Risques Cardiaques Accrus Associés aux AINS en Début de Traitement

Lorsque des maux de tête ou des douleurs dorsales apparaissent, beaucoup d’entre nous se tournent rapidement vers l’ibuprofène pour un soulagement immédiat. Cependant, une étude récente révèle que l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) même pour une courte durée de seulement une semaine peut significativement augmenter le risque de crise cardiaque.

Étude sur les risques des anti-inflammatoires non stéroïdiens

La chercheuse principale, Michèle Bally, du Centre de recherche hospitalier de l’Université de Montréal, ainsi que ses collègues, ont récemment publié leurs résultats, suscitant une attention considérable dans le domaine médical.

Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), chaque année, environ 735 000 personnes aux États-Unis subissent une crise cardiaque, également connue sous le nom d’infarctus du myocarde.

Plusieurs études antérieures ont suggéré un lien entre l’utilisation de certains AINS et un risque accru de crise cardiaque. Ce lien est si préoccupant que, dès 2015, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a renforcé ses avertissements concernant les risques cardiovasculaires associés à ces médicaments, tant en vente libre qu’ordonnés.

Cependant, les recherches précédentes sur ce sujet comportaient diverses limitations, telles que des échantillons de petite taille et l’absence de groupes de contrôle utilisant un placebo, ce qui a limité la compréhension des doses d’AINS les plus risquées et de l’impact de la durée d’utilisation sur le risque cardiaque.

Le risque de crise cardiaque le plus élevé au premier mois d’utilisation d’AINS

Pour combler ces lacunes, l’équipe de recherche a analysé 82 études sur l’incidence des crises cardiaques liées à l’usage d’AINS. Après un processus rigoureux de sélection, huit études ont été retenues, englobant un total de 446 763 participants provenant du Canada, de Finlande et du Royaume-Uni, dont 61 460 avaient déjà subi une crise cardiaque.

Les chercheurs ont examiné l’utilisation des AINS chez chaque participant, en se concentrant sur des médicaments spécifiques tels que l’ibuprofène, le diclofénac, le célécoxib, le rofécoxib et le naproxène.

Globalement, il a été observé que les individus ayant utilisé l’un de ces AINS, même à faible dose pendant au moins une semaine, présentaient un risque accru de crise cardiaque de 20 à 50 % par rapport à ceux qui n’en avaient pas pris.

En analysant le risque de crise cardiaque associé à chaque AINS, les chercheurs ont constaté un doublement du risque avec le rofécoxib et une augmentation de 75 % pour l’ibuprofène et le naproxène.

Il a également été mis en évidence que le premier mois d’utilisation d’AINS représente la période la plus critique en termes de risque cardiovasculaire, surtout si les médicaments sont administrés à des doses élevées.

Les prescripteurs devraient peser les avantages et les risques des AINS

Il est important de noter que cette étude est d’ordre purement observationnel, ce qui limite la possibilité d’établir des relations de cause à effet entre l’utilisation d’AINS et les crises cardiaques. Cependant, les chercheurs estiment à 90 % la probabilité que l’usage d’AINS augmente effectivement le risque de crise cardiaque.

Les auteurs concluent ainsi : « En résumé, par rapport à la non-utilisation des AINS l’année précédente, nous avons observé que l’utilisation actuelle de tous les AINS étudiés, y compris le naproxène, était associée à un risque accru d’infarctus aigu du myocarde. »

Étant donné que le risque d’infarctus aigu du myocarde se manifeste dès la première semaine et semble culminer au cours du premier mois de traitement, les prescripteurs devraient sérieusement envisager de réévaluer les risques et les avantages des AINS avant de commencer un traitement.

Pour une compréhension plus approfondie, il est également judicieux d’explorer comment des facteurs individuels, tels que le groupe sanguin, peuvent influencer le risque de crise cardiaque, ce qui pourrait enrichir notre approche clinique et préventive.

Données et recherches récentes sur les AINS et les risques cardiaques

Des études récentes ont mis en lumière des mécanismes biologiques sous-jacents qui pourraient expliquer cette augmentation du risque. Par exemple, des recherches ont identifié que les AINS peuvent provoquer des modifications dans la fonction plaquettaire et l’hémodynamique, augmentant ainsi la probabilité de thrombose.

De plus, une analyse récente a révélé qu’un usage prolongé d’AINS, même à faibles doses, pourrait entraîner des effets néfastes cumulatifs sur la santé cardiovasculaire, soulignant la nécessité d’une surveillance étroite des patients sous traitement.

Il est donc essentiel que les professionnels de santé soient informés des risques associés aux AINS, et qu’ils utilisent ces médicaments de manière prudente, en tenant compte des antécédents médicaux et des facteurs de risque individuels des patients.

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