Risque Accru de Démence Lié aux Baisses de Pression Artérielle

La démence touche des dizaines de millions de personnes aux États-Unis. Selon des recherches récentes, les individus qui éprouvent des baisses soudaines de pression artérielle au cours de leur vie pourraient être plus enclins à développer une forme de démence à un âge avancé.

Moniteur de pression artérielle affichant une baisse soudaine de la pression.

La maladie d’Alzheimer, forme la plus courante de démence, se classe actuellement comme la sixième cause de décès aux États-Unis. En fait, on estime qu’un aîné américain sur trois décède avec une forme de démence.

Des études récentes indiquent que les personnes d’âge moyen subissant une chute soudaine de leur tension artérielle (TA) présentent un risque accru de développer une démence et un déclin cognitif significatif en vieillissant.

Cette étude a été menée par des chercheurs de l’École de santé publique Johns Hopkins Bloomberg à Baltimore, MD, et les résultats ont été présentés lors des sessions scientifiques 2017 de l’American Heart Association sur l’épidémiologie et la prévention, à Portland, OR.

Une pression artérielle basse chronique peut provoquer des symptômes tels que des étourdissements, de la fatigue, des nausées, voire des évanouissements. Les baisses temporaires et rapides de pression artérielle, connues sous le nom d’«hypotension orthostatique» (OP), peuvent engendrer de graves conséquences en interrompant le flux sanguin essentiel pour le cerveau.

Des recherches antérieures avaient établi un lien entre l’OP et les troubles cognitifs chez les personnes âgées, mais la nouvelle étude de Johns Hopkins, dirigée par Andreea Rawlings, Ph.D., chercheuse postdoctorale au Département d’épidémiologie de l’École Bloomberg, est la première à examiner les corrélations à long terme entre ces deux éléments.

Les chercheurs ont analysé les données cliniques de l’étude sur le risque d’athérosclérose dans les communautés, qui avait recueilli des informations sur 15 792 participants âgés de 45 à 64 ans en 1987, lors de l’inscription.

Les Patients Atteints d’OP Sont 40% Plus Susceptibles d’Avoir la Démence

Dans cette nouvelle étude, Rawlings et son équipe ont isolé les données de 11 503 patients sans antécédents de maladies cardiaques, qui avaient consulté pour la première fois à l’hôpital. Les scientifiques ont mesuré la pression artérielle des patients après qu’ils se soient allongés pendant 20 minutes.

L’OP était définie par une chute rapide de 20 millimètres de mercure (mm Hg) ou plus dans la pression systolique, ou de 10 mm Hg ou plus dans la pression diastolique.

Environ 6% des participants, soit 703 personnes, remplissaient ces critères.

L’équipe a suivi cliniquement les participants pendant plus de deux décennies.

Ils ont découvert que les individus ayant présenté de l’OP lors de leur première visite avaient un risque plus élevé de développer une démence par rapport à ceux n’en souffrant pas. De plus, les patients atteints d’OP ont montré un déclin cognitif supérieur de 15 %.

«Même si ces épisodes sont passagers, leurs effets peuvent être durables : nous avons constaté que ceux qui souffraient d’hypotension orthostatique à l’âge mûr avaient 40% plus de chances de développer une démence que ceux qui n’en souffraient pas. Il est crucial que nous approfondissions notre compréhension de ce phénomène», a déclaré Andreea Rawlings, auteur principal de l’étude.

Bien qu’il s’agisse d’une étude observationnelle, les chercheurs ne peuvent pas établir de causalité ni déterminer si l’OP est un indicateur d’une autre affection responsable du déclin cognitif. Cependant, ils émettent l’hypothèse que la diminution du flux sanguin vers le cerveau pourrait jouer un rôle significatif.

L’auteur principal de l’étude souligne également la limitation de cette recherche, qui découle du fait que les chercheurs ne savent pas si les patients avaient subi des épisodes ponctuels d’OP ou s’ils avaient vécu des symptômes récurrents au fil du temps.

«Identifier les facteurs de risque du déclin cognitif et de la démence est essentiel pour comprendre la progression de ces maladies. Savoir qui est le plus à risque nous permet de développer des stratégies de prévention et d’intervention», souligne Rawlings. « C’est un domaine qui mérite d’être exploré davantage. »

Perspectives Actuelles sur la Pression Artérielle et la Démence

À l’heure actuelle, la recherche continue d’explorer le lien entre la pression artérielle et le risque de démence. Des études récentes montrent que maintenir une pression artérielle saine tout au long de la vie pourrait réduire le risque d’apparition de troubles cognitifs. En outre, des approches telles que l’exercice régulier, une alimentation équilibrée et la gestion du stress sont de plus en plus reconnues comme des éléments clés pour favoriser la santé cérébrale.

Des essais cliniques en cours examinent également l’impact des traitements antihypertenseurs sur la cognition, ce qui pourrait ouvrir de nouvelles voies pour la prévention de la démence. En somme, il est essentiel d’encourager une vigilance continue vis-à-vis de la pression artérielle et d’adopter des modes de vie favorables à la santé pour minimiser les risques associés à la démence.

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