L’obésité a été officiellement reconnue comme une maladie par l’American Medical Association, une décision marquante qui pourrait réorienter les priorités de santé des médecins et des compagnies d’assurance pour atténuer ses effets dévastateurs.
Cette décision a été adoptée lors de la réunion annuelle de l’AMA à Chicago, mardi, et a été prise en dépit des recommandations d’un comité qui avait analysé la question.
Le Dr Patrice Harris, membre du conseil d’administration de l’association, a souligné dans une déclaration : « Reconnaître l’obésité comme une maladie aidera à transformer la manière dont la communauté médicale aborde ce problème complexe qui touche environ un Américain sur trois. »
Ce changement est crucial dans la lutte contre les maladies associées à l’obésité, telles que le diabète de type 2 et les maladies cardiaques. Il pourrait également faciliter le financement des traitements contre l’obésité, y compris les médicaments, la chirurgie et le conseil.
Le débat sur la classification de l’obésité comme maladie n’est pas nouveau. En 2008, la Société de l’obésité a affirmé son soutien à cette reconnaissance. De plus, en 2004, Medicare a modifié son manuel de couverture pour ne plus affirmer que l’obésité n’était pas une maladie, tandis que l’Internal Revenue Service a autorisé les déductions fiscales pour les traitements de l’obésité.
Le vote récent de la Chambre des délégués de l’AMA a remis en question les conclusions du Conseil sur la science et la santé publique de l’association, qui avait examiné ce sujet l’année précédente.
Ce conseil avait émis des réserves, affirmant que l’indice de masse corporelle (IMC), utilisé pour évaluer l’obésité, était problématique. En effet, des recherches indiquent que l’IMC ne mesure pas avec précision la composition corporelle, car il ne fait pas la distinction entre la graisse et le muscle.
Il est également important de noter que de nombreuses personnes avec un IMC élevé peuvent être en bonne santé, tandis que d’autres avec un IMC normal peuvent souffrir de problèmes métaboliques graves.
Le conseil a déclaré :
« Étant donné les limitations existantes de l’IMC pour diagnostiquer l’obésité dans la pratique clinique, il est incertain que la reconnaissance de l’obésité comme une maladie, plutôt que comme une ‘condition’ ou un ‘trouble’, conduira à de meilleurs résultats pour la santé. »
Un des arguments en faveur de cette nouvelle classification est qu’elle pourrait réduire la stigmatisation associée à l’obésité, souvent perçue comme le résultat d’une mauvaise alimentation et d’un manque d’exercice. Les experts soulignent que certaines personnes ne contrôlent pas entièrement leur poids.
De plus, le Conseil reconnaît que l’obésité satisfait à certains critères médicaux d’une maladie, comme l’impact sur la fonction corporelle.
Cependant, ceux qui s’opposent à cette nouvelle classification craignent que cela ne stigmatise un tiers des Américains comme malades et n’entraîne une augmentation des traitements coûteux, tels que les médicaments et la chirurgie, au lieu de privilégier des changements de mode de vie.
Les délégués ont rejeté les conclusions du conseil d’étude et ont voté en faveur de la résolution, soutenue par l’American College of Cardiology et l’American Association of Clinical Endocrinologists.
La résolution a déclaré :
« Suggérer que l’obésité n’est pas une maladie, mais plutôt une conséquence d’un mode de vie maladroit, équivaut à dire que le cancer du poumon n’est pas une maladie car il est causé par le choix individuel de fumer. »
Selon un rapport de la Fondation Robert Wood Johnson et de Trust for America’s Health, publié en août dernier, les taux d’obésité en Amérique sont restés stables pour la première fois depuis 1980.
### Perspectives Récentes sur l’Obésité et la Santé en 2024
À l’approche de 2024, les recherches sur l’obésité continuent de progresser, mettant en lumière des aspects souvent négligés de cette condition. Une étude récente a révélé que les facteurs génétiques jouent un rôle significatif dans le développement de l’obésité, avec des implications pour la prévention et le traitement. En particulier, des variants génétiques spécifiques ont été associés à des comportements alimentaires désordonnés, ce qui souligne l’importance d’une approche individualisée dans le traitement de l’obésité.
De plus, des données de l’Organisation mondiale de la santé indiquent une augmentation alarmante de l’obésité infantile, ce qui pourrait avoir des conséquences à long terme sur la santé publique. Les experts plaident pour des programmes d’éducation nutritionnelle dans les écoles et une promotion active de l’activité physique dès le plus jeune âge.
Enfin, de nouvelles thérapies pharmacologiques, notamment des médicaments agissant sur les hormones régulant l’appétit, sont en cours d’évaluation. Ces traitements pourraient offrir une alternative aux interventions chirurgicales et améliorer les résultats pour de nombreux patients.
Il est donc crucial que la communauté médicale adapte ses stratégies pour répondre à cette épidémie croissante, en se basant sur les dernières recherches et en intégrant des approches holistiques pour traiter l’obésité.