Beaucoup d’entre nous utilisent couramment des analgésiques pour étouffer le mal de tête commun ou soulager les maux de dos. Cependant, il a été constaté que même l’ibuprofène (Advil, Medipren, Motrin, Nurofen, PediaCare) peut tripler le risque d’AVC, tandis que des médicaments tels que le rofécoxib (Vioxx) et le lumiracoxib (Prexige) peuvent doubler les chances de crise cardiaque. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont fréquemment prescrits pour traiter l’inflammation liée à l’arthrite et d’autres affections, comme les tendinites et les bursites.
La douleur, la fièvre et l’inflammation sont en grande partie causées par la libération de substances chimiques appelées prostaglandines. L’ibuprofène, par exemple, bloque l’enzyme qui produit ces prostaglandines (cyclo-oxygénase), conduisant à une diminution de leur taux. En conséquence, l’inflammation, la douleur et la fièvre sont considérablement réduites.
Une étude récente publiée dans le British Medical Journal a examiné l’impact de l’inclusion des AINS traditionnels et des inhibiteurs de la COX-2 sur le risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral.
Il est essentiel que les médecins et les patients soient conscients que la prescription de tout anti-inflammatoire doit prendre en compte les risques cardiovasculaires potentiels.
Les chercheurs suisses de l’étude affirment :
« Notre étude fournit les meilleures données disponibles sur la sécurité de cette classe de médicaments. Bien que des incertitudes subsistent, peu de preuves suggèrent que l’un des médicaments étudiés soit sans danger d’un point de vue cardiovasculaire. Il est crucial de considérer le risque cardiovasculaire lors de la prescription d’un anti-inflammatoire non stéroïdien. «
Les scientifiques ont effectué une analyse de tous les essais contrôlés randomisés comparant les AINS à d’autres AINS ou à un placebo. Au total, trente et un essais ont été réalisés sur 116 429 patients.
Comparativement au placebo, le rofécoxib et le lumiracoxib présentaient un risque deux fois plus élevé de provoquer une crise cardiaque, tandis que l’ibuprofène était associé à un risque accru de plus de trois fois d’AVC. De plus, l’étoricoxib (Arcoxia) et le diclofénac (Rufenal) étaient liés à un risque quatre fois supérieur de décès cardiovasculaire.
En 2004, l’inhibiteur de la COX-2, le rofécoxib, a été retiré du marché après qu’un essai ait démontré que ce médicament augmentait le risque de maladies cardiovasculaires. Depuis lors, de nombreux débats ont eu lieu concernant la sécurité cardiovasculaire des inhibiteurs de la COX-2 et des AINS traditionnels, une question que plusieurs études n’ont pas pu résoudre.
De nombreux patients souffrent à la fois de maladies cardiovasculaires et de troubles musculo-squelettiques, rendant l’utilisation des AINS à la fois nécessaire et controversée. D’autres professionnels de la santé estiment qu’il est temps d’explorer un plus large éventail d’alternatives.
Nouvelles Perspectives sur la Sécurité des AINS en 2024
Des recherches récentes ont révélé que l’utilisation des AINS pourrait être associée à des complications cardiovasculaires encore plus préoccupantes. Une étude menée en 2024 a montré que l’ibuprofène, lorsqu’il est pris à forte dose sur de longues périodes, pourrait augmenter les risques d’événements thromboemboliques, ce qui soulève des questions sur sa prescription à long terme.
Les données suggèrent également que les patients âgés ou ceux ayant des antécédents de maladies cardiaques doivent être particulièrement prudents. En parallèle, il est recommandé de privilégier des approches alternatives pour la gestion de la douleur, telles que la physiothérapie ou la prise de médicaments non AINS, lorsque cela est possible.
Enfin, une étude menée par le Professeur Peter Jüni, Chef de Division à l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Berne, a mis en lumière l’importance d’individualiser le traitement, en tenant compte non seulement de la douleur du patient, mais aussi de son profil cardiovasculaire.
Écrit par Sy Kraft, B.A.