Les patients qui souffrent de douleurs intenses peuvent se voir prescrire des opioïdes. Cependant, ces analgésiques peuvent engendrer une constipation sévère chez certains individus. Cette situation peut entraîner l’arrêt du traitement par opioïdes, provoquant ainsi un retour de la douleur initiale.
C’est ici qu’intervient Relistor, également connu sous le nom de bromure de méthylnaltrexone, qui pourrait bien offrir une solution à ce problème.
Les opioïdes sont indéniablement efficaces pour soulager la douleur, mais leur impact sur le transit intestinal est une problématique majeure. Ils se lient aux récepteurs opioïdes présents dans le système nerveux central, mais également dans l’intestin, ce qui complique la situation.
Développement et utilisation
En 1978, une équipe de l’Université de Chicago a entrepris des recherches pour aider les patients incapables de prendre de la morphine en raison de la constipation insupportable qu’elle engendrait.
L’objectif était de développer un médicament capable de traiter la constipation sans altérer les propriétés analgésiques des opioïdes.
Il fallait cibler les récepteurs responsables du soulagement de la douleur tout en évitant les effets secondaires indésirables.
Le Dr Goldberg, chercheur principal, a constaté qu’il existait déjà des médicaments capables d’agir sur les récepteurs opioïdes du système digestif sans pénétrer dans le cerveau, comme le lopéramide.
L’équipe a donc commencé à tester divers composés en quête d’un médicament capable de soulager la constipation sans compromettre les effets analgésiques de la morphine.
Un composé prometteur, le N-méthyl-naltrexone (MNTX), développé par la société pharmaceutique allemande Boehringer Ingelheim, a émergé de ces recherches.
En 2005, après une série de tests concluants, deux entreprises pharmaceutiques ont convenu de collaborer pour le développement et la commercialisation du méthylnaltrexone.
Ce nouveau médicament est destiné à traiter les effets secondaires indésirables des opioïdes, notamment la constipation et l’iléus post-opératoire, une condition dans laquelle une partie de l’intestin est paralysée, empêchant le passage des aliments et des liquides. L’iléus post-opératoire peut survenir suite à une intervention chirurgicale abdominale.
Relistor a reçu l’approbation de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis en 2008 pour le traitement de la constipation induite par les opioïdes.
Comment Relistor fonctionne
Les opioïdes comme la morphine bloquent la douleur en inhibant les récepteurs dans le cerveau, mais ils ont également un effet anesthésiant sur le système digestif.
Cette inhibition au niveau digestif empêche les muscles de faire progresser les aliments non digérés et les selles.
Plus le transit alimentaire est lent, plus le côlon absorbe l’eau des matières, rendant les selles sèches et dures.
Parallèlement, des contractions se produisent dans l’intestin grêle, mais celles-ci ne font pas avancer la nourriture. De plus, la sécrétion digestive est réduite, ce qui diminue l’envie de déféquer, entraînant ainsi la constipation.
Relistor, ou bromure de méthylnaltrexone, agit en bloquant cette anesthésie dans les intestins. Il se lie aux récepteurs intestinaux, neutralisant ainsi l’effet des opioïdes, permettant ainsi aux muscles intestinaux de réagir normalement.
Il est important de noter que Relistor ne bloque pas les effets analgésiques des opioïdes. Ne traversant pas la barrière cérébrale, il ne nuit donc pas à la gestion de la douleur. Les effets de la morphine sur le cerveau continuent de faire leur effet.
Si le bromure de méthylnaltrexone franchit la barrière cérébrale, cela pourrait annuler les effets antidouleur de la morphine, et le patient ressentirait alors la douleur à nouveau.
Efficacité
Des études ont montré que 30 % des patients observent une défécation dans les 30 minutes suivant l’administration d’une dose de Relistor. De plus, 60 % des participants dans une étude ont réussi à déféquer dans les 4 heures suivant la première injection.
Une autre étude révèle qu’au moins 50 % des patients prenant du méthylnaltrexone expérimenteront un effet laxatif dans les 24 heures suivant les deux premières semaines d’utilisation. La douleur chez ces patients est restée sous contrôle, sans effets indésirables graves.
Des risques
Les effets secondaires fréquents de Relistor incluent des douleurs abdominales, des flatulences et des nausées. Certaines personnes peuvent également ressentir des étourdissements et une augmentation de la transpiration.
Une étude indique que les effets secondaires sont « improbables » et que moins de 1 % des patients souffrent de diarrhée suffisamment sévère pour nécessiter l’arrêt du traitement.
La douleur abdominale a été rapportée chez 17 à 30 % des personnes prenant le médicament, contre 10 à 13 % chez celles qui prenaient un placebo.
Relistor n’est pas recommandé pour les personnes souffrant d’un blocage gastro-intestinal.
Nouvelles Perspectives en 2024
Avec l’évolution des traitements et la prise de conscience croissante des effets secondaires des opioïdes, des recherches récentes se concentrent sur l’optimisation de l’utilisation de Relistor. Une étude récente a démontré que l’association de Relistor avec d’autres traitements pourrait améliorer encore plus l’efficacité du soulagement de la constipation. De plus, des essais cliniques en cours explorent le profil de sécurité à long terme de Relistor chez les patients chroniquement sous opioïdes.
Les données préliminaires suggèrent que l’utilisation prolongée de Relistor pourrait avoir des effets bénéfiques sur la qualité de vie des patients, en réduisant non seulement les symptômes de constipation, mais aussi en améliorant leur bien-être général. En parallèle, des chercheurs examinent également l’impact de Relistor sur les douleurs abdominales associées à la constipation induite par les opioïdes.
Avec l’accroissement des connaissances et des recherches en cours, il est prometteur de voir comment Relistor pourra être intégré dans une approche plus globale de la gestion de la douleur et des effets secondaires des opioïdes, offrant ainsi aux patients une meilleure qualité de vie.