Caféine et Maladie d’Alzheimer : Une Relation Inquiétante

À l’heure actuelle, nous rapportons souvent sur des études mettant en avant les bénéfices santé de la consommation de café. Cependant, une nouvelle recherche suggère que notre tasse bien-aimée pourrait avoir un revers inattendu, en constatant que la consommation prolongée de caféine pourrait aggraver les symptômes de la maladie d’Alzheimer.

Tasse de café accompagnée de grains de café frais

Dans une étude menée sur des souris atteintes d’Alzheimer, les chercheurs ont observé qu’une exposition prolongée à la caféine était associée à une augmentation des symptômes comportementaux de la maladie, tels que l’anxiété.

La chercheuse principale, Lydia Giménez-Llort, de l’Universitat Autònoma de Barcelona en Espagne, et son équipe ont récemment publié leurs résultats dans une revue scientifique.

Actuellement, environ 5,7 millions d’adultes aux États-Unis vivent avec la maladie d’Alzheimer, et toutes les 65 secondes, une nouvelle personne développe cette maladie.

Le symptôme le plus connu de la maladie d’Alzheimer est la perte de mémoire, mais la maladie peut se manifester par divers autres symptômes, notamment des idées délirantes, des hallucinations, de l’irritabilité, de l’anxiété et de la dépression. Le Dr Giménez-Llort et son équipe désignent ces manifestations sous le terme de symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (BPSD).

Étudier l’effet de la caféine sur les BPSD

Des études antérieures ont suggéré que le café pourrait réduire le risque de maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence. Cependant, pour ceux qui souffrent déjà de cette maladie, les effets de la consommation de caféine pourraient ne pas être aussi bénéfiques, selon le Dr Giménez-Llort et son équipe.

Les chercheurs ont fondé leurs conclusions sur une étude des effets de la caféine sur des modèles murins de la maladie d’Alzheimer.

« Les souris développent la maladie d’Alzheimer de manière très similaire aux patients humains atteints d’une forme précoce de la maladie », explique Raquel Baeta-Corral, également membre de l’Universitat Autònoma de Barcelona.

Elle ajoute : « Elles présentent non seulement les problèmes cognitifs typiques, mais aussi un ensemble de symptômes similaires aux BPSD, faisant de ce modèle un outil précieux pour déterminer si les bénéfices de la caféine peuvent compenser ses effets négatifs potentiels. »

Pour évaluer cela, l’équipe a ajouté de la caféine à l’eau potable des rongeurs âgés de 6 à 13 mois, à une dose de 0,3 milligrammes par millilitre.

Les chercheurs expliquent que des études antérieures ont montré que cette dose correspond à une consommation quotidienne de caféine d’environ 1,5 milligrammes chez les souris, équivalente à environ 500 milligrammes chez les humains, soit l’équivalent de cinq tasses de café par jour.

BPSD augmentés chez les souris consommatrices de caféine

À l’âge de 13 mois, les souris ont participé à une série d’expériences visant à évaluer leurs symptômes cognitifs et comportementaux liés à la maladie d’Alzheimer.

L’étude a révélé que les rongeurs ayant ingéré de l’eau contenant de la caféine présentaient une augmentation des BPSD – y compris l’anxiété et la néophobie, ou la peur des objets ou situations nouvelles – par rapport à ceux qui consommaient de l’eau ordinaire.

De plus, les chercheurs ont constaté que la caféine offrait peu d’avantages en matière d’apprentissage et de mémoire chez ces rongeurs.

Ces résultats, affirment le Dr Giménez-Llort et ses collègues, soulignent la nécessité d’être prudents avant de recommander le café et d’autres produits contenant de la caféine aux adultes atteints de la maladie d’Alzheimer.

« Ces résultats confirment que la caféine, malgré son utilisation quotidienne et son manque relatif de réglementation gouvernementale, est un composé puissant aux effets multidimensionnels », déclarent les auteurs, ajoutant :

« Nous spéculons qu’un traitement chronique avec de la caféine pourrait exacerber les symptômes BPSD d’anxiété, ce qui pourrait interférer partiellement avec les effets cognitifs bénéfiques, allant dans le sens inverse. »

Mises à jour des recherches sur la maladie d’Alzheimer en 2024

En 2024, les recherches sur la maladie d’Alzheimer continuent d’évoluer rapidement. Des études montrent que le lien entre la consommation de caféine et l’aggravation des symptômes peut être plus complexe que prévu. Par exemple, des recherches récentes suggèrent que les effets de la caféine peuvent varier selon le stade de la maladie et le profil génétique des patients.

Un article publié cette année a révélé que certains patients, en fonction de leur génétique, pourraient en fait bénéficier d’une consommation modérée de café. Cela met en lumière l’importance de personnaliser les recommandations en matière de nutrition pour les personnes atteintes de démence.

De plus, des études en cours explorent comment d’autres composés présents dans le café, comme les acides chlorogéniques, pourraient avoir des effets neuroprotecteurs. Ces découvertes pourraient ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques pour atténuer les symptômes de la maladie d’Alzheimer.

En somme, bien que la caféine puisse avoir des effets indésirables chez certains patients atteints de la maladie d’Alzheimer, il est essentiel de continuer à étudier ce sujet afin de mieux comprendre comment maximiser les bénéfices tout en minimisant les risques.

FRMedBook