Des recherches récentes ont mis au jour des liens intéressants entre l’épilepsie et l’autisme. Dans cet article, nous aborderons certaines des études qui ont conduit les scientifiques à cette conclusion et nous examinerons pourquoi cela pourrait être le cas.
L’épilepsie et l’autisme sont des conditions prévalentes et perturbatrices qui touchent un grand nombre de personnes. On estime que l’autisme affecte environ 1 % de la population, tandis que l’épilepsie touche une personne sur 26 au cours de sa vie.
Bien que ces conditions puissent sembler, à première vue, très différentes, la recherche médicale commence à révéler des liens significatifs entre les deux.
Faits rapides sur l’épilepsie et l’autisme
Voici quelques points clés concernant l’épilepsie et l’autisme. Plus de détails et d’informations à l’appui sont disponibles dans l’article principal.
- L’épilepsie est plus fréquente chez les personnes autistes que dans la population générale.
- On estime que plus de 15 % des personnes atteintes d’épilepsie présentent des traits d’autisme.
- Les raisons de ce lien entre l’autisme et l’épilepsie restent encore inconnues.
- Certains chercheurs avancent que les médicaments antiépileptiques pourraient atténuer certains symptômes de l’autisme.
Quel est le lien?
L’épilepsie est un trouble neurologique qui affecte le cerveau. Les personnes atteintes d’épilepsie peuvent connaître des convulsions lorsque certains neurones s’activent de manière anormale, entraînant des symptômes sur lesquels elles n’ont aucun contrôle.
Le type de crise d’épilepsie que la plupart des gens connaissent est celui où une personne perd conscience, tombe au sol et présente des mouvements incontrôlés.
Cependant, ce n’est qu’une des nombreuses formes de crises que les personnes épileptiques peuvent éprouver. D’autres symptômes incluent :
- Absences – perte de conscience avec des effets musculaires mineurs.
- Crises partielles – dans certains cas, l’épilepsie affecte uniquement une partie du corps, et la personne reste consciente pendant l’épisode.
- Auras – certaines personnes signalent des sensations inhabituelles comme des odeurs, des peurs ou de l’anxiété.
- Crises nocturnes – certaines personnes atteintes d’épilepsie n’ont des crises que pendant leur sommeil.
- Manifestations telles que des clignements d’yeux ou des mouvements des paupières.
L’autisme, quant à lui, est un trouble du développement qui se manifeste durant l’enfance, connu sous le nom de trouble du spectre autistique (TSA). Les enfants atteints de TSA présentent souvent des difficultés dans leur développement social et comportemental. Il existe une variété de types de TSA, chacun ayant des manifestations comportementales uniques.
Les principales caractéristiques des TSA incluent :
- Des compétences sociales réduites, avec des difficultés de communication et d’interaction – il peut être plus difficile pour eux de participer à des conversations, de comprendre le langage corporel et les émotions, ou de nouer des relations.
- Des intérêts et comportements restreints et répétitifs – ces enfants peuvent devenir très anxieux si leur routine est perturbée.
L’épilepsie est le résultat d’une anomalie dans le cerveau, et l’autisme pourrait également être lié à des différences dans la structure et la fonction cérébrale. Bien que ces conditions soient clairement distinctes, il existe des similitudes dans leurs caractéristiques. Pourrait-il y avoir des liens biologiques sous-jacents?
Recherche
De nombreuses questions sur les liens entre l’épilepsie et l’autisme sont actuellement explorées par la science médicale.
Ce qui est indiscutable, c’est que l’épilepsie est plus courante chez les personnes autistes et que les TSA sont également plus fréquents chez les personnes atteintes d’épilepsie. Ce lien se manifeste de différentes manières à travers divers niveaux d’épilepsie et d’autisme.
Certaines recherches ont montré que l’activité électrique dans le cerveau des personnes autistes présente des décharges similaires à celles observées dans l’épilepsie, plus fréquemment que chez les individus sans TSA.
D’autres études ont révélé que les adultes épileptiques présentent davantage de traits autistiques par rapport à ceux qui ne souffrent pas d’épilepsie.
Il existe un chevauchement bidirectionnel : les personnes atteintes d’épilepsie sont plus susceptibles de développer des TSA, et inversement, les personnes ayant un TSA sont plus susceptibles de souffrir d’épilepsie. Les estimations concernant ce chevauchement sont les suivantes :
- Les troubles du spectre autistique pourraient être présents chez 15 à presque la moitié des personnes atteintes d’épilepsie.
- Entre un cinquième et un tiers des enfants atteints de TSA développent une épilepsie avant l’âge adulte.
Explications possibles
Une analyse des recherches actuelles sur le sujet a révélé divers résultats concernant l’activité électrique du cerveau, souvent étudiée à l’aide de l’électroencéphalogramme (EEG).
