7 millions d’adultes vivent avec cette maladie, pour laquelle il n’existe pas encore de traitement curatif.
Cependant, de nouvelles recherches apportent un souffle d’espoir, alors que des scientifiques de l’École de médecine de l’Université de Washington à St. Louis, MO, ont découvert une méthode innovante d’exploitation de l’immunité corporelle pour combattre le psoriasis.
Les chercheurs, dirigés par Maxim Artyomov, professeur adjoint de pathologie et d’immunologie, ont mis en évidence qu’un composé bloque une voie inflammatoire impliquée dans de nombreux autres troubles auto-immuns.
Les résultats ont été publiés dans un journal scientifique réputé.
Itaconate et le «côté obscur» de l’IL-17
Dans des recherches antérieures, une équipe dirigée par Artyomov a démontré que les macrophages, des cellules immunitaires inflammatoires, produisent de grandes quantités d’itaconate lorsqu’ils détectent des bactéries.
Étonnamment, l’itaconate possède un effet anti-inflammatoire lorsque ces macrophages sont activés.
Pour élucider les mécanismes derrière cette observation, ils ont traité les macrophages de souris et d’humains avec de l’itaconate de diméthyle, une version de l’itaconate qui pénètre plus facilement dans les cellules.
Ils ont découvert que l’itaconate de diméthyle inhibe une voie inflammatoire appelée IL-17. Cette voie est cruciale pour la défense de notre corps contre les pathogènes, mais son «côté obscur» favorise des destructions auto-immunes dans des conditions telles que la sclérose en plaques, le psoriasis et la polyarthrite rhumatoïde.
Dans ce contexte spécifique, le nouveau composé inhibait les cytokines IL-17 en réduisant une protéine appelée IkappaBzeta.
Des études antérieures ont suggéré que des variations génétiques d’IkappaBzeta peuvent accroître le risque de psoriasis, ce qui a conduit les chercheurs à émettre l’hypothèse que la réduction de cette protéine à l’aide de l’itaconate pourrait être bénéfique pour traiter le psoriasis.
Les pouvoirs cachés d’une petite molécule
Pour tester cette hypothèse, les scientifiques ont induit des symptômes de type psoriasis dans les oreilles de rongeurs. Ils ont ensuite traité les souris avec de l’itaconate de diméthyle quotidiennement pendant une semaine, tandis qu’un autre groupe de souris a reçu un placebo.
Au terme de la semaine, les souris ayant reçu le traitement présentaient des oreilles normales et saines, tandis que celles ayant reçu le placebo montraient des signes d’aggravation du psoriasis.
«Nous exploitons le pouvoir anti-inflammatoire de l’organisme et démontrons qu’il peut être bénéfique dans des situations réelles où votre propre système immunitaire vous nuit», explique Artyomov.
Lui et ses collègues ont déjà commencé à examiner l’effet de l’itaconate sur un modèle murin de sclérose en plaques.
« Depuis que nous avons lié l’itaconate à l’activation des cellules inflammatoires en 2016, cela nous a surpris », confie Artyomov. « Tout le monde pensait que s’il était produit par des cellules inflammatoires, il devrait combattre l’infection, mais c’est en réalité anti-inflammatoire. »
« Aujourd’hui, nous savons que les composés d’itaconate peuvent aider à lutter contre les maladies auto-immunes, en particulier le psoriasis et potentiellement la sclérose en plaques. Cette petite molécule se révèle d’une grande puissance. »
Maxim Artyomov
Nouvelles Perspectives de Traitement en 2024
En 2024, les avancées dans la recherche sur l’itaconate continuent d’évoluer rapidement. Des études récentes montrent que ce composé pourrait non seulement atténuer les symptômes du psoriasis, mais aussi influencer positivement le microbiome cutané, un facteur clé dans la gestion de cette maladie.
Des essais cliniques sont en cours pour évaluer l’efficacité de l’itaconate chez les patients humains. Les premiers résultats préliminaires indiquent une amélioration significative de la qualité de vie et une réduction des lésions cutanées chez ceux qui reçoivent ce traitement.
De plus, la recherche explore les synergies potentielles entre l’itaconate et d’autres traitements existants, ouvrant la voie à des thérapies combinées qui pourraient offrir un soulagement durable aux patients atteints de psoriasis.
Ces avancées permettent d’espérer un avenir où le psoriasis pourrait non seulement être géré de manière plus efficace, mais où une véritable guérison serait envisageable grâce à une compréhension approfondie des mécanismes immunitaires sous-jacents.