Nourrir un Rhume ou Affamer une Fièvre : Ce Que Dit la Science

« Nourrissez-vous d’un rhume, affamez la fièvre », dit le vieil adage, et selon une nouvelle étude, il peut contenir une part de vérité. Les chercheurs ont découvert que les souris ayant une infection bactérienne sont mortes après avoir été nourries, tandis que celles infectées par un virus ont survécu après avoir mangé.

Une femme malade au lit, mangeant de la soupe chaude pour se réchauffer et se rétablir.

L’auteur principal, Ruslan Medzhitov – David W. Wallace, professeur d’immunobiologie et chercheur à l’Institut de médecine Howard Hughes de l’école de médecine de Yale à New Haven, CT – et son équipe rapportent leurs découvertes dans le journal.

Selon Medjitov, la plupart de nos connaissances sur les infections bactériennes et virales proviennent d’études qui ont examiné comment le système immunitaire réagit aux agents pathogènes et comment il lutte pour les éradiquer.

« Mais ce n’est pas la seule façon de nous défendre », souligne-t-il. « Il existe aussi des cas où notre organisme change et s’adapte afin que les microbes ne causent pas de dommages. »

Dans le cadre de cette étude, l’équipe a découvert que l’alimentation durant une infection peut influencer la capacité du système immunitaire à combattre les pathogènes, en fonction du type d’infection (bactérienne ou virale) et des aliments consommés.

« Nous avons été étonnés de constater à quel point les effets de l’alimentation étaient significatifs, tant positifs que négatifs », explique Medjitov. « Nos résultats montrent qu’il existe un fort effet protecteur avec certaines infections, mais pas avec d’autres. »

Glucose Fatal aux Souris avec Infection Bactérienne

Les chercheurs ont tiré leurs conclusions d’une série d’expériences sur des souris, où celles-ci ont été nourries ou affamées après avoir été infectées par des bactéries ou des virus.

Premièrement, l’équipe a infecté des souris avec une bactérie connue pour provoquer des intoxications alimentaires.

Comme prévu, les souris ont cessé de manger – un comportement courant lors d’une intoxication alimentaire – et, finalement, elles se sont complètement rétablies. Cependant, lorsqu’elles ont été gavées malgré leur infection, elles sont mortes.

Une analyse plus approfondie des composants alimentaires a révélé que c’était le glucose qui était mortel pour les souris nourries de force ; les protéines et les graisses semblaient n’avoir aucun effet.

De plus, en administrant le 2-DG chimique – un inhibiteur du métabolisme du glucose – aux souris infectées nourries de force, le glucose ne s’est plus révélé fatal.

Dans une autre expérience, l’équipe a infecté des souris avec le virus de la grippe A / WSN / 33.

Contrairement aux résultats précédents, l’alimentation forcée des souris avec du glucose a entraîné leur survie, tandis que les rongeurs sont morts lorsqu’ils ont reçu du 2-DG ou ont été privés de glucose.

En analysant les scintigraphies cérébrales des souris décédées d’une infection bactérienne ou virale, l’équipe a découvert que chaque type d’infection affectait différentes régions du cerveau.

Cela suggère que les exigences métaboliques des souris peuvent dépendre des parties de leur système immunitaire qui sont activées.

« Notre étude a manipulé la capacité de ces souris à tolérer et survivre à l’infection sans rien faire qui impacte directement les agents pathogènes », précise Medjitov.

Les Résultats Pourraient Être Bénéfiques pour la Recherche sur le Sepsis

Les chercheurs explorent actuellement comment les modifications des habitudes de sommeil influencent la capacité du système immunitaire à éviter l’infection.

Ils prévoient également des études de suivi pour examiner les voies qui jouent un rôle dans les préférences alimentaires, dans le but de mieux comprendre les désirs alimentaires des individus lorsqu’ils sont malades.

En attendant, Medjitov et ses collègues estiment que leurs résultats pourraient avoir des implications significatives pour la recherche sur la septicémie – une infection sanguine potentiellement mortelle.

« La septicémie représente un enjeu critique dans les services de soins intensifs, défiant la plupart des approches médicales modernes », affirme Medjitov.

« Plusieurs études ont examiné la nutrition chez les patients atteints de septicémie, mais les résultats restent mitigés. Ces études ne faisaient pas la distinction entre septicémies bactériennes et virales, ce qui implique que les patients devraient être stratifiés en fonction de leur type de septicémie, et que les essais doivent être conçus sur cette base. »

Découvrez comment l’introduction de simples mesures dans les hôpitaux norvégiens a permis de réduire de 40 % les décès dus à la septicémie.

Nouvelles Perspectives sur l’Infection et la Nutrition

À la lumière des résultats récents, il est crucial d’approfondir notre compréhension de l’interaction entre nutrition et réponse immunitaire. Des études récentes ont montré que le rôle des micronutriments, tels que les vitamines et minéraux, peut également influencer la résistance aux infections. Par exemple, des recherches ont démontré que la vitamine D joue un rôle protecteur contre les infections respiratoires.

De plus, il est essentiel de prendre en compte le rôle des probiotiques et des prébiotiques dans la modulation du système immunitaire. Des études en cours examinent comment ces composés peuvent renforcer la barrière intestinale et améliorer la réponse immunitaire face aux infections.

En somme, la recherche sur l’alimentation et ses effets sur les infections est en pleine expansion. À mesure que nous découvrons de nouvelles données, il devient évident que la nutrition n’est pas seulement une question de calories, mais un élément fondamental de la santé immunitaire. Cela ouvre la voie à des recommandations nutritionnelles plus ciblées pour les patients, en particulier ceux à risque d’infection sévère.

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