On estime que 50 % de toutes les femmes souffriront d’une infection des voies urinaires à un moment ou à un autre de leur vie, et 20 à 40 % d’entre elles auront des infections récurrentes, les exposant ainsi à des complications telles que les infections rénales et sanguines. Cependant, des recherches récentes suggèrent que les analgésiques en vente libre pourraient jouer un rôle dans la prévention de telles infections.
Des chercheurs de l’école de médecine de l’Université de Washington à St. Louis, MO, ont partagé leurs découvertes lors de la réunion annuelle de l’American Society for Microbiology. Ils ont découvert qu’en inhibant une protéine immunitaire responsable de l’inflammation, la COX-2, ils pouvaient réduire les infections récurrentes des voies urinaires chez les souris. Cette protéine peut être bloquée par des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), tels que l’ibuprofène.
Selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), les infections des voies urinaires (IVU) entraînent environ 4 millions de visites ambulatoires chaque année aux États-Unis.
Bien que les hommes puissent également être touchés par des infections urinaires, les femmes sont particulièrement à risque en raison de la longueur plus courte de leur urètre, ce qui facilite l’accès des bactéries à la vessie. De plus, l’ouverture urétrale de la femme est proche de l’anus et du vagin, augmentant ainsi le risque d’infection.
Chaque fois qu’une femme souffre d’une infection urinaire, ses chances d’en avoir d’autres augmentent, et les infections graves, accompagnées de septicémie, peuvent même être fatales.
Dans des études antérieures menées sur des souris, l’équipe dirigée par Thomas Hannan a observé que le système immunitaire réagissait de manière excessive aux infections initiales, ce qui pouvait accroître la vulnérabilité aux infections suivantes.
« Nous pensions que la réponse immunitaire était trop faible chez les patients ayant des infections récurrentes », explique Hannan. « Cependant, nous découvrons qu’une réponse immunitaire trop forte peut être tout aussi problématique. »
L’équipe a mis en lumière le rôle des neutrophiles, cellules immunitaires qui contribuent à la répétition des infections. Ces cellules laissent des traces dans la muqueuse protectrice de la vessie lorsqu’elles luttent contre l’infection, ce qui peut créer des « points d’appui » pour les bactéries, facilitant ainsi le développement d’infections graves.
Impact des inhibiteurs de la COX-2 sur la sensibilité aux infections
En modulant la réponse des neutrophiles chez les souris, les chercheurs ont réussi à réduire les infections urinaires sans augmenter le risque d’infections futures. Ils ont observé que les souris présentant une sensibilité accrue aux infections récurrentes avaient un niveau plus élevé de molécules inflammatoires dans leur vessie par rapport à celles qui n’étaient pas vulnérables.
- Une envie fréquente et intense d’uriner accompagnée d’une brûlure lors de la miction.
- Urine trouble, sombre ou sanglante, souvent avec une odeur désagréable.
- Douleur dans le dos ou le côté sous les côtes, parfois associée à des nausées ou vomissements.
Lorsque ces souris ont été traitées avec des inhibiteurs de la COX-2, leur vulnérabilité aux infections récurrentes a considérablement diminué. Bien que les neutrophiles pénètrent toujours en nombre dans la vessie, ils causent moins de dommages à la membrane protectrice.
L’équipe pense que les inhibiteurs de la COX-2 pourraient cibler sélectivement les effets néfastes de l’inflammation tout en préservant les réponses immunitaires bénéfiques.
Scott Hultgren, l’auteur principal et directeur du Centre de recherche sur les maladies infectieuses de l’Université de Washington, qualifie ces résultats d’« encourageants » et espère que les avantages potentiels des inhibiteurs de la COX-2 pourront être vérifiés lors d’un vaste essai clinique.
Hannan souligne également l’importance d’une prise en charge médicale : « Si nous pouvons confirmer ce lien dans les essais cliniques, beaucoup de personnes pourraient bénéficier rapidement, mais il est crucial de rappeler que les infections des voies urinaires peuvent être graves et nécessitent souvent un traitement antibiotique sous la supervision d’un professionnel de la santé. »
Par ailleurs, une étude de 2013 a suggéré que la poudre de canneberge pourrait inhiber certaines bactéries couramment rencontrées dans les infections urinaires compliquées.
Perspectives et Recherches Futures
À la lumière de ces nouvelles découvertes, il est essentiel de poursuivre les recherches sur l’utilisation des AINS dans la prévention des infections urinaires. L’importance de la réponse immunitaire et son équilibre délicat révèlent des pistes prometteuses pour de nouvelles stratégies de traitement. Des études complémentaires permettront de mieux comprendre comment ces traitements peuvent être intégrés dans les protocoles médicaux actuels pour garantir une meilleure qualité de vie aux patientes souffrant d’infections récurrentes.
En conclusion, les résultats récents soulignent l’importance d’une approche multidisciplinaire pour gérer les infections urinaires, qui inclut non seulement des traitements médicaux traditionnels, mais aussi des innovations comme les inhibiteurs de la COX-2. Des essais cliniques rigoureux sont nécessaires pour valider ces résultats et éventuellement élargir les options de traitement disponibles dans la pratique clinique.