Réduction de l’Espérance de Vie par AVC, Diabète et Crises Cardiaques

Selon une nouvelle étude, les antécédents de diabète, d’accident vasculaire cérébral ou de crise cardiaque peuvent réduire considérablement l’espérance de vie. La combinaison de deux ou plusieurs de ces troubles, définie comme la multimorbidité cardiométabolique, accentue encore cette réduction.

Une femme souffrant de douleurs thoraciques, illustrant les risques cardiaques.

John Danesh, co-auteur de l’étude et chercheur à l’Université de Cambridge au Royaume-Uni, et ses collègues, soulignent que la prévalence de la multimorbidité cardiométabolique est en forte augmentation. Environ 10 millions d’adultes aux États-Unis et dans l’Union européenne sont touchés, indiquent-ils.

Des recherches antérieures ont démontré qu’une histoire d’accident vasculaire cérébral, de crise cardiaque ou de diabète seul augmente le risque de mortalité. Cependant, peu d’études ont examiné l’impact de la coexistence de deux ou plusieurs de ces conditions sur l’espérance de vie.

Pour obtenir des estimations fiables, les études doivent comparer les personnes ayant une multimorbidité cardiométabolique à celles de cohortes similaires ne présentant aucune de ces conditions au début de l’étude.

« Cependant, peu de cohortes de population ont eu suffisamment de puissance, de détails et de longévité pour permettre de telles comparaisons », ajoutent-ils. « Notre objectif était de fournir des estimations fiables des associations entre multimorbidité cardiométabolique, mortalité et réduction de l’espérance de vie. »

L’équipe a analysé les données de la Collaboration Rick Factors émergente, impliquant 689 300 participants de cohortes menées entre 1960 et 2007, et les a comparées à celles de la Biobanque britannique, comprenant 499 808 participants de cohortes menées entre 2006 et 2010.

Les données de la Collaboration Rick Factors émergente ont révélé 128 843 décès, tandis que celles de la Biobanque britannique en comptaient 7 995.

Les chercheurs ont utilisé les données pour estimer les taux de mortalité chez les personnes ayant des antécédents de diabète, de crise cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral, ainsi que ceux ayant des antécédents de deux ou plusieurs de ces conditions, par rapport à ceux sans antécédent de ces maladies.

Les adultes atteints de multimorbidité cardiométabolique peuvent faire face à une réduction de 23 ans de l’espérance de vie

Comparativement aux participants n’ayant aucun antécédent de diabète, de crise cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral, ceux ayant un antécédent d’une de ces maladies présentent un double taux de mortalité. Le taux de mortalité augmente encore avec chaque condition supplémentaire.

Les participants ayant des antécédents de deux de ces conditions affichent un taux de décès quatre fois plus élevé, tandis que ceux qui souffrent des trois conditions voient leur taux de décès multiplié par huit.

Sur la base de ces résultats récemment publiés, l’équipe estime qu’une histoire de multimorbidité cardiométabolique est associée à une réduction de l’espérance de vie équivalente à celle causée par des habitudes tabagiques de longue durée ou le VIH, soit une diminution d’environ 10 à 11 ans.

À l’âge de 60 ans, par exemple, les chercheurs estiment qu’une personne ayant des antécédents de deux affections peut perdre jusqu’à 12 ans d’espérance de vie, tandis que pour ceux ayant des antécédents de trois conditions, cette réduction est estimée à 15 ans.

Pour les jeunes adultes ayant des antécédents de multimorbidité cardiométabolique, la perte d’espérance de vie pourrait être encore plus marquée. Les chercheurs estiment que les personnes de 40 ans ayant des antécédents de diabète, d’accident vasculaire cérébral et de crise cardiaque pourraient perdre environ 23 ans de vie.

En ajustant les résultats par sexe, l’équipe a constaté que l’association entre un antécédent d’accident vasculaire cérébral ou de crise cardiaque et l’espérance de vie réduite était plus forte chez les hommes que chez les femmes.

Globalement, les hommes sont susceptibles de connaître davantage d’années de vie perdues que les femmes en raison de la multimorbidité cardiométabolique. « Néanmoins, » notent-ils, « pour les hommes comme pour les femmes, nos résultats indiquent que les associations de multimorbidité cardiométabolique vont au-delà de la mortalité cardiovasculaire, et de futures recherches devront clarifier les raisons de ces interactions selon le sexe. »

En commentant leurs conclusions, les chercheurs affirment :

« Nos résultats soulignent la nécessité d’un équilibre entre la prévention primaire et la prévention secondaire des maladies cardiovasculaires. »

Environ 1 % des participants des cohortes étudiées souffraient de multimorbidité cardiométabolique, contre une estimation de 3 % d’après des enquêtes récentes aux États-Unis. Toutefois, accorder une trop grande importance à la réduction substantielle de l’espérance de vie estimée pour cette sous-population pourrait détourner les ressources des stratégies globales visant à améliorer la santé de la majorité de la population.

Les maladies cardiovasculaires, telles que les AVC, peuvent non seulement réduire l’espérance de vie. Une étude récente a suggéré qu’un AVC pourrait entraîner une perte de la fonction cognitive équivalente à un vieillissement du cerveau de 8 ans, et ce, presque instantanément.

Nouvelles Perspectives sur la Multimorbidité Cardiometabolique

À la lumière des recherches récentes, il est crucial d’explorer davantage la multimorbidité cardiométabolique. Les études récentes ont mis en évidence l’importance de la détection précoce et du traitement des facteurs de risque. Par exemple, une étude de 2023 a révélé que les interventions sur le mode de vie, comme l’exercice régulier et une alimentation équilibrée, peuvent réduire significativement le risque de développer des maladies cardiovasculaires et métaboliques.

De plus, la recherche sur les biomarqueurs de risque a fait des avancées notables. Les tests sanguins pour détecter des marqueurs inflammatoires et métaboliques peuvent aider à identifier les individus à haut risque avant l’apparition des symptômes cliniques. L’intégration de ces tests dans les soins de santé préventifs pourrait transformer le paysage de la gestion des maladies chroniques.

Enfin, il est impératif d’adopter une approche multidisciplinaire pour traiter la multimorbidité. Les collaborations entre médecins généralistes, cardiologues, endocrinologues et diététiciens peuvent offrir une prise en charge plus complète et personnalisée, améliorant ainsi les résultats pour les patients.

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