Les Effets de la Marijuana : Avantages et Risques

Selon les National Institutes of Health, la marijuana, ou cannabis, est utilisée depuis plus de 3 000 ans pour soulager divers maux. Pourtant, la Food and Drug Administration n’a pas encore reconnu la marijuana comme étant sûre ou efficace pour traiter des conditions médicales spécifiques.

Un homme tenant une feuille de marijuana

Cette discordance entre la perception populaire de la marijuana comme un traitement potentiel pour de nombreuses maladies et le manque de preuves scientifiques solides sur ses effets s’est intensifiée avec la tendance à la légalisation.

Actuellement, 29 États et le District de Columbia autorisent la marijuana à des fins médicales, et dans certains cas, à des fins récréatives.

Une étude récente a révélé une augmentation significative de la consommation de marijuana à travers les États-Unis. Bien que cette hausse ne puisse pas être directement attribuée à la légalisation, elle soulève d’importantes préoccupations en matière de santé publique.

Cet article se penche sur les données scientifiques qui évaluent les bienfaits médicaux de la marijuana, tout en considérant les risques pour la santé qui y sont associés, afin de répondre à la question : la marijuana est-elle bénéfique ou nuisible ?

Quels sont les avantages médicaux de la marijuana ?

Au fil des ans, plusieurs études ont suggéré que la marijuana pourrait avoir des effets bénéfiques dans le traitement de certaines affections. Voici quelques domaines où l’on observe des résultats prometteurs :

La douleur chronique

L’an dernier, une vaste revue des Académies nationales des sciences, de l’ingénierie et de la médecine a analysé plus de 10 000 études sur les effets médicaux et les effets secondaires de la marijuana.

L’un des points clés de ce rapport était l’utilisation de la marijuana médicale pour traiter la douleur chronique, un problème de santé majeur qui touche plus de 25 millions d’adultes aux États-Unis.

L’examen a révélé que la marijuana, ainsi que les produits contenant des cannabinoïdes – les composants actifs de la plante – étaient efficaces pour soulager la douleur chronique.

Alcoolisme et toxicomanie

Une autre étude approfondie, publiée l’année dernière, a montré que la marijuana pouvait aider les individus souffrant de dépendance à l’alcool ou aux opioïdes à lutter contre leur addictive. Cependant, cette conclusion est sujette à débat ; la revue des Académies nationales des sciences a également noté que l’usage de marijuana pourrait augmenter le risque d’abus d’autres substances.

De plus, plus la consommation de marijuana est élevée, plus le risque de développer une dépendance à la marijuana elle-même augmente. Les utilisateurs précoces sont également plus susceptibles de rencontrer des problèmes de consommation.

Dépression, trouble de stress post-traumatique et anxiété sociale

Une revue récente a exploré la littérature scientifique sur l’utilisation de la marijuana pour traiter les symptômes de maladies mentales.

Un homme se sent déprimé

Les auteurs ont trouvé des preuves soutenant l’utilisation de la marijuana pour soulager la dépression et les symptômes du syndrome de stress post-traumatique. Toutefois, ils mettent en garde que la marijuana n’est pas un traitement approprié pour d’autres troubles mentaux, comme le trouble bipolaire ou la psychose.

Il existe des indications selon lesquelles la marijuana pourrait soulager l’anxiété sociale, mais cela est en partie contredit par d’autres études qui montrent que les utilisateurs réguliers de marijuana pourraient en réalité avoir un risque accru d’anxiété sociale.

Cancer

Des recherches montrent que les cannabinoïdes oraux peuvent être efficaces contre les nausées et vomissements induits par la chimiothérapie, et certaines petites études ont observé que la marijuana fumée pouvait également apporter un soulagement.

Certaines études sur les cellules cancéreuses suggèrent que les cannabinoïdes pourraient ralentir la croissance, voire tuer certains types de cancer. Cependant, les premières études chez l’homme ont montré que, bien que les cannabinoïdes soient sûrs en tant que traitement, ils ne sont pas efficaces pour contrôler ou guérir le cancer.

Sclérose en plaques

L’utilisation à court terme de cannabinoïdes oraux peut améliorer les symptômes de spasticité chez les personnes atteintes de sclérose en plaques, bien que ces effets soient considérés comme modestes.

Épilepsie

Une étude menée en 2017 a découvert qu’un composé de marijuana, le cannabidiol, était efficace pour réduire les crises chez les enfants atteints du syndrome de Dravet, une forme rare d’épilepsie.

Les crises liées au syndrome de Dravet sont longues, récurrentes et potentiellement mortelles. En fait, un enfant sur cinq atteint de ce syndrome ne survit pas jusqu’à l’âge de 20 ans.

