Les banques de sang considèrent que la durée de conservation standard du sang pour une transfusion est de six semaines. Cependant, une étude récente menée aux États-Unis apporte des éléments supplémentaires suggérant que ce délai devrait être réduit à trois semaines. En effet, après cette période, les globules rouges présents dans le sang stocké perdent leur capacité à fournir de l’oxygène là où il est crucial.Les cellules des tissus restent en vie grâce à un approvisionnement constant en oxygène provenant des globules rouges, qui doivent naviguer à travers les plus petits capillaires du corps pour atteindre leur destination. Le responsable de l’étude, Steven M. Frank, professeur agrégé d’anesthésiologie et de médecine des soins intensifs à l’école de médecine de l’Université Johns Hopkins, et ses collègues ont observé que, passé trois semaines, les globules rouges manquent de souplesse.De plus, même après une transfusion, les globules rouges qui ont été conservés pendant plus de trois semaines ne retrouvent pas la flexibilité qu’ils avaient initialement. Ces résultats ont été publiés en ligne le 28 février dans la revue Anesthesia & Analgesia.Frank souligne : « Il y a de plus en plus d’informations qui nous indiquent que la durée de conservation du sang peut ne pas être de six semaines, comme le pensent les banques de sang. » Une réduction des périodes de stockage signifierait moins de sang disponible, alors que les banques de sang peinent déjà à répondre à la demande.Néanmoins, Frank estime qu’il serait peut-être temps pour les banques de sang de reconsidérer leur pratique actuelle de stocker le sang pendant six semaines. « Si je devais subir une opération demain, je voudrais avoir le sang le plus frais possible », ajoute-t-il.Une étude antérieure, publiée dans le New England Journal of Medicine en 2008, a révélé que les patients ayant reçu une transfusion sanguine conservée pendant deux semaines ou moins avaient des taux de complications et de décès plus faibles que ceux qui recevaient du sang plus ancien.Pour leur étude, Frank et ses collègues ont examiné le sang administré à 16 patients subissant une chirurgie de fusion vertébrale. Dix des patients ont reçu trois unités de sang ou moins, tandis que les six autres en ont reçu cinq ou plus. Les chercheurs ont prélevé un petit échantillon de chaque sac de sang pour mesurer la raideur des globules rouges et ont également réalisé des prélèvements de sang de patients jusqu’à trois jours après la chirurgie.Ils ont constaté que les globules rouges dans le sang conservé plus de trois semaines étaient plus susceptibles d’avoir des membranes cellulaires rigides, ce qui complique la fourniture d’oxygène. Cette observation est valable même lorsque le sang se trouve dans le patient, où les globules rouges bénéficieraient des meilleures conditions pour réparer leur flexibilité : des niveaux adéquats d’acidité, d’oxygène et d’électrolytes.Frank note qu’une fois la flexibilité perdue, les globules rouges resteront probablement dans cet état jusqu’à la fin de leur vie, soit environ 120 jours au total. Un autre point intéressant de l’étude est que les patients ayant reçu moins d’unités de sang avaient généralement des globules rouges plus sains, indépendamment de l’âge du sang administré. Cela suggère que si un patient ne reçoit pas trop de cellules endommagées, leur perte de flexibilité devient moins problématique.Actuellement, deux études sont en cours, l’une aux États-Unis et l’autre au Canada, pour évaluer la sécurité du sang ancien par rapport au sang frais. Les résultats de ces études multicentriques et randomisées devraient être publiés en 2024.Si ces recherches confirment les résultats de cette étude initiale, Frank indique que les banques de sang devront probablement revoir la durée de conservation du sang qu’elles stockent. Cette étude a bénéficié de fonds de l’Institut national sur le vieillissement des National Institutes of Health et du National Heart, Lung and Blood Institute.
Nouvelles Perspectives sur la Conservation du Sang
Au fur et à mesure que la recherche avance, il devient essentiel de rester informé des dernières découvertes concernant la conservation du sang. Des études récentes offrent un éclairage précieux sur la question, mettant en évidence l’importance de la fraîcheur du sang pour les transfusions. Des données récentes montrent que les transfusions de sang plus fraîches peuvent réduire le risque de complications postopératoires. Par exemple, une étude de la Mayo Clinic a révélé que les patients recevant du sang frais avaient des taux de complications significativement plus bas. De plus, un rapport de la Société américaine d’anesthésie a souligné la nécessité de revoir les protocoles de stockage du sang en fonction de ces nouvelles données. Ainsi, il est impératif que les banques de sang prennent en compte ces résultats et envisagent de réviser leurs pratiques pour garantir la meilleure qualité de soins possible aux patients, tout en continuant à répondre aux besoins croissants en matière de transfusions sanguines.