L’hypertension artérielle représente un enjeu majeur pour la santé publique, étant un facteur de risque clé pour les maladies cardiaques, qui demeurent la principale cause de décès aux États-Unis. Une étude récente a mis en lumière la découverte de plus de 100 gènes liés à l’hypertension, nous permettant d’envisager des stratégies de traitement personnalisées pour cette maladie.
Le professeur Mark Caulfield, de l’université Queen Mary de Londres, et son équipe ont publié ces découvertes dans une revue scientifique de renom.
L’hypertension, ou hypertension artérielle, se produit lorsque la pression du sang dans les artères dépasse des niveaux normaux, ce qui peut entraîner des complications graves.
La tension artérielle est mesurée à l’aide de deux chiffres : le systolique et le diastolique. Le premier, représentant la pression dans les vaisseaux sanguins lors des battements cardiaques, et le second, mesurant la pression entre ces battements.
On considère qu’une pression artérielle est élevée si la mesure systolique est de 120 mm Hg ou plus, et diastolique à 90 mm Hg ou plus, ce qui s’écrit 120/90 mm Hg.
L’hypertension est associée à un risque accru de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral, de maladies cardiaques et d’insuffisance cardiaque. D’après les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), près d’un adulte américain sur trois souffre d’hypertension, dont la moitié seulement parvient à la contrôler.
Un mode de vie déséquilibré, incluant une alimentation inappropriée et un manque d’activité physique, est souvent considéré comme une cause majeure de cette condition. Cependant, il est de plus en plus reconnu que la génétique joue également un rôle crucial dans le développement de l’hypertension.
De nouvelles régions génétiques pourraient être des cibles de médicaments pour l’hypertension artérielle
L’année passée, le professeur Caulfield et son équipe ont génotypé près de 350 000 individus pour identifier environ 30 nouvelles régions génétiques liées à l’hypertension. La présente étude renforce ces résultats en découvrant 107 régions génétiques associées à cette condition.
Les chercheurs ont analysé environ 9,8 millions de variantes génétiques chez plus de 422 000 adultes participant à la UK Biobank, une cohorte qui a recueilli des données sur la santé de 500 000 adultes âgés de 40 à 69 ans entre 2006 et 2010.
En croisant les données génétiques avec celles concernant la pression artérielle des participants, le professeur Caulfield et son équipe ont identifié 107 régions génétiques liées à l’hypertension, dont 32 n’avaient jamais été signalées auparavant et au moins 53 qui n’avaient pas été validées.
Ces régions, dont beaucoup sont fortement exprimées dans les tissus cardiovasculaires et les vaisseaux sanguins, pourraient constituer des cibles prometteuses pour de nouveaux médicaments hypotenseurs.
« La découverte de ces 107 nouvelles régions génétiques double quasiment le nombre de cibles potentielles pour le développement de traitements médicamenteux, » souligne le professeur Caulfield. « Ces régions pourraient être à la base d’innovations thérapeutiques préventives et de recommandations de modifications du mode de vie face à ce problème majeur. »
Mark Caulfield
Le score de risque génétique pourrait prédire la probabilité d’un AVC, d’une maladie cardiaque
Au-delà de l’ouverture vers de nouveaux traitements, ces découvertes peuvent également servir à identifier les patients à risque de complications liées à l’hypertension.
En associant les données médicales des participants à leurs informations génétiques, les chercheurs ont mis au point un « score de risque » génétique, qui pourrait aider à déterminer quels individus sont plus susceptibles de souffrir d’accidents vasculaires cérébraux ou de maladies cardiaques.
L’étude a révélé que plus le score de risque génétique d’une personne est élevé, plus elle a de chances de développer une hypertension à 50 ans. Ceux ayant les scores les plus élevés affichaient une pression artérielle environ 10 mm Hg plus élevée que ceux avec les scores les plus bas.
De plus, pour chaque augmentation de 10 mm Hg de la pression artérielle au-dessus de la normale, le risque d’accident vasculaire cérébral ou de maladie cardiaque augmentait d’au moins 50 %.
Les chercheurs avancent que l’utilisation précoce d’un score de risque génétique pour l’hypertension pourrait permettre une approche plus personnalisée de la prévention des AVC et des maladies cardiaques.
« Nous ne pouvons pas changer notre constitution génétique, mais nous pouvons adapter nos modes de vie. À l’avenir, nous pourrons modifier nos comportements tout en étant conscients de notre prédisposition génétique, » explique le professeur Paul Elliott, de l’École de santé publique de l’Imperial College de Londres.
« Les médecins pourraient ainsi évaluer le risque génétique de maladies telles que l’hypertension, le diabète, et potentiellement le cancer, afin d’aider les patients à prendre des décisions éclairées pour contrer les effets de leur héritage génétique, » ajoute-t-il.
Enfin, il est important de rappeler que des pratiques simples, comme une heure de yoga par jour, pourraient contribuer à abaisser la tension artérielle de manière significative.
Perspectives et données récentes sur l’hypertension
En 2024, il est essentiel de considérer les avancées en matière de recherche sur l’hypertension. Par exemple, une étude récente a montré que l’intégration de l’activité physique régulière et d’une alimentation riche en fruits et légumes peut réduire la pression artérielle systolique de 5 à 10 mm Hg. De plus, des recherches en cours révèlent que la gestion du stress par des techniques de pleine conscience et de méditation peut également jouer un rôle crucial dans le contrôle de l’hypertension.
Un suivi régulier de la pression artérielle, couplé à des évaluations génétiques, permettra aux médecins d’ajuster les traitements de manière plus efficace et personnalisée. En somme, la compréhension de l’hypertension artérielle évolue rapidement, et il est impératif de rester informé des dernières découvertes pour améliorer la santé cardiovasculaire de la population.