Certains cancers, notamment le cancer du poumon, sont souvent détectés de manière fortuite, lors d’examens médicaux sans lien direct. Dans de nombreux cas, différencier les tumeurs bénignes des tumeurs malignes s’avère complexe, sauf en ayant recours à des méthodes invasives telles qu’une biopsie. Néanmoins, un test sanguin capable d’exclure le cancer pourrait véritablement transformer notre approche.
Des données récentes suggèrent qu’aux États-Unis, environ 1,6 million de nodules pulmonaires sont détectés chaque année, nécessitant des tests complémentaires pour déterminer leur nature cancéreuse.
Les biopsies, bien que précises, sont invasives et souvent, les professionnels de santé recommandent des interventions encore plus intrusives, comme la chirurgie, pour retirer les nodules et apaiser les inquiétudes des patients.
Cependant, pour des organes aussi délicats que les poumons, une approche invasive peut comporter des risques non négligeables qui pourraient aggraver la situation.
Le Dr Gérard Silvestri, de l’Université médicale de Caroline du Sud à Charleston, a dirigé une étude visant à explorer une méthode non invasive pour déterminer si les nodules pulmonaires sont bénins ou malins. Il souligne l’importance de cette recherche.
« Imaginez votre poumon comme une bouteille de soda de 2 litres, et le nodule comme un pois au centre », explique le Dr Silvestri. « Une biopsie pourrait entraîner l’effondrement du poumon, nécessitant un tube pour le rétablir », ajoute-t-il.
C’est pourquoi, avec une équipe de chercheurs, il a étudié les avantages d’un test sanguin basé sur la détection de biomarqueurs, signalant la probabilité que les nodules identifiés soient cancéreux.
« Nos objectifs pour ce biomarqueur sont d’évaluer le risque de cancer, de proposer des options et recommandations au patient, et d’éviter de soumettre ceux ayant une pathologie bénigne à des procédures coûteuses et inutiles », déclare le Dr Silvestri.
Les résultats de leurs recherches ont été publiés dans la revue Journal of Thoracic Oncology.
Le test démontre une précision de 98%
Le Dr Silvestri et son équipe font partie de l’étude sur le classificateur protéomique des nodules pulmonaires, que les chercheurs qualifient de « prospective, multicentrique et observationnelle », évaluant rétrospectivement l’efficacité d’un test sanguin conçu pour analyser des protéines et cinq facteurs de risque cliniques liés au cancer du poumon.
L’objectif du test sanguin est de déterminer si les patients présentant des nodules pulmonaires à faible ou modéré risque de cancer du poumon sont susceptibles de développer des tumeurs bénignes ou malignes.
Les principaux biomarqueurs évalués par le test sont les protéines LG3BP et C163A, dont les concentrations plasmatiques peuvent prédire ce type de cancer.
Si les résultats du test s’avèrent négatifs et que la personne testée présente un risque de cancer du poumon inférieur à 50 %, la possibilité de cancer est considérablement réduite. Dans ce cas, les professionnels de santé peuvent établir un plan de traitement adéquat et un suivi régulier.
« Il sert de test d’exclusion pour les personnes présentant un risque faible à modéré », indique le Dr Silvestri au sujet du test sanguin.
« Le biomarqueur est un outil », ajoute-t-il, « pour aider à évaluer le risque global de cancer et fournir au patient des recommandations et options. Il peut permettre aux individus de sortir du flou du risque indéterminé et faible, sans avoir à subir des procédures potentiellement dangereuses et invasives. »
Les résultats de l’étude actuelle révèlent que le test sanguin est efficace à 98% pour exclure la possibilité d’un cancer du poumon.
Pour une certitude supplémentaire, toutefois, les patients avec des résultats négatifs – et donc avec une faible probabilité de tumeurs malignes – seront toujours surveillés périodiquement pour s’assurer qu’aucune erreur n’a été commise.
« Une tumeur à faible risque », précise le Dr Silvestri, « sera suivie par imagerie en série. Après deux ans de tomodensitométrie réalisée régulièrement et sans signe de croissance, nous pouvons conclure qu’elle est bénigne. »
Pour cette étude, les chercheurs ont rétrospectivement analysé les données de 685 participants aux essais cliniques âgés de 40 ans et plus, tous présentant des nodules pulmonaires nouvellement détectés au départ.
Les spécialistes estiment que si le test sanguin étudié avait été utilisé pour informer les patients, 40% de procédures invasives auraient été évitées dans le cas de personnes avec des nodules non cancéreux.
En tenant compte de cela, le Dr Silvestri et ses collègues suggèrent que l’étape suivante devrait être une étude d’utilité clinique pour évaluer comment la prise de décision clinique et l’utilisation des procédures invasives sont modifiées par la connaissance des résultats du test.
« Tout ce qui pourrait renforcer la confiance des médecins dans la gestion des patients serait bénéfique », conclut le Dr Silvestri.
Perspectives de Recherche 2024
À l’horizon 2024, des recherches supplémentaires sont en cours pour améliorer encore la précision de ce test sanguin. Les scientifiques cherchent à identifier d’autres biomarqueurs qui pourraient fournir des informations complémentaires sur la nature des nodules. Une attention particulière est également portée à l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’analyse des résultats, permettant ainsi une évaluation plus rapide et précise.
Des études récentes ont montré que l’utilisation de modèles prédictifs basés sur des données cliniques et biologiques pourrait améliorer la capacité de ce test à identifier les patients à haut risque. Ces avancées pourraient significativement réduire le besoin de biopsies invasives, offrant ainsi un meilleur confort aux patients.
Il est crucial de continuer à sensibiliser les professionnels de santé et le grand public sur l’importance de ces innovations. Une meilleure compréhension des options de dépistage non invasives et des avancées technologiques peut transformer la façon dont nous détectons et gérons le cancer du poumon.
Enfin, le futur de la recherche sur le cancer du poumon repose sur la collaboration entre les chercheurs, les cliniciens et les patients. En unissant nos forces, nous pouvons créer des solutions qui amélioreront les résultats pour tous ceux touchés par cette maladie dévastatrice.