Les patients souffrant d’apnée obstructive du sommeil (AOS) présentent un risque accru de développer une fibrillation auriculaire, une forme de rythme cardiaque irrégulier, selon des recherches récentes. Ces conclusions ont été mises en lumière par Mme Tetyana Kendzerska, Ph.D., de l’Université d’Ottawa, et son équipe, qui ont analysé les dossiers médicaux de plus de 8 000 adultes.
Les résultats de cette étude ont été présentés lors de la conférence de l’American Thoracic Society, tenue à Washington, D.C., en 2017. L’apnée obstructive du sommeil se caractérise par des interruptions de la respiration pendant le sommeil, causées par un blocage partiel ou total des voies respiratoires supérieures.
D’après l’American Sleep Apnea Association, plus de 22 millions de personnes aux États-Unis souffrent d’apnée du sommeil, l’AOS étant la forme la plus courante. Les patients atteints d’AOS sont souvent confrontés à des problèmes de pression artérielle élevée, un facteur de risque majeur pour les maladies cardiaques et d’autres affections cardiovasculaires.
Néanmoins, en ce qui concerne la fibrillation auriculaire, l’étude menée par le Dr Kendzerska révèle que le risque de développer cette condition semble plus élevé chez les patients atteints d’AOS, indépendamment des problèmes d’hypertension.
La fibrillation auriculaire est une affection qui se manifeste par un rythme cardiaque irrégulier, souvent rapide, augmentant le risque d’accidents vasculaires cérébraux, d’insuffisance cardiaque et d’autres complications graves.
Le niveau anormal de saturation en oxygène pendant le sommeil peut augmenter le risque d’A-fib
L’étude a porté sur 8 256 adultes, dont l’âge moyen était de 47 ans. Tous les participants avaient des antécédents d’AOS au début de l’étude, mais aucun n’avait été diagnostiqué avec une fibrillation auriculaire ou toute autre condition impliquant un rythme cardiaque irrégulier.
Les chercheurs ont examiné en détail les dossiers médicaux de chaque patient, en se concentrant sur les marqueurs de sévérité de l’AOS, notamment le nombre de pauses respiratoires survenues pendant chaque heure de sommeil et le temps durant lequel les patients avaient une saturation en oxygène inférieure à 90%.
Au cours d’une période de suivi médiane de 10 ans, 173 patients ont développé une fibrillation auriculaire nécessitant une hospitalisation. Les résultats ont montré que les patients présentant une saturation en oxygène anormale avaient un risque significativement plus élevé de développer une fibrillation auriculaire par rapport à ceux dont la saturation en oxygène était normale; le nombre de pauses respiratoires n’a pas semblé influencer ce risque.
Les chercheurs ont pris en compte de nombreux facteurs de risque, tels que l’âge, le sexe, le statut tabagique, et même la pression artérielle. « L’hypertension pourrait être un lien causal entre l’AOS et la fibrillation auriculaire, diminuant ainsi l’association entre ces deux affections », explique le Dr Kendzerska.
Elle ajoute : « Cependant, dans notre analyse secondaire, l’association entre la désaturation en oxygène et la fibrillation auriculaire reste significative, suggérant que l’AOS pourrait directement causer cette irrégularité sans passer par l’hypertension. »
Pourquoi l’AOS pourrait-elle augmenter le risque de fibrillation auriculaire ?
Bien que les chercheurs ne puissent pas encore expliquer les mécanismes précis reliant l’AOS à un risque accru de fibrillation auriculaire, le Dr Richard S. Leung, de l’Université de Toronto, propose quelques théories. Il mentionne que « des dysfonctionnements endothéliaux accrus, une tendance à développer une hypertension pulmonaire et systémique, ainsi qu’une altération des réponses cardiaques aux défis autonomes chez les femmes atteintes d’AOS pourraient expliquer ces résultats ». Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour valider ces hypothèses.
Les chercheurs reconnaissent certaines limites de leur étude, notamment l’absence de données sur l’observance des traitements par pression positive continue, le principal traitement pour les patients souffrant d’AOS. De plus, l’équipe n’a pas pu déterminer si les patients étaient sous traitement pour une hypertension.
Perspectives récentes sur l’apnée du sommeil et la santé cardiovasculaire
À la lumière des recherches les plus récentes, il devient crucial de prendre en compte l’impact de l’apnée obstructive du sommeil sur la santé cardiovasculaire. Selon une étude de 2024, environ 45% des patients atteints d’AOS présentent des signes de fibrillation auriculaire, soulignant l’importance d’une détection précoce et d’une gestion appropriée de cette affection. Les professionnels de santé doivent être vigilants et considérer l’AOS non seulement comme un trouble du sommeil, mais également comme un facteur de risque significatif pour des complications cardiaques graves.
Des recherches supplémentaires mettent en lumière l’importance d’une approche multidisciplinaire dans le traitement de l’AOS, impliquant des cardiologues et des pneumologues pour une évaluation globale des risques. En intégrant des techniques modernes de surveillance cardiaque et de traitement de l’apnée du sommeil, les patients peuvent potentiellement éviter des complications graves et améliorer leur qualité de vie.