Le cannabis semble avoir un impact significatif sur la reconnaissance et le traitement des émotions humaines, telles que le bonheur, la tristesse et la colère, selon une étude publiée dans une revue spécialisée.
Les scientifiques commencent seulement à comprendre comment le cannabis affecte le cerveau et ses fonctions émotionnelles. La consommation de cannabis est reconnue pour provoquer des changements immédiats, résiduels et à long terme dans l’activité cérébrale, affectant l’appétit, le sommeil, la fonction exécutive et le comportement émotionnel.
Des preuves contradictoires suggèrent que le cannabis peut intensifier les états d’humeur, qu’ils soient positifs ou négatifs.
Lucy Troup, professeure adjointe de psychologie à la Colorado State University, accompagnée de ses étudiants diplômés, a voulu explorer l’impact de l’usage du cannabis sur la capacité d’une personne à traiter ses émotions.
Pendant près de deux ans, l’équipe a mené des expériences en utilisant un électroencéphalogramme (EEG) pour mesurer les activités cérébrales d’environ 70 volontaires. Tous les participants se sont identifiés comme utilisateurs chroniques, modérés, ou non-utilisateurs de cannabis, et ont été reconnus comme des utilisateurs légitimes de marijuana conformément à l’Amendement 64 du Colorado.
Un EEG peut enregistrer une grande variété d’activité cérébrale généralisée. Dans cette étude, les chercheurs l’ont utilisé pour mesurer le « potentiel lié à l’événement P3 » des participants.
Le P3 fait référence à l’activité électrique dans le cerveau déclenchée par l’activation visuelle. Cette activité est connue pour être liée à l’attention dans le traitement émotionnel.
L’usage de la marijuana peut réduire la capacité d’empathie
Lorsqu’ils étaient connectés à un EEG, les participants ont réagi à des visages affichant quatre expressions distinctes : neutre, heureux, craintif et en colère. L’équipe a recueilli des données P3 qui ont capturé les réactions dans certaines parties du cerveau lorsque les sujets se concentraient sur ces visages.
Les utilisateurs de cannabis ont montré des réponses plus intenses aux visages affichant des expressions négatives, en particulier ceux en colère, par rapport aux témoins. En revanche, leur réaction aux expressions positives, représentées par des visages heureux, était bien moins marquée que celle des contrôles.
Peu de différences ont été observées entre les réactions des consommateurs de cannabis et des non-utilisateurs lorsqu’on leur demandait de prêter attention à l’émotion et de l’identifier « explicitement ».
Cependant, les utilisateurs de cannabis obtenaient des scores inférieurs dans une tâche qui consistait à se concentrer sur le sexe du visage puis à identifier l’émotion. Cela suggère une capacité réduite à identifier « implicitement » les émotions, ainsi qu’à faire preuve d’empathie à un niveau émotionnel plus profond.
Les chercheurs concluent que le cannabis affecte la capacité du cerveau à traiter les émotions, mais que ce dernier peut compenser ces effets selon que les émotions sont détectées explicitement ou implicitement.
Commentaires de Troup :
« Nous ne prenons pas de position pro ou anti, mais nous voulons juste savoir, que fait-il ? Il s’agit vraiment de donner un sens à cela. »
Elle précise que le but de ce paradigme de traitement émotionnel était de déterminer si les réactions des consommateurs de cannabis diffèrent de celles des non-consommateurs.
Dans d’autres études, Troup examine les effets du cannabis sur des troubles de l’humeur tels que la dépression et l’anxiété, tandis qu’un membre de son équipe se penche sur l’impact du cannabis sur l’apprentissage.
Des recherches récentes ont également rapporté que la consommation de cannabis pourrait exposer davantage les jeunes à des risques de schizophrénie.
Nouvelles Perspectives de Recherche en 2024
À l’horizon 2024, plusieurs études émergent, mettant en lumière des éléments cruciaux concernant la consommation de cannabis et son interaction avec les émotions. Une étude récente a révélé que l’usage régulier de cannabis pourrait être corrélé à des niveaux accrus d’anxiété chez les jeunes adultes, ce qui soulève des questions sur l’impact à long terme de cette substance sur la santé mentale.
De plus, des chercheurs de l’Université de Yale ont découvert que les individus qui consomment du cannabis ont tendance à éprouver des difficultés accrues à faire face au stress, ce qui pourrait aggraver les problèmes émotionnels préexistants. Ces résultats soulignent l’importance d’une approche personnalisée dans le traitement des utilisateurs de cannabis, en tenant compte de leurs antécédents émotionnels.
Enfin, une étude de l’Université de Californie a démontré que la consommation de cannabis pourrait influencer la manière dont les individus perçoivent les expressions faciales, ce qui pourrait avoir des implications significatives pour la compréhension des relations interpersonnelles chez les consommateurs réguliers.