La Vitamine B-3 et la Prévention du Mélanome : Nouvelles Perspectives

Dans une revue récente, des chercheurs avancent que le nicotinamide pourrait jouer un rôle crucial dans la prévention du mélanome, la forme la plus mortelle de cancer de la peau. Ils estiment qu’il est impératif de le tester dans des essais cliniques dédiés.

Suppléments de vitamine B3 pour la santé de la peau

Le nicotinamide, également désigné sous le nom de niacinamide, est une forme de vitamine B-3, ou niacine. On le trouve dans divers aliments tels que le lait, les œufs, le poisson, les légumes verts et les viandes maigres. De plus, il est disponible sous forme de complément alimentaire.

Reconnu pour ses propriétés hypocholestérolémiantes, le nicotinamide est aussi utilisé dans la prévention et le traitement de la pellagre, une maladie due à une carence en niacine.

La revue, dirigée par le Professeur Gary Halliday de l’Université de Sydney en Australie, suggère que le nicotinamide pourrait également représenter une stratégie prometteuse pour prévenir le mélanome, surtout chez les individus à haut risque.

Le professeur Halliday et son équipe ont récemment publié leurs résultats dans un journal scientifique.

Le mélanome débute dans les mélanocytes, ces cellules cutanées qui synthétisent un pigment appelé mélanine, protégeant ainsi les couches profondes de la peau des effets nocifs des rayons ultraviolets (UV).

Selon l’American Cancer Society, cette année, on estime que 87 110 nouveaux cas de mélanome seront diagnostiqués aux États-Unis, avec environ 9 730 décès attribués à cette maladie.

L’exposition aux rayons UV est un facteur de risque majeur pour le mélanome, car elle endommage l’ADN des cellules cutanées, pouvant entraîner une perte de contrôle cellulaire entraînant le cancer.

Nicotinamide : Un Stimulant de la Réparation de l’ADN

Bien que l’utilisation de crème solaire soit largement recommandée pour prévenir le cancer de la peau, le professeur Halliday et son équipe affirment que les bénéfices de la crème solaire pour prévenir le mélanome sont « peu concluants ».

« Ces résultats contradictoires pourraient découler d’une application insuffisante et d’une réapplication inappropriée de la crème solaire, ainsi que d’une motivation accrue à bronzer tant que la crème solaire est utilisée », soulignent les auteurs.

Cependant, il existe plusieurs autres agents prometteurs pour la prévention du mélanome, parmi lesquels le nicotinamide.

Dans leurs recherches, le professeur Halliday et ses collègues ont passé en revue de nombreuses études examinant les effets du nicotinamide sur les cellules cancéreuses du mélanome. Les résultats indiquent que cette vitamine pourrait être un candidat efficace pour la prévention, en particulier chez les patients à haut risque.

L’équipe cite un éventail de recherches montrant comment le nicotinamide protège la peau des effets nocifs des UV. Par exemple, des études sur des lignées cellulaires humaines ont démontré que le nicotinamide stimule la réparation de l’ADN après exposition aux UV.

La recherche a aussi révélé que cette vitamine pourrait atténuer l’immunosuppression et l’inflammation, des facteurs connus pour favoriser le développement du cancer.

« Le nicotinamide régénère les réserves d’énergie des cellules, épuisées par l’exposition aux UV. Cette énergie supplémentaire permet aux cellules de réparer plus efficacement les dommages à l’ADN et de diminuer les effets immunosuppresseurs du soleil sur la peau », a déclaré Diona Damian, également de l’Université de Sydney.

Dans cette optique, l’équipe suppose que le nicotinamide pourrait réduire le risque de mélanome.

Essais Cliniques : Un Besoin Justifié

Dans leur revue, le professeur Halliday et son équipe discutent des résultats d’une étude sur le nicotinamide oral pour réduire le cancer actinique, un essai clinique de phase III visant à évaluer le nicotinamide pour la prévention des cancers cutanés non mélaniques (NMSC).

L’essai a inclus 386 participants, tous ayant été diagnostiqués avec au moins deux cancers de la peau non mélanome au cours des cinq dernières années.

Les participants ont été répartis aléatoirement dans l’un des deux groupes : un groupe a pris 500 milligrammes de nicotinamide par jour pendant 12 mois, tandis que l’autre a reçu un placebo.

Au cours de cette période, le développement de nouveaux cancers cutanés autres que le mélanome a été inférieur de 23 % chez les sujets prenant du nicotinamide comparativement à ceux prenant un placebo.

Bien que cet essai n’ait pas évalué les effets du nicotinamide sur le mélanome, le professeur Halliday et son équipe estiment que ces résultats justifient la conduite d’essais cliniques pour évaluer l’impact du nicotinamide sur cette forme de cancer cutané mortelle.

« Pour évaluer l’incidence du mélanome, il serait nécessaire de recruter des individus à haut risque, tels que ceux ayant des antécédents de mélanome ou une prédisposition génétique à développer des mélanomes », notent les auteurs.

« L’étude a été menée sur une période de 12 mois », ajoutent-ils, « et il est probable qu’une période d’essai plus longue ainsi qu’une cohorte d’étude beaucoup plus vaste soient nécessaires pour évaluer correctement l’incidence des mélanomes, qui sont beaucoup moins fréquents que les NMSC. »

En conclusion de leur revue, le professeur Halliday et son équipe déclarent :

« Sur la base des preuves cliniques actuelles concernant l’utilisation du nicotinamide dans les NMSC et des études in vitro préliminaires réalisées avec des mélanocytes et des cellules de mélanome, des essais contrôlés randomisés sont désormais justifiés pour déterminer l’efficacité et la sécurité du nicotinamide pour la prévention du mélanome chez les patients à risque. »

En attendant, les chercheurs soulignent que le nicotinamide ne doit pas être considéré comme une alternative aux comportements actuels de protection solaire.

« Le nicotinamide doit être utilisé comme un complément, en conjonction avec des comportements solaires appropriés, de la crème solaire et des vêtements de protection, et uniquement chez les personnes présentant un risque particulièrement élevé de cancer de la peau », a précisé le professeur Damian.

Perspectives et Nouvelles Recherches

En 2024, il est crucial de continuer à explorer les bénéfices du nicotinamide dans la prévention du mélanome. De nouvelles études sont en cours pour évaluer les mécanismes d’action de cette vitamine dans la protection de l’ADN cutané, ainsi que ses effets sur le système immunitaire et l’inflammation. Par ailleurs, des recherches récentes mettent en lumière l’importance d’une approche holistique, combinant l’utilisation de nicotinamide avec d’autres stratégies de prévention, telles que l’éducation sur les comportements solaires et les contrôles dermatologiques réguliers.

Des données préliminaires suggèrent également que la prise de nicotinamide pourrait réduire le risque de mélanome même chez les personnes ayant des antécédents familiaux de la maladie, ouvrant ainsi la voie à des recommandations plus larges pour les populations à risque.

Il est essentiel de continuer à sensibiliser le public sur les dangers des rayons UV et l’importance de la protection solaire, tout en intégrant des interventions comme le nicotinamide dans les protocoles de prévention du mélanome. En somme, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour établir des lignes directrices claires sur l’utilisation du nicotinamide dans la prévention du cancer de la peau, et pour déterminer comment il peut être intégré efficacement dans les stratégies de santé publique.

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