Une étude à long terme incluant plus de 3 000 participants a révélé une découverte surprenante : les hommes blancs qui consacrent plus de 7 heures à faire de l’exercice chaque semaine présentent un risque accru de développer une calcification de l’artère coronaire.
La calcification de l’artère coronaire (CAC) est une condition où une accumulation de plaque se forme dans les artères principales qui alimentent le cœur en sang.
Cette condition peut entraîner divers problèmes cardiovasculaires, engendrant une circulation sanguine déficiente vers et depuis le cœur, selon la gravité de l’accumulation de plaque dans les artères.
D’après les données disponibles, les CAC sont plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes et se développent généralement avec l’âge. Les populations à risque de développer des PCA incluent les personnes ayant un indice de masse corporelle (IMC) élevé, celles souffrant d’hypertension, ainsi que les individus atteints d’insuffisance rénale chronique.
Une récente étude menée par des chercheurs de l’Université de l’Illinois à Chicago (UIC) et le Kaiser Permanente à Oakland, en Californie, s’est penchée sur l’impact de l’exercice physique sur la probabilité de développer des CAC.
Le Dr Deepika Laddu, de l’UIC, et ses collègues ont fait des découvertes inattendues, rapportées plus tôt cette semaine dans une publication scientifique.
Plus d’exercice lié à un risque accru de CAC
L’équipe a recruté 5 115 participants dans le cadre de l’étude sur le développement du risque coronarien chez les jeunes adultes, entre mars 1985 et juin 1986. La cohorte initiale comprenait des hommes et des femmes noirs et blancs, tous âgés de 18 à 30 ans.
En raison de données médicales incomplètes, l’analyse finale a été réalisée sur les informations provenant de 3 175 participants de la cohorte initiale.
Les participants ont été suivis pendant 25 ans, jusqu’en 2011. Ils ont subi huit examens au cours de cette période et ont rempli des questionnaires indiquant leur niveau d’activité physique lors d’au moins trois occasions.
Les participants ont été classés en trois catégories en fonction de leurs niveaux d’activité physique :
- Trajectoire un : personnes ayant exercé moins de 150 minutes (2,5 heures) par semaine, en dessous des recommandations nationales en matière d’activité physique.
- Trajectoire deux : participants respectant les recommandations en s’entraînant pendant 150 minutes par semaine.
- Trajectoire trois : individus dépassant les recommandations nationales avec plus de 450 minutes (7,5 heures) d’exercice hebdomadaire.
À leur grande surprise, les chercheurs ont découvert que les participants ayant les niveaux d’activité physique les plus élevés (trajectoire trois) étaient 27% plus susceptibles de développer des PCA à l’âge mûr par rapport à ceux qui faisaient moins de deux heures et demie d’exercice par semaine.
« Nous nous attendions à ce que des niveaux plus élevés d’activité physique soient associés à des niveaux plus faibles de CAC », admet le Dr Laddu.
Les hommes blancs les plus à risque
Le développement des CAC a été évalué lors de la dernière année de l’étude, alors que les participants étaient âgés de 43 à 55 ans. Des tomodensitogrammes thoraciques ont été utilisés pour cette analyse.
Après avoir examiné les données en fonction de la race et du sexe, l’équipe a constaté que le groupe le plus à risque était constitué d’hommes blancs, qui étaient 86% plus susceptibles de développer des CAC que leurs homologues.
Les hommes noirs dans la trajectoire trois n’affichaient pas de risque significatif, tout comme les femmes, indépendamment de leur origine raciale.
Selon les chercheurs, l’originalité de cette étude réside dans sa durée (25 ans), permettant de cartographier le risque de CAC en fonction des habitudes d’exercice des jeunes jusqu’à l’âge adulte.
« Les résultats montrent une différence significative de risque entre les participants noirs et blancs en fonction de leurs trajectoires d’exercice à long terme, justifiant ainsi des études plus approfondies, notamment par race, sur les mécanismes biologiques associés au risque de PCA chez les individus très actifs », déclare le Dr Deepika Laddu.
Malgré ces résultats, les chercheurs soulignent qu’une exploration plus poussée est nécessaire pour bien comprendre les implications.
« Des niveaux élevés d’exercice dans le temps peuvent engendrer du stress sur les artères, menant à une CAC plus élevée », souligne le Dr Jamal Rana, coauteur de l’étude au Kaiser Permanente, « mais cette accumulation de plaque pourrait être plus stable, et donc moins susceptible de se rompre et de provoquer une crise cardiaque, ce qui n’a pas été évalué dans cette étude. »
Les nouvelles découvertes ne doivent pas être interprétées comme une raison d’abandonner l’exercice, ajoute le Dr Laddu.
Suite à cette étude, les chercheurs prévoient d’explorer la probabilité d’autres résultats, comme le risque de crise cardiaque.
Les auteurs concluent : « Collectivement, ces données suggèrent que les mécanismes biologiques associés à l’augmentation des PCA et à des niveaux élevés d’activité physique méritent une évaluation plus approfondie. »
« De même », ajoutent-ils, « l’impact de niveaux légèrement plus élevés de CAC chez les individus vieillissants et très actifs sur les résultats cardiovasculaires mérite également une attention accrue. »
Nouvelles Perspectives et Recherches Futures
À la lumière de ces résultats, il est crucial de reconsidérer nos approches en matière de santé cardiovasculaire et d’exercice. Les chercheurs envisagent d’explorer comment l’intensité et le type d’exercice influencent le développement des CAC. Par exemple, des études récentes indiquent que les exercices de résistance, en plus des activités cardiovasculaires, pourraient avoir des effets bénéfiques sur la santé artérielle.
De plus, une analyse des habitudes alimentaires et de leur interaction avec l’exercice physique pourrait fournir des informations précieuses. Une alimentation riche en antioxydants et en acides gras oméga-3 pourrait contrer certains des effets négatifs potentiels d’un exercice excessif.
À mesure que nous avançons, il est essentiel de sensibiliser le public à l’importance d’un équilibre dans le mode de vie actif. L’exercice reste un pilier fondamental de la santé, mais il doit être pratiqué avec discernement. Le bien-être cardiovasculaire nécessite une approche holistique, intégrant activité physique, nutrition et suivi médical régulier.