La conclusion d’une nouvelle étude menée par le Karolinska Institutet en Suède révèle que les femmes atteintes de lupus présentent un risque significativement plus élevé de cancer du col de l’utérus par rapport à celles de la population générale.
Le Dr Hjalmar Wadström, chercheur principal du Département de médecine de Solna à Karolinska, et ses collègues ont récemment partagé ces découvertes lors du Congrès annuel de la Ligue européenne contre le rhumatisme (EULAR 2016), qui s’est tenu cette semaine à Londres, au Royaume-Uni.
Lorsque l’on évoque le lupus, la plupart des gens pensent au lupus érythémateux disséminé (LED), la forme la plus fréquente de cette maladie.
Le LED est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire attaque les tissus et organes du corps, affectant notamment la peau, les articulations, le cerveau, les reins et les vaisseaux sanguins.
Selon le Lupus Research Institute, on estime que le SLE touche plus de 1,5 million de personnes aux États-Unis, avec plus de 90 % de ces patients étant des femmes âgées de 15 à 44 ans.
Les symptômes du LED peuvent varier, mais incluent souvent des douleurs ou un gonflement des articulations, des éruptions cutanées, une sensibilité au soleil, des douleurs musculaires, de la fièvre, de la fatigue et des ulcères buccaux.
Chez les jeunes femmes, il est bien établi que le lupus augmente le risque de maladies cardiovasculaires, de maladies rénales et d’accidents vasculaires cérébraux.
Des études antérieures ont également suggéré que cette maladie auto-immune pourrait accroître le risque de cancer du col de l’utérus chez les femmes, bien que le Dr Wadström et son équipe notent que les preuves à ce sujet ont été contradictoires.
Dysplasie cervicale : le risque de cancer a doublé pour les femmes avec LED
Pour explorer le lien potentiel entre le LED et le cancer du col de l’utérus, l’équipe a analysé les données du National Patient Register de Suède, du Registre national suédois de dépistage du cancer du col de l’utérus et du Registre suédois du cancer.
Faits rapides sur le cancer du col utérin :
- Cette année, environ 12 990 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus seront diagnostiqués aux États-Unis.
- Environ 4 120 femmes mourront de cette maladie.
- La majorité des cas concernent des femmes de moins de 50 ans.
À l’aide de ces données, l’équipe a calculé les taux de cancer invasif du col de l’utérus et de dysplasie cervicale entre 2006 et 2012 tant dans la population féminine générale que chez celles atteintes de LED.
La dysplasie cervicale désigne une croissance cellulaire anormale sur la muqueuse du col de l’utérus, le plus souvent causée par une infection par le papillomavirus humain (HPV). Si elle n’est pas traitée, cette maladie peut évoluer vers un cancer du col de l’utérus.
Les chercheurs ont découvert que les femmes atteintes de LED étaient deux fois plus à risque de développer une dysplasie cervicale ou un cancer invasif du col de l’utérus par rapport à la population féminine en général.
Les femmes atteintes de LED ayant reçu un traitement avec des médicaments immunosuppresseurs ont montré un risque accru de dysplasie cervicale ou de cancer invasif du col de l’utérus, rapportent les chercheurs.
Ces résultats demeurent significatifs même après avoir pris en compte l’âge, le sexe, le niveau d’éducation, l’utilisation des soins de santé, le nombre d’enfants, l’état marital, les antécédents familiaux de cancer du col de l’utérus et le dépistage du cancer du col de l’utérus au cours des cinq dernières années.
Les chercheurs soulignent l’importance d’un dépistage régulier du cancer du col de l’utérus chez les femmes atteintes de LED, même si elles ne reçoivent pas de traitement immunosuppresseur.
« Les preuves antérieures que le LED ou son traitement pourrait augmenter le risque de néoplasie cervicale n’ont pas été concluantes. Nos résultats confirment que le LED constitue un facteur de risque pour les tumeurs malignes du col de l’utérus, même après ajustement pour des déterminants de risque importants tels que le dépistage cervical précédent », déclare le Dr Hjalmar Wadström.
Il est donc crucial de sensibiliser à l’importance du dépistage régulier du cancer du col de l’utérus, surtout pour les femmes souffrant de LED.
Perspectives récentes sur le lupus et le cancer du col de l’utérus
Les recherches récentes, publiées en 2024, continuent d’appuyer l’idée que le lupus érythémateux disséminé est associé à un risque accru de cancers gynécologiques, y compris le cancer du col de l’utérus. Un article de revue a révélé que les femmes atteintes de lupus avaient des taux de dysplasie cervicale plus élevés, ce qui souligne l’importance des programmes de dépistage ciblés.
De plus, des études épidémiologiques ont montré que les femmes auto-immunes, en particulier celles traitées par immunosuppresseurs, doivent être surveillées de près. Un suivi régulier et une éducation sur les signes précoces de dysplasie cervicale pourraient améliorer les résultats cliniques.
Les données émergentes indiquent également que des interventions préventives, telles que la vaccination contre le HPV, pourraient jouer un rôle clé dans la réduction du risque de cancer chez ces patientes. Il est essentiel de renforcer les efforts d’éducation et de sensibilisation pour garantir que toutes les femmes, en particulier celles atteintes de lupus, bénéficient d’un dépistage et d’un traitement précoces.