Nouveau Métabolite : Une Clé Pour Stopper La Propagation Du Cancer

Quand une tumeur migre vers une autre partie du corps, le cancer devient un adversaire redoutable à combattre. Une étude récemment publiée, portant sur un métabolite appelé 20-HETE, offre un nouvel aperçu de ce processus complexe et de la manière dont il pourrait être stoppé.

Les cellules cancéreuses se divisent dans le corps humain

La capacité du cancer à métastaser – c’est-à-dire à se déplacer à travers le corps et à établir des colonies dans des endroits éloignés – constitue un véritable défi pour les traitements oncologiques.

Une tumeur localisée est beaucoup plus facile à traiter, et les chances de survie augmentent considérablement. Cependant, une fois que la tumeur s’est déplacée, son contrôle devient plus complexe. Environ 30 % des personnes atteintes d’un cancer du sein développent des métastases, touchant généralement les ganglions lymphatiques, les os, le cerveau, les poumons et le foie.

Comprendre comment une tumeur parvient à s’implanter dans des parties éloignées du corps est un domaine de recherche crucial. Le problème est que le cancer est extrêmement habile à dénicher de nouveaux sites d’accueil; en fait, les tumeurs envoient constamment des cellules dans la circulation sanguine pour tester si elles peuvent s’y établir et prospérer. Elles sont également expertes dans le recrutement de cellules auxiliaires, transformant leur nouveau domicile en un environnement propice à leur croissance continue.

De nouvelles recherches axées sur le métabolite 20-HETE espèrent percer le secret de la manière dont nous pouvons perturber la capacité du cancer à s’épanouir dans des tissus distants.

Qu’est-ce que 20-HETE?

Le 20-HETE (20-Hydroxyeicosatetraenoic acid) est un produit de dégradation de l’acide arachidonique, un acide gras omniprésent dans le corps. Ce métabolite joue un rôle clé dans divers processus, notamment la régulation du tonus vasculaire, le flux sanguin vers les organes, ainsi que le transport de sodium et de liquides dans les reins. Il est également impliqué dans l’inflammation, contribuant ainsi à la lutte contre les infections et d’autres maladies.

Cependant, au-delà de ses effets bénéfiques, le 20-HETE présente un versant plus sombre; ces aspects néfastes sont actuellement explorés par le Dr Thaiz F. Borin et son équipe à l’Université Augusta, en Géorgie. Leurs découvertes récentes sont publiées cette semaine.

Le Dr B.R. Achyut, professeur adjoint au département de biochimie et de biologie moléculaire de MCG, illustre le double visage du 20-HETE:

« Il existe une fonction normale, mais aussi une fonction liée à la tumeur: les cellules cancéreuses détournent notre système et utilisent cette molécule contre nous. »

D’après des études récentes, le 20-HETE fournit au cancer pratiquement tout ce dont il a besoin; il s’inscrit dans l’hypothèse « semences et sol ». Pour qu’une cellule cancéreuse s’implante et migre, elle doit aligner tous ses atouts. Elle doit se détacher de sa position d’origine et devenir assez agressive pour survivre à son voyage; une fois qu’elle a trouvé un nouveau site, elle doit recruter des tissus de soutien et des vaisseaux sanguins.

Le Dr Ali S. Arbab, responsable de l’Initiative sur l’angiogenèse tumorale au Georgia Cancer Center, souligne que des études récentes montrent que le 20-HETE prépare le nouveau site de plusieurs manières. Ce métabolite active des protéines kinases et des facteurs de croissance qui favorisent la croissance, la prolifération et la différenciation des cellules.

Pour prospérer, les tumeurs dépendent également de la création de nouveaux vaisseaux sanguins, et le 20-HETE joue un rôle crucial à cet égard. De plus, le 20-HETE induit l’inflammation, une caractéristique de nombreuses maladies, y compris le cancer. Il le fait en déclenchant l’activité de facteurs tels que le facteur de nécrose tumorale alpha et plusieurs interleukines.

Perturber le microenvironnement tumoral

Dans ses études sur les métastases et les mécanismes qui les sous-tendent, le Dr Arbab et son équipe se concentrent sur l’observation de ce microenvironnement tumoral. Dans leur étude la plus récente, ils ont utilisé une molécule appelée HET0016, qui inhibe les actions du 20-HETE.

Pour évaluer la capacité de HET0016 à réduire les effets bénéfiques du 20-HETE, ils ont introduit des cellules cancéreuses dans le tissu adipeux mammaire de souris. Une fois que le cancer s’est enraciné et a commencé à se propager, ils ont administré HET0016 aux souris. Le traitement a été administré cinq jours par semaine pendant trois semaines.

Dès 48 heures, les cellules cancéreuses présentaient une mobilité réduite dans leur environnement.

Les traitements ont également diminué les niveaux de métalloprotéinases dans les poumons; ces enzymes détruisent les structures protéiques, facilitant ainsi la pénétration des cellules cancéreuses et la formation de nouveaux vaisseaux sanguins.

De plus, d’autres molécules bénéfiques pour les cellules cancéreuses, telles que les facteurs de croissance et les cellules suppressives dérivées des myéloïdes, ont été réduites. Comme le précise Arbab, « cela élimine l’une des protections naturelles que les tumeurs utilisent, ce qui réduit la croissance des tumeurs dans les poumons. »

Bien que HET0016 ne soit pas encore prêt à être administré aux humains, cette étude démontre que le 20-HETE pourrait constituer une cible précieuse pour contrer la propagation du cancer. Arbab souligne qu’il existe déjà certains médicaments sur le marché – y compris des anti-inflammatoires en vente libre – qui pourraient également inhiber cette voie moléculaire détournée.

L’équipe prévoit de poursuivre ses recherches pour trouver des moyens d’empêcher le cancer d’utiliser le 20-HETE comme allié. Prévenir les métastases du cancer du sein représenterait une avancée majeure, car, comme le soulignent les auteurs, « les métastases à distance constituent la principale cause de décès dans la majorité des types de cancer du sein. »

Nouvelles Perspectives sur la Propagation du Cancer

L’évolution des connaissances sur le 20-HETE et son rôle dans la métastase pourrait transformer notre approche thérapeutique. Des recherches récentes de 2024 mettent en lumière l’importance de cibler les mécanismes moléculaires qui favorisent la migration des cellules tumorales. Une étude récente a montré que l’inhibition de 20-HETE pourrait réduire significativement la taille des tumeurs et leur capacité à se propager, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles stratégies de traitement.

En outre, des données préliminaires suggèrent que des interventions alimentaires, telles que l’augmentation de la consommation d’acides gras oméga-3, pourraient influencer de manière bénéfique le métabolisme du 20-HETE et réduire le risque de métastases. Cette approche intégrative pourrait offrir une nouvelle dimension à la lutte contre le cancer, en combinant interventions médicales et modifications du mode de vie.

La recherche continue d’explorer ces avenues prometteuses, avec l’espoir de développer des traitements qui non seulement ciblent le cancer à son stade initial, mais aussi inhibent sa capacité à se propager, améliorant ainsi les résultats pour les patients. En somme, l’avenir de la lutte contre le cancer pourrait bien reposer sur notre compréhension des métabolites comme le 20-HETE.

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