Risque de Diabète : La Graisse Corporelle Comme Indicateur Clé

Les résultats d’une nouvelle étude exhortent les professionnels de santé à prendre en compte non seulement l’indice de masse corporelle (IMC), mais aussi la distribution des graisses corporelles lors de l’évaluation du risque de diabète et de prédiabète.

Femme sur une balance avec un ruban à mesurer autour des jambes pour illustrer la mesure de la graisse corporelle

Traditionnellement, l’IMC divise le poids d’une personne par sa taille pour évaluer si celle-ci a un poids santé. Cependant, cette méthode fait l’objet de critiques croissantes quant à sa pertinence en tant qu’indicateur de la santé cardiométabolique.

Des recherches récentes soulignent que la répartition de la graisse corporelle pourrait fournir des indices plus significatifs sur le risque de développer des conditions telles que la résistance à l’insuline, l’hypertension, les maladies cardiaques, et même certains cancers.

Par exemple, une étude récente a mis en lumière ce que les chercheurs appellent la « pandémie de surmultiplication » aux États-Unis. Le terme « surgraisses » a été introduit pour désigner l’accumulation de graisse dans des zones spécifiques du corps, un facteur négligé par l’IMC.

En réalité, un IMC faible peut être trompeur. La graisse abdominale, en particulier, est associée à des risques accrus de diabète et de maladies cardiaques, comme le montrent plusieurs études qui explorent les mécanismes sous-jacents de cette association.

Une nouvelle étude, publiée dans une revue scientifique réputée, s’ajoute à cette littérature croissante. Des chercheurs de l’Université de Floride (UF) à Gainesville ont découvert que les personnes ayant un IMC normal peuvent en fait être plus exposées au prédiabète ou au diabète que celles jugées en surpoids selon leur IMC, mais ayant un pourcentage de graisse corporelle inférieur.

Le pourcentage de graisse corporelle évalue la proportion de masse grasse par rapport à la masse musculaire maigre d’un individu.

La graisse corporelle élevée, pas l’IMC, prédit le diabète

Pour cette étude, les scientifiques, dirigés par Ara Jo, Ph.D., professeur assistant clinique au Département de recherche, gestion et politique des services de santé à UF, ont examiné les données de l’enquête nationale d’examen de santé et de nutrition.

Cette enquête, réalisée par le Centre national de la statistique sanitaire des CDC, a utilisé des entretiens, ainsi que des tests physiques et de laboratoire, pour évaluer la santé des adultes âgés de 40 ans et plus depuis 2006.

L’équipe de Jo a ciblé les adultes n’ayant jamais été diagnostiqués avec le diabète de type 2 et a utilisé une méthode de balayage précise, l’absorptiométrie à rayons X à double énergie, pour mesurer le pourcentage de graisse corporelle.

Ils se sont basés sur les directives de l’American Association of Clinical Endocrinologists et de l’American College of Endocrinology pour déterminer ce qui constitue une graisse corporelle élevée pour les hommes et les femmes.

Selon ces directives, un pourcentage de graisse corporelle de 25 % ou plus est considéré comme élevé pour les hommes, tandis que pour les femmes, le seuil est de 35 %.

Les résultats de l’analyse ont montré que 13,5 % des personnes ayant un IMC normal et un pourcentage élevé de graisse corporelle souffraient de prédiabète ou de diabète, contre seulement 10,5 % de ceux qualifiés « d’en surpoids » selon leur IMC.

« Ce lien significatif entre une glycémie anormale et un pourcentage de graisse corporelle élevé persiste même après avoir contrôlé des facteurs comme l’âge, le sexe, la race/ethnie, les antécédents familiaux de diabète, l’exercice d’intensité vigoureuse et les activités de renforcement musculaire », explique l’auteur principal de l’étude, Arch G. Mainous III, président du Département de recherche, de gestion et de politiques des services de santé de l’UF.

L’IMC normal n’est pas une mesure de la santé

« En général, un IMC normal a été considéré comme signe de bonne santé, ce qui a conduit à négliger les personnes ayant un IMC normal dans plusieurs lignes directrices sur les soins préventifs », ajoute Jo.

« Cependant, un IMC normal ne signifie pas nécessairement une composition corporelle saine », prévient-elle. Elle fait écho à des préoccupations partagées, en précisant que « les preuves s’accumulent pour montrer que l’IMC n’est pas le meilleur indicateur de la graisse corporelle pour divers groupes, tels que les individus sédentaires ou les femmes plus âgées. »

« Cette étude soutient davantage l’idée que la graisse corporelle est un facteur clé et démontre comment le pourcentage de graisse corporelle est un meilleur indicateur que l’IMC pour identifier les individus à risque de prédiabète », conclut-elle.

Mainous III souligne également la nécessité d’explorer des méthodes pour mieux identifier les personnes ayant une masse adipeuse élevée et d’intégrer ces considérations dans la pratique clinique.

« Nous espérons que ces résultats inciteront les médecins et autres professionnels de santé à prêter une attention particulière à la population ayant un IMC normal et à fournir des soins préventifs adaptés à ceux qui risquent de développer un diabète », conclut Jo.

Nouveaux Insights de 2024

À la lumière des avancées récentes, il est essentiel de souligner que le pourcentage de graisse corporelle est devenu un indicateur clé dans la prévention du diabète. De nouvelles études en 2024 ont encore renforcé ces conclusions, montrant que même des changements modestes dans le mode de vie peuvent avoir un impact significatif sur la santé métabolique.

Des recherches récentes ont également révélé que l’activité physique régulière, en particulier les exercices de résistance, joue un rôle crucial dans la réduction du pourcentage de graisse corporelle, contribuant ainsi à la prévention du diabète de type 2.

De plus, des statistiques récentes montrent que la prévalence du diabète continue d’augmenter, soulignant l’urgence d’adopter des stratégies de dépistage plus efficaces qui prennent en compte la graisse corporelle plutôt que de s’appuyer uniquement sur l’IMC.

En résumé, ces nouvelles perspectives incitent à reconsidérer les pratiques cliniques actuelles et à mettre en avant des méthodes de dépistage plus holistiques qui pourraient véritablement améliorer les résultats de santé pour les populations à risque.

FRMedBook