Impact de la Caféine sur le Diagnostic et le Traitement de l’Hypertension

Si vous devez subir un test de pression artérielle dans les deux jours à venir, il serait sage de mettre de côté votre tasse de café. Une recherche récente a révélé que même une consommation occasionnelle de café peut interférer avec l’efficacité des médicaments destinés à réduire la tension artérielle.

Café et haricots dans une tasse de café fraîchement préparé

Le café est une boisson prisée à travers le monde. Aux États-Unis, plus de 50 % de la population en consomme, ce qui représente environ 40 milliards de dollars par an.

Des études ont montré que le café contenant de la caféine peut augmenter la pression artérielle, contrairement à son équivalent décaféiné. Ainsi, la caféine semble jouer un rôle significatif dans les niveaux de pression artérielle, et les experts la considèrent comme un facteur déclencheur potentiel d’événements cardiovasculaires.

Cependant, les consommateurs réguliers de café et de caféine ne sont pas nécessairement exposés à un risque accru, car ils développent une tolérance au fil du temps. Cela sous-entend que la fréquence de consommation pourrait avoir un impact sur les effets observés.

Pour les buveurs occasionnels, la situation pourrait être tout autre.

Comment le café affecte-t-il un test de pression artérielle?

Une étude menée par une équipe de l’Université Western et du Lawson Health Research Institute de Londres, en Ontario, a mis en lumière des résultats étonnants sur l’impact de la consommation sporadique de café sur la tension artérielle.

Les inhibiteurs des canaux calciques, comme la félodipine, sont des médicaments couramment prescrits pour gérer l’hypertension. Ces médicaments dilatent les vaisseaux sanguins, facilitant ainsi la circulation sanguine et réduisant la pression artérielle.

Sous la direction du Dr David Bailey, chercheur à l’École de médecine et de dentisterie Schulich de l’Ouest, l’équipe a voulu explorer les effets de l’élimination de la caféine du système sur la pression artérielle.

Ils avaient l’hypothèse que l’absence de caféine suivie de sa consommation pourrait annuler les effets bénéfiques de la félodipine.

Boire du café après une pause augmente la pression artérielle

Pour tester cette hypothèse, ils ont recruté 13 participants, d’âge moyen de 52 ans, tous ayant une tension artérielle normale. Trois tests ont été réalisés avec des intervalles d’une semaine entre chacun. Avant chaque test, les participants ne devaient consommer ni café, ni produits contenant de la caféine, ni alcool, ni pamplemousse, ni marmelade, ni tabac, ni médicaments pendant 48 heures.

Les participants ont ensuite été soumis à trois scénarios différents :

  • Deux tasses de 300 millilitres de café noir
  • La dose maximale recommandée de félodipine (10 mg)
  • Le café accompagné d’une dose de félodipine.

Les résultats ont montré qu’après seulement deux jours sans café, la consommation de café entraînait une augmentation de la pression artérielle. En effet, après une seule tasse, le groupe ayant bu du café a présenté l’augmentation la plus marquée de la pression artérielle, qui a perduré plusieurs heures.

L’association du café et de la félodipine a engendré des niveaux de pression artérielle plus élevés que la prise de félodipine seule. Les chercheurs expliquent que cela pourrait être dû à l’interférence de la caféine avec l’effet positif du médicament sur les vaisseaux sanguins.

Ils soulignent qu’une simple tasse de café le matin pourrait influencer le diagnostic et le traitement de l’hypertension. « Même une tasse contenant une quantité modérée de caféine compromet de manière significative l’effet antihypertenseur de ce médicament à la dose maximale recommandée. Pour contrer l’effet du café, il faudrait doubler la dose de ce médicament, ce qui pourrait entraîner un risque accru d’effets indésirables, particulièrement pendant les périodes d’abstinence de café. », a affirmé le Dr. David Bailey.

Le Dr Bailey s’inquiète que si un patient consomme du café juste avant une consultation médicale, cela pourrait compliquer le diagnostic et la gestion de son hypertension. Une élévation aiguë de la pression artérielle pourrait amener à une surprescription de médicaments antihypertenseurs.

Il précise qu’entre 15 et 20 % des buveurs de café le consomment de manière occasionnelle. Ceux qui en boivent deux fois par semaine ou moins peuvent présenter une élévation temporaire de la pression artérielle, et cette réponse peut varier d’un individu à l’autre.

Il est à noter que les recommandations nationales et internationales sur l’hypertension ne prennent pas en compte l’impact du café, probablement en raison d’un manque de données probantes.

Le Dr Bailey espère que de futures recherches permettront de mieux comprendre ce phénomène et que les buveurs occasionnels de café seront davantage conscients des risques encourus.

Nouveaux développements dans la recherche sur la caféine et l’hypertension

En 2024, plusieurs études supplémentaires se penchent sur le lien entre la caféine et l’hypertension, cherchant à établir des recommandations plus précises pour les consommateurs occasionnels. Les chercheurs ont récemment mis en lumière que la sensibilité à la caféine peut varier considérablement d’une personne à l’autre, influençant ainsi les réponses cardiovasculaires. Des travaux récents ont également exploré les mécanismes par lesquels la caféine affecte la régulation de la pression artérielle, notamment en examinant son interaction avec les systèmes hormonaux et neurologiques.

Une étude menée sur un échantillon plus large de la population a montré que les individus avec des antécédents familiaux d’hypertension peuvent être particulièrement sensibles aux effets de la caféine. Ainsi, la recommandation de limiter la consommation de café pourrait s’avérer bénéfique pour ces groupes spécifiques.

À l’avenir, une meilleure compréhension des effets de la caféine sur la pression artérielle pourrait conduire à des lignes directrices plus personnalisées, tenant compte des habitudes de consommation individuelles et des facteurs de risque associés, rendant ainsi la gestion de l’hypertension plus efficace et ciblée.

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