Insuffisance Cardiaque : Les Dangers de la Thérapie par Cellules Souches

La thérapie par cellules souches est souvent perçue comme un traitement de «dernier recours» pour les patients souffrant d’insuffisance cardiaque en phase terminale. Cependant, une nouvelle étude met en lumière que ce traitement pourrait s’avérer plus nuisible qu’utile, particulièrement lorsqu’il implique des cellules souches cardiaques.

Illustration des cellules souches dans le traitement cardiaque

Les chercheurs ont révélé que l’utilisation des propres cellules souches cardiaques des patients pour réparer les tissus cardiaques endommagés peut non seulement manquer d’efficacité, mais également que ces cellules peuvent développer des propriétés inflammatoires, entraînant ainsi des lésions cardiaques supplémentaires.

Le professeur Jonathan Leor, directeur de l’étude à la faculté de médecine Sackler et au centre médical Sheba de l’université de Tel Aviv en Israël, et ses collègues ont récemment partagé leurs découvertes dans une publication scientifique.

Actuellement, aux États-Unis, environ 5,7 millions d’adultes vivent avec une insuffisance cardiaque. Cette condition se manifeste lorsque le cœur n’est plus capable de pomper suffisamment de sang riche en oxygène pour répondre aux besoins de l’organisme.

À l’heure actuelle, il n’existe pas de remède définitif contre l’insuffisance cardiaque. Dans certains cas, cette maladie peut être gérée par des médicaments et des changements de mode de vie. Toutefois, pour les personnes en phase terminale, les options de traitement se révèlent très limitées.

La transplantation cardiaque demeure le traitement de choix pour l’insuffisance cardiaque en phase terminale, mais l’offre de cœurs de donneurs est insuffisante pour répondre aux besoins des receveurs. Selon les données du Réseau de transplantation et d’approvisionnement en organes, plus de 3 900 patients attendent actuellement une transplantation cardiaque aux États-Unis, tandis que l’année précédente, 3 191 transplantations ont été réalisées.

Un traitement qui prend de l’ampleur chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque en phase terminale est la thérapie autologue à base de cellules souches. Cela consiste à utiliser les propres cellules souches du patient pour favoriser la régénération du muscle cardiaque ainsi que des cellules des vaisseaux sanguins.

Les cellules souches peuvent être prélevées soit dans la moelle osseuse, soit dans le tissu cardiaque du patient. Cependant, la nouvelle étude suggère que l’utilisation de cellules souches dérivées du tissu cardiaque pourrait causer plus de mal que de bien.

Les cellules souches cardiaques transplantées peuvent causer une inflammation

Le professeur Leor et son équipe ont tiré ces conclusions en isolant des cellules souches provenant du tissu cardiaque de souris ayant subi une dysfonction ventriculaire due à une crise cardiaque.

L’équipe a ensuite injecté ces cellules souches dans le cœur des souris et a évalué leurs effets sur le remodelage et la fonction cardiaque en comparaison avec une solution saline.

Au lieu de favoriser la réparation du tissu cardiaque endommagé, les chercheurs ont découvert que les cellules souches transplantées développaient des propriétés inflammatoires, ce qui peut aggraver les lésions cardiaques.

« Nous avons observé que, contrairement à la croyance populaire, les cellules souches tissulaires provenant de cœurs malades ne contribuent pas à la guérison du cœur après une lésion », explique le professeur Leor.

« De plus, nous avons constaté que ces cellules subissent l’influence d’un environnement inflammatoire et développent des caractéristiques inflammatoires. Les cellules souches affectées peuvent même aggraver les dommages au muscle cardiaque déjà compromis. »

De plus en plus de patients atteints d’insuffisance cardiaque en phase terminale se tournent vers la thérapie par cellules souches comme ultime recours, mais les chercheurs avertissent que ce traitement doit être abordé avec prudence.

« […] nos résultats indiquent que les cellules souches, à l’instar de tout médicament, peuvent engendrer des effets indésirables. Nous avons conclu que les cellules souches utilisées en cardiologie devraient provenir de donneurs sains ou être mieux conçues génétiquement pour le patient. »

Jonathan Leor

Restaurer l’état réparateur des cellules souches

Bien que ces résultats puissent être décevants pour de nombreux patients souffrant d’insuffisance cardiaque, cette étude a également permis de mettre en évidence des informations susceptibles d’améliorer la thérapie autologue à base de cellules souches.

En étudiant les cellules souches dérivées du tissu cardiaque de modèles murins et d’individus humains atteints de maladies cardiaques, l’équipe a pu identifier le gène responsable du développement de ces propriétés inflammatoires.

De plus, les chercheurs ont découvert que la suppression de ce gène, désigné sous le nom de TLR4, pouvait induire un état réparateur des cellules souches. Cette découverte pourrait potentiellement transformer la thérapie autologue à base de cellules souches chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque.

« Nos résultats soulignent les effets néfastes potentiels de l’inflammation sur la fonction des cellules souches telles qu’elles sont actuellement utilisées », explique le professeur Leor. « L’utilisation de cellules souches autologues issues de patients atteints de maladie cardiaque devrait être révisée. »

Apprenez comment un patch de cellules souches musculaires pourrait devenir une solution prometteuse pour traiter l’insuffisance cardiaque.

Nouvelles Perspectives de Recherche en 2024

En 2024, plusieurs études émergent, soulignant l’importance d’une approche individualisée dans le traitement de l’insuffisance cardiaque avec les cellules souches. Des recherches récentes montrent que l’optimisation des protocoles de prélèvement et l’utilisation de cellules souches mésenchymateuses, plutôt que cardiaques, pourraient offrir des résultats plus bénéfiques.

Des essais cliniques en cours examinent également l’impact de la thérapie génique combinée à la thérapie par cellules souches, avec des résultats prometteurs sur l’amélioration de la fonction cardiaque et la réduction de l’inflammation.

Les données de ces études suggèrent que la combinaison de traitements pourrait ouvrir la voie à de nouvelles options thérapeutiques, transformant ainsi la prise en charge des patients atteints d’insuffisance cardiaque et offrant un espoir renouvelé pour l’avenir.

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