L’EEG est fréquemment utilisé pour diagnostiquer l’épilepsie. Il peut enregistrer les crises épileptiques, mais aussi détecter d’autres activités électriques « épileptiformes ». Des études ont montré des chevauchements EEG significatifs entre l’épilepsie et l’autisme.
La revue a indiqué que certaines recherches avaient trouvé des taux élevés d’anomalies EEG chez les personnes autistes, même en l’absence d’un diagnostic d’épilepsie. Certains scientifiques pensent que ces anomalies pourraient être liées à l’étiologie de l’autisme, bien qu’aucune preuve concluante n’ait encore été établie. L’examen n’a pas permis de tirer de conclusions solides sur ces liens.
Il est possible que les facteurs génétiques responsables de l’épilepsie se chevauchent avec ceux de l’autisme, mais les recherches à ce sujet demeurent limitées.
Bien qu’il existe des preuves suggérant un lien, de nombreuses questions restent encore sans réponse.
Traitement de l’épilepsie et autisme
Les scientifiques ont également exploré si le traitement de l’épilepsie chez les enfants autistes pourrait avoir des bénéfices pour les deux conditions.
Les auteurs de l’examen ayant analysé les résultats de l’EEG ont confirmé que les cas d’épilepsie diagnostiquée doivent, bien sûr, être traités. Toutefois, pour les personnes autistes n’ayant pas d’épilepsie mais présentant des anomalies à l’EEG, il n’est pas encore clair s’il convient de les traiter avec des médicaments antiépileptiques.
Les auteurs de la revue ont souligné la nécessité de recherches supplémentaires pour déterminer si les médicaments antiépileptiques peuvent apporter un bénéfice global aux personnes autistes. Les médecins impliqués dans la gestion de l’autisme seront prudents avant d’envisager un tel traitement tant que des preuves solides ne seront pas disponibles grâce à des essais cliniques.
SallyAnn Wakeford a réalisé d’importants travaux sur l’épilepsie et l’autisme. Dans sa publication de 2015, elle a convenu qu’un travail supplémentaire était nécessaire. Elle a constaté que :
- Les personnes atteintes d’épilepsie sont plus susceptibles de présenter des traits autistiques.
- Ces traits sont plus marqués avec une épilepsie de longue durée.
- Les traits s’améliorent avec un traitement antiépileptique efficace.
Cependant, les caractéristiques de l’autisme chez les personnes épileptiques se limitaient principalement à des traits de réactivité sociale, sans augmentation des comportements répétitifs, par exemple. Wakeford s’interroge sur la véritable nature du lien entre l’épilepsie et l’autisme, se demandant s’il s’agit d’un lien direct ou simplement d’un chevauchement.
Un dernier mot
Dans sa revue, Wakeford précise qu’il existe un lien entre l’autisme et l’épilepsie, mais que les raisons en restent floues :
- Cela pourrait être indirectement lié à l’impact de l’épilepsie sur la vie sociale et psychologique.
- Ou cela pourrait être plus direct, l’épilepsie impliquant un « dysfonctionnement cognitif social » – un problème dans le cerveau affectant la pensée sociale et les capacités.
Qu’il y ait ou non un lien direct, il est essentiel que les personnes atteintes d’épilepsie ou de TSA, ainsi que leurs soignants et les professionnels de la santé, soient conscients de l’autre condition.
Il est particulièrement crucial que l’épilepsie soit diagnostiquée et traitée chez les personnes autistes, comme pour toute autre personne.
Recherches récentes sur l’épilepsie et l’autisme
Pour approfondir notre compréhension, plusieurs études récentes de 2024 ont examiné les mécanismes biologiques potentiels liant l’épilepsie et l’autisme. Par exemple, des recherches ont identifié des anomalies génétiques communes qui pourraient influencer le développement de ces deux troubles. Une étude a révélé que certaines mutations génétiques, notamment celles affectant le gène SCN1A, sont liées à des cas d’épilepsie et d’autisme, suggérant un chemin biologique partagé.
D’autres études ont également mis en lumière l’importance de l’interaction entre les facteurs environnementaux et les prédispositions génétiques. Des recherches ont montré que des facteurs tels que des infections prénatales ou des complications à la naissance peuvent augmenter le risque de développer soit l’épilepsie soit un TSA, augmentant ainsi la probabilité de chevauchement entre ces deux conditions.
En conclusion, bien que des liens clairs existent entre l’épilepsie et l’autisme, la recherche continue d’explorer ces connexions. Les avancées récentes promettent d’élargir notre compréhension et pourraient éventuellement mener à des traitements plus ciblés pour les personnes touchées par ces deux troubles.