Selon une étude publiée dans le numéro du 8 Février de JAMA, le cefpodoxime, un antibiotique utilisé comme thérapie à court terme chez les femmes atteintes d’une infection de la vessie simple (cystite), n’a pas répondu aux critères de non-infériorité par rapport à la ciprofloxacine. Cette situation soulève des inquiétudes, car la ciprofloxacine, classée parmi les antibiotiques fluoroquinolones, est souvent surutilisée, entraînant ainsi une augmentation des taux de résistance. Les critères de non-infériorité étaient définis comme l’efficacité du cefpodoxime se situant dans une marge prédéfinie de 10% de l’efficacité de la ciprofloxacine.
Les fluoroquinolones affichent des taux d’efficacité élevés et des effets indésirables très faibles lorsqu’elles sont administrées selon un régime de 3 jours recommandé pour traiter la cystite non compliquée. Cependant, on observe une montée préoccupante des cas de résistance aux antimicrobiens parmi ces médicaments. Les chercheurs, dans leur analyse, soulignent que pour prévenir toute nouvelle émergence de résistance aux fluoroquinolones, il est impératif de restreindre leur utilisation à des cas spécifiques de cystite, lorsque d’autres antibiotiques de première ligne pour les infections des voies urinaires (IVU) ne sont pas appropriés.
Les chercheurs déclarent que :
« Le cefpodoxime, grâce à son large spectre d’activité antimicrobienne, pourrait constituer une alternative utile aux fluoroquinolones pour le traitement de la cystite, à condition que son efficacité soit comparable à celle des fluoroquinolones et sans effets écologiques négatifs (comme la sélection d’organismes résistants aux médicaments). »
Thomas M. Hooton, M.D., de l’Université de Miami et son équipe ont entrepris un essai clinique pour évaluer l’efficacité clinique et la tolérance du cefpodoxime par rapport à la ciprofloxacine chez 300 femmes âgées de 18 à 55 ans souffrant de cystite. L’étude s’est déroulée de 2005 à 2009, avec des résultats évalués entre 5 et 9 jours, puis entre 28 et 30 jours après la fin du traitement.
Des analyses en intention de traiter et selon le protocole ont été réalisées, mais 15 femmes sur 150 dans le groupe ciprofloxacine et 17 femmes sur 150 dans le groupe cefpodoxime ont été perdues de vue. Les patients ont été randomisés pour recevoir soit 250 mg de ciprofloxacine par voie orale deux fois par jour pendant 3 jours, soit 100 mg de cefpodoxime proxétil par voie orale deux fois par jour pendant 3 jours.
La guérison clinique globale a été définie comme l’absence de besoin d’un traitement antimicrobien durant le suivi jusqu’à la visite de suivi de 30 jours. Les chercheurs avaient initialement supposé que le cefpodoxime serait non inférieur à la ciprofloxacine à l’intérieur d’une marge de 10% avant la collecte des données.
Ils ont constaté que le taux de guérison clinique global, en suivant l’approche en intention de traiter, était de 93% dans 139 des 150 patients du groupe ciprofloxacine, comparativement à 82% dans 123 des 150 patients du groupe cefpodoxime.
Le test de non-infériorité s’est révélé statistiquement non significatif. Les chercheurs ont effectué une analyse alternative en intention de traiter, considérant les patients perdus de vue comme non réactifs au traitement, révélant un taux de guérison clinique de 83% chez 124 des 150 patients du groupe ciprofloxacine contre 71% chez 106 des 150 patients du groupe cefpodoxime.
Le taux global de guérison clinique chez les femmes du groupe ciprofloxacine, qui n’avaient pas signalé d’infection urinaire antérieure au cours de l’année précédant l’inclusion, était de 96%, contre 83% dans le groupe cefpodoxime, une différence marginale qui n’a pas été observée chez les femmes ayant déclaré une ou plusieurs IVU dans l’année précédent l’inscription.
Les résultats concernant le taux de guérison clinique au premier suivi, en moyenne 5 jours après le traitement, étaient de 93% pour la ciprofloxacine contre 88% pour le cefpodoxime, tandis que le taux de guérison microbiologique lors de la première visite de suivi, en moyenne 5 jours après le traitement, était de 96% dans le groupe ciprofloxacine, contre 81% dans le groupe cefpodoxime.
Les chercheurs ont découvert qu’au premier suivi, 16% des femmes du groupe ciprofloxacine avaient une colonisation vaginale par E. coli, se traduisant par la présence d’organismes sur une surface ou dans un fluide corporel sans symptômes, contre 40% dans le groupe cefpodoxime. Selon les chercheurs, l’effet différentiel des deux traitements sur la colonisation vaginale par E. coli pourrait avoir influencé les écarts observés dans les résultats cliniques.
Ils commentent : « Parmi les femmes souffrant de cystite, un traitement de 3 jours par cefpodoxime par rapport à la ciprofloxacine n’a pas satisfait aux critères de non-infériorité pour atteindre une guérison clinique », ajoutant que ce résultat, ainsi que des préoccupations concernant les effets écologiques négatifs potentiels liés à d’autres antibiotiques à large spectre, les β-lactamines, dont le cefpodoxime fait partie, ne recommandent pas l’utilisation de cefpodoxime comme antimicrobien de première intention pour remplacer les fluoroquinolones dans les cas de cystite aiguë non compliquée.
Perspectives et nouvelles recherches
À la lumière des résultats de cette étude, il devient crucial de reconsidérer les options thérapeutiques pour les infections urinaires chez les femmes. Les chercheurs et cliniciens s’accordent à dire que l’évolution des résistances bactériennes nécessite une vigilance accrue. De nouvelles études se concentrent sur des alternatives comme les antibiotiques à spectre plus étroit et l’utilisation de probiotiques pour restaurer la flore vaginale après un traitement antibiotique. Des essais récents montrent que des traitements combinés, incluant des prébiotiques, pourraient améliorer les résultats cliniques tout en minimisant le risque de résistance. La recherche continue dans ce domaine promet de fournir des solutions plus efficaces et plus sûres pour le traitement de la cystite, garantissant ainsi la santé et le bien-être des femmes.
Écrit par Petra Rattue