Pneumonie Post-Chirurgie Cardiaque : Un Risque Sous-Estimé

On pourrait penser que les incisions profondes de la chirurgie à cœur ouvert et la grande blessure qu’il laisse, y compris la coupe dans les os de la poitrine, seraient le plus gros problème de la chirurgie post-cardiaque des patients. Ce n’est pas le cas, affirme une nouvelle recherche présentée à l’American Heart Association Sessions scientifiques 2011. En fait, c’est la pneumonie qui s’avère être le plus gros problème après la chirurgie cardiaque.

L’étude a également montré que la plupart des infections surviennent environ deux semaines après la chirurgie, et non pas une semaine comme le pensaient les médecins.

Michael A. Acker, M.D., chercheur principal de l’étude et professeur et chef de la chirurgie cardiovasculaire à l’Université de Pennsylvanie Medical Center à Philadelphie, Pa. a confirmé les résultats inattendus :

« Ce n’est pas ce que nous
nous attendions à trouver. »
Les chercheurs ont analysé plus de 5 100 patients dans un registre de chirurgie cardiaque. Les patients, âgés en moyenne de 64 ans, ont été traités dans neuf centres médicaux universitaires américains et un centre canadien. Le délai médian avant l’infection majeure était de 14 jours après la chirurgie cardiaque. Quarante-trois pour cent de toutes les infections majeures sont survenues après la sortie de l’hôpital.

Acker poursuit :

« La moitié de ces patients ne présentaient aucun signe d’infection avant leur sortie de l’hôpital… Puis ils ont dû revenir à cause de la nouvelle infection, ce qui implique que les patients doivent être suivis de plus près après leur sortie. »
L’étude n’incluait aucun patient infecté avant la chirurgie et les chercheurs ont trouvé 761 infections au total : 300 ont été classées comme infections majeures (survenues chez 6 % des patients) et 461 étaient mineures (chez 8,1 % des patients). Parmi les infections majeures :

  • La pneumonie, infection des poumons, est survenue chez 2,4 % des patients.
  • La colite à C. difficile, une infection intestinale, est survenue chez 1,0 %.
  • Les infections du sang ont eu lieu dans 1,1 %.
  • Les infections du site opératoire de l’incision profonde sont survenues dans 0,5 % des cas.
  • Les infections mineures incluaient les infections du tractus urinaire et de l’incision superficielle.

La majorité des interventions pratiquées étaient des pontages aortocoronariens isolés et des chirurgies valvulaires aortiques et mitrales. Soixante-quatorze pour cent des interventions étaient électives et 26 % non électives ou d’urgence.

Un certain nombre de facteurs de risque augmentaient la possibilité de développer une infection, notamment l’insuffisance cardiaque congestive, l’hypertension, la maladie pulmonaire chronique, l’utilisation de corticostéroïdes avant l’intervention chirurgicale et la durée du pontage cardiopulmonaire.

Acker a déclaré :

« Dans le prochain niveau d’analyse, l’accent sera mis sur les différences dans les soins, des types de pansements, les types d’antibiotiques et les types de préparations chirurgicales, pour montrer quels processus de soins sont associés à une diminution de l’incidence des infections. Le registre nous permettra de modifier nos meilleures pratiques pour gérer les infections post-opératoires. »
Les co-auteurs sont Michael Argenziano, M.D.; John D. Puskas, M.D., M.Sc.; T. Bruce Ferguson, M.D.; Annetine C. Gelijns, Ph.D.; Keith Horvath, M.D.; Marissa A. Miller, DVM, MPH; Stacey Welsh, R.N.; Ellen Moquete, R.N.; Kevin N. Su, B.S.; Alan Weinberg, M.S.; Alan J. Moskowitz, M.D.; Patrick T. O’Gara, M.D. et Eugene H. Blackstone, M.D.

L’Institut national des maladies du cœur, des poumons et du sang, l’Institut national des troubles neurologiques et des affections cérébrales et les Instituts de recherche en santé du Canada ont financé l’étude.

Par ailleurs, des chercheurs d’un hôpital de Milwaukee ont traité la peau des patients avec une solution antibactérienne spéciale la veille et le matin de l’intervention et ont constaté beaucoup moins d’infections. Ils ont également inclus un temps de séchage strict de trois minutes pour la préparation cutanée chirurgicale. Ces étapes ont permis de réduire les taux d’infection des implants de 1 % à 0,24 % un an après la pose de l’implant, soit une réduction impressionnante de 75 %.

### Nouvelles Données et Perspectives sur les Infections Post-Opératoires en 2024

Les recherches récentes en 2024 continuent de souligner l’importance de la prévention des infections post-chirurgicales, en mettant en avant des stratégies innovantes et efficaces. Une étude publiée dans le Journal of Cardiac Surgery a révélé que l’utilisation de probiotiques avant et après la chirurgie pourrait réduire l’incidence des infections, y compris la pneumonie, en renforçant le système immunitaire des patients.

De plus, une analyse rétrospective de 10 000 patients opérés a montré que les soins préopératoires adaptés, tels que l’optimisation de la nutrition et la gestion du diabète, jouent un rôle crucial dans la réduction des complications infectieuses. En effet, 20 % des infections post-chirurgicales pourraient être évitées par une préparation adéquate.

Les tendances actuelles suggèrent également une utilisation accrue des technologies de réalité augmentée pour la planification chirurgicale, permettant aux chirurgiens de mieux anticiper les complications potentielles et d’améliorer les résultats globaux. Ainsi, l’intégration de ces nouvelles approches pourrait transformer le paysage de la chirurgie cardiaque en réduisant non seulement le taux d’infections, mais aussi en favorisant un rétablissement plus rapide des patients.

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