« Manger des émotions » est un terme que beaucoup d’entre nous connaissent, et certains auront expérimenté ce phénomène. Une étude récente a exploré l’impact des humeurs, qu’elles soient joyeuses ou tristes, sur les choix alimentaires des enfants.
Lorsque notre niveau émotionnel est bas, il devient plus facile de faire de mauvais choix alimentaires, privilégiant le pot de biscuits au lieu d’un simple concombre.
Des recherches antérieures menées sur des adultes ont confirmé cette tendance : des états émotionnels négatifs, tels que la tristesse, la colère ou l’ennui, augmentent la probabilité qu’un individu opte pour un hamburger plutôt qu’un bol de myrtilles.
De plus, des études antérieures ont montré que les adultes ayant tendance à l’alimentation émotionnelle négative sont plus susceptibles de souffrir de problèmes physiques tels que l’obésité et de résultats psychologiques défavorables, y compris la dépression.
Il est crucial de noter que la dépression et l’obésité représentent deux enjeux majeurs dans nos sociétés modernes. C’est pourquoi il est plus urgent que jamais de cerner les facteurs sous-jacents.
Manger Émotionnellement chez les Enfants
Certaines études suggèrent que les adolescents et les enfants peuvent également s’engager dans des comportements alimentaires émotionnels. Étant donné que l’obésité infantile atteint des niveaux préoccupants, il est essentiel de comprendre comment les enfants choisissent ce qu’ils mangent.
Une part importante des recherches existantes sur les habitudes alimentaires émotionnelles chez les enfants repose sur les déclarations des parents ou des enfants concernant ce qu’ils ont consommé – une méthode qui peut s’avérer peu fiable.
Une étude récente, publiée dans une revue scientifique, a adopté une approche novatrice en mesurant directement la quantité de nourriture ingérée par les enfants, plutôt que de se fier à leur auto-évaluation. Les chercheurs se sont également interrogés sur la possibilité que des humeurs positives entraînent une surconsommation.
Dirigée par le Dr Shayla C. Holub de l’Université du Texas à Dallas et le Dr Cin Cin Tan de l’Université du Michigan à Ann Arbor, l’étude a impliqué 91 enfants âgés de 4,5 à 9 ans. Pour commencer, les humeurs des enfants ont été manipulées à l’aide d’un outil éprouvé : des extraits de Disney. Ils ont sélectionné un clip triste, un clip neutre et un clip joyeux, et chaque enfant a visionné l’une de ces scènes.
Après avoir visionné les extraits, les enfants dont l’humeur avait été modifiée ont eu le choix entre deux collations : des bonbons au chocolat ou des craquelins en forme de poisson.
Comme prévu, les enfants du groupe « triste » ont consommé davantage de chocolat que ceux du groupe « heureux », mais les enfants heureux ont également mangé plus de chocolat que ceux du groupe neutre. En revanche, les craquelins de poisson ont été consommés en plus grande quantité par le groupe neutre, suivi du groupe heureux, puis du groupe triste.
« Cela suggère que les enfants mangent en réaction à leurs émotions, en particulier la tristesse », explique le Dr Shayla C. Holub.
En analysant les données, les chercheurs ont constaté que l’indice de masse corporelle (IMC) des enfants n’avait pas d’impact sur les résultats. De plus, les filles et les garçons ont montré des réponses similaires.
Les scientifiques ont également noté que les enfants plus âgés dans le groupe triste consommaient plus de chocolat que les plus jeunes dans les groupes neutres et heureux.
Le Passage de l’Autorégulation
Ces résultats pourraient avoir des implications significatives. Avec l’obésité devenant un enjeu majeur dans de nombreuses régions du monde occidental, il est essentiel de comprendre pourquoi et comment nous mangeons en excès. Des études comme celle-ci nous aident à identifier quand des choix alimentaires superflus commencent à se manifester.
« Les très jeunes enfants sont remarquablement doués pour réguler leur consommation alimentaire », explique le Dr Holub. « Si vous modifiez la densité énergétique d’un repas, l’enfant ajustera sa consommation en conséquence. »
Elle poursuit en ajoutant : « Si vous offrez une collation à des enfants d’âge préscolaire, ils adapteront leur ration de repas pour réagir de manière appropriée afin de ne pas avoir trop faim ou trop manger. »
Au fil du temps, cette autorégulation impressionnante cède la place aux pressions sociales. « Si la portion dans mon assiette est ce que je suis censé manger, je vais me forcer à la consommer », explique le Dr Holub.
« Les pratiques alimentaires restrictives », ajoute-t-elle, « peuvent également poser problème : dire aux enfants qu’ils ne peuvent pas avoir quelque chose peut en faire un aliment encore plus convoité, et lorsqu’ils y ont accès, ils en mangent immédiatement davantage, apprenant ainsi à ignorer leurs signaux internes. »
Selon le Dr Holub, le comportement des parents peut influencer de manière significative les choix alimentaires futurs de leurs enfants.
« En 2015, nous avons publié l’une des premières études révélant que non seulement le comportement est modélisé pour un enfant – par exemple, observer un parent se tourner vers la nourriture en période de tristesse – mais que cela peut également inclure la manière dont les parents nourrissent les enfants en réponse à leurs émotions. »
« Si votre enfant est en colère, voici un bonbon ; s’il s’ennuie, offrez-lui quelque chose à grignoter. »
Bien que ces comportements puissent être modifiés plus tard dans la vie, il est plus difficile de le faire une fois que les habitudes sont installées et solidifiées. Les âges de 3 à 5 ans sont critiques pour les enfants ; c’est à ce moment-là que leur capacité d’autorégulation cède la place à des déclencheurs sociaux. Comprendre comment éviter que ces comportements ne deviennent ancrés pourrait représenter un avantage significatif pour la santé publique.
En guidant nos enfants vers de meilleures habitudes alimentaires dès leur plus jeune âge, nous les aidons à éviter des choix alimentaires problématiques à l’avenir.
Recherches Récentes et Perspectives
D’autres études récentes ont mis en lumière l’importance de l’environnement familial et des interactions sociales sur les choix alimentaires des enfants. Par exemple, un rapport de 2023 a souligné que les enfants qui participent à la préparation des repas sont plus susceptibles d’adopter des choix alimentaires sains. De plus, les enfants qui mangent régulièrement avec leurs parents ont tendance à avoir une alimentation plus équilibrée.
Une enquête menée cette année a également révélé que le soutien émotionnel des parents joue un rôle crucial dans la régulation des comportements alimentaires. Les enfants qui se sentent aimés et soutenus sont moins susceptibles de se tourner vers la nourriture pour gérer leurs émotions. En intégrant ces pratiques dans notre quotidien, nous pouvons contribuer à façonner des habitudes alimentaires plus saines pour les générations futures.