Dans cette étude, 120 enfants et adolescents de 2 à 18 ans ont été répartis aléatoirement pour recevoir une solution orale de cannabidiol ou un placebo pendant 14 semaines, tout en continuant leurs traitements habituels.

IRM du cerveau

Les chercheurs ont constaté une réduction significative des crises parmi les enfants recevant le cannabidiol, passant d’environ 12 crises par mois à une moyenne de six. Trois enfants traités au cannabidiol n’ont eu aucune crise.

Les enfants du groupe placebo ont également montré une légère diminution des crises, avec une moyenne de 15 à 14 crises par mois. Cependant, la réduction de 39 % observée dans le groupe cannabidiol fournit des preuves solides de l’efficacité de ce composé pour les enfants atteints du syndrome de Dravet, représentant les premières données scientifiques rigoureuses à cet égard.

Cependant, l’étude a également noté un taux élevé d’effets secondaires chez les enfants traités au cannabidiol, avec plus de 90 % d’entre eux rapportant des effets indésirables tels que des vomissements, de la fatigue ou de la fièvre.

Quels sont les risques pour la santé de la marijuana ?

À l’opposé, de nombreuses études ont mis en évidence des associations négatives entre la consommation de marijuana et divers problèmes de santé. Voici quelques-uns des principaux risques identifiés :

Problèmes de santé mentale

Il est largement admis que l’usage quotidien de marijuana peut aggraver les symptômes du trouble bipolaire chez les personnes atteintes de cette maladie. Toutefois, le rapport des Académies nationales des sciences, de l’ingénierie et de la médecine indique qu’il existe seulement des preuves limitées d’un lien entre la consommation de marijuana et le développement du trouble bipolaire chez les personnes sans antécédents de cette maladie.

Des preuves modérées suggèrent que les utilisateurs réguliers de marijuana sont plus susceptibles d’avoir des pensées suicidaires, et il existe un léger risque accru de dépression associé à la consommation de marijuana.

De plus, l’usage de marijuana pourrait augmenter le risque de psychose, y compris la schizophrénie. Fait intéressant, certaines études montrent qu’un passé d’utilisation de marijuana pourrait être associé à de meilleures performances dans des tests d’apprentissage et de mémoire chez les personnes atteintes de schizophrénie.

Cancer des testicules

Bien qu’aucune preuve n’indique un lien direct entre la consommation de marijuana et un risque accru de cancer, les Académies nationales des sciences ont identifié une possible augmentation du risque pour un sous-type de cancer du testicule à croissance lente.

Maladie respiratoire

Une consommation régulière de marijuana est associée à un risque accru de toux chronique, mais il n’est pas encore clair si fumer de la marijuana détériore la fonction pulmonaire ou augmente le risque de bronchopneumopathie chronique obstructive ou d’asthme.

Une étude de 2014 a exploré la relation entre l’utilisation de la marijuana et la maladie pulmonaire, suggérant qu’il est plausible que fumer de la marijuana puisse contribuer au cancer du poumon, bien qu’il soit difficile d’établir un lien direct.

Les auteurs de cette étude concluent que : « Il existe des preuves indéniables que fumer de la marijuana régulièrement n’est pas inoffensif. Il convient d’être prudent concernant l’usage régulier de marijuana à forte dose. »

Ils ajoutent que « l’usage médical de la marijuana n’est probablement pas nocif pour les poumons à faibles doses cumulatives », mais qu’il est essentiel de définir une limite de dose, car l’usage récréatif diffère de l’usage médical et devrait être découragé. »

Alors, la marijuana est-elle bonne ou mauvaise pour votre santé ?

Il existe des preuves qui montrent à la fois les effets néfastes et bénéfiques de la marijuana. Cependant, malgré la parution d’examens récents très complets sur les impacts de la marijuana, il est clair que davantage de recherches sont nécessaires pour mieux comprendre ses implications sur la santé publique.

Marijuana

De nombreux scientifiques et organismes de santé, y compris l’American Cancer Society (ACS), soutiennent la nécessité de poursuivre les recherches sur l’utilisation de la marijuana et des cannabinoïdes dans le traitement des maladies.

Néanmoins, un obstacle majeur demeure : la Drug Enforcement Administration classe la marijuana comme une substance contrôlée de l’annexe I, ce qui complique la recherche et impose des conditions strictes aux chercheurs.

Si vous vivez dans un pays où l’utilisation médicale de la marijuana est légale, il est essentiel que vous et votre médecin examiniez soigneusement ces facteurs en lien avec votre maladie et vos antécédents médicaux avant d’envisager ce traitement.

Par exemple, même si certaines preuves soutiennent l’utilisation de la marijuana pour soulager la douleur, il serait judicieux de l’éviter si vous avez des antécédents de problèmes de santé mentale.

N’oubliez jamais de consulter votre médecin avant d’introduire un nouveau traitement dans votre routine.

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