Les cannabinoïdes se révèlent tout aussi efficaces que les traitements conventionnels pour prévenir les migraines. Cependant, en ce qui concerne les céphalées en grappe, leur efficacité semble se limiter aux patients ayant souffert de migraines depuis l’enfance.
Ces conclusions proviennent d’une étude récente présentée lors du 3e Congrès de l’Académie européenne de neurologie, qui s’est tenu à Amsterdam, aux Pays-Bas.
La Fondation de recherche sur la migraine estime que cette affection touche environ 1 milliard de personnes dans le monde, faisant de la migraine la troisième maladie la plus répandue. Aux États-Unis, plus de 38 millions d’enfants et d’adultes sont concernés.
Souvent perçue simplement comme un « mal de tête », la migraine représente en réalité un trouble bien plus complexe et débilitant.
Les crises de migraine se caractérisent par des douleurs lancinantes très intenses, localisées d’un ou des deux côtés de la tête, durant entre 4 et 72 heures.
Ces épisodes peuvent s’accompagner de symptômes invalidants tels que des vertiges, des nausées, des vomissements, une hypersensibilité à la lumière, ainsi que des picotements ou des engourdissements dans le visage ou les membres.
Les céphalées en grappe, quant à elles, se manifestent par des accès de douleur intense, brève mais très sévère, qui peuvent survenir plusieurs fois par jour, généralement d’un côté de la tête, souvent autour d’un œil.
Ces céphalées sont bien plus rares que les migraines; l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’elles touchent moins d’un adulte sur 1 000 dans le monde.
Douleur aiguë réduite de 55 pour cent
Des études antérieures ont suggéré que les cannabinoïdes – les composés actifs présents dans la marijuana – pouvaient être bénéfiques pour traiter les troubles liés aux céphalées.
Dans cette nouvelle recherche, le Dr Maria Nicolodi, du Centre interuniversitaire en Italie, a dirigé une équipe d’experts qui a approfondi cette association, en évaluant l’efficacité des cannabinoïdes dans le traitement des migraines et des céphalées.
La première phase de l’étude a inclus 48 adultes souffrant de migraines chroniques. Les participants ont reçu des doses variables d’une combinaison de deux composés.
Un des composés contenait 19 % de tétrahydrocannabinol (THC), le principal composant psychoactif de la marijuana, tandis que l’autre contenait 9 % de cannabidiol (CBD), un autre composé actif de cette plante.
Les chercheurs ont découvert que lorsque les adultes prenaient la combinaison THC-CBD à une dose de 200 milligrammes ou plus, leur douleur migraineuse aiguë diminuait de 55 %.
L’équipe a noté que des doses de THC-CBD inférieures à 100 milligrammes n’avaient pas d’effet significatif sur la douleur aiguë.
THC-CBD versus traitements traditionnels
La deuxième phase de l’étude a impliqué 79 patients souffrant de migraines chroniques, ainsi que 48 patients atteints de céphalées en grappe.
Les patients migraineux chroniques ont reçu soit 25 milligrammes d’amitriptyline, un antidépresseur souvent prescrit pour traiter les migraines, soit 200 milligrammes de THC-CBD chaque jour.
Les patients souffrant de céphalées de Horton ont reçu soit 200 milligrammes de THC-CBD quotidiennement, soit 480 milligrammes de vérapamil, un bloqueur des canaux calciques utilisé pour traiter ces céphalées.
Lorsqu’une douleur aiguë se manifestait, les patients prenaient 200 milligrammes supplémentaires de THC-CBD.
Le traitement a été administré sur une période de 3 mois, et les patients ont été suivis pendant 4 semaines supplémentaires après la fin du traitement.
Le THC-CBD a permis une réduction légèrement plus importante du nombre d’attaques de migraine par rapport à l’amitriptyline, avec une diminution de 40,4 % contre 40,1 %, respectivement.
Pour les patients migraineux, le THC-CBD a également réduit l’intensité de la douleur aiguë de 43,5 %.
Cependant, chez les patients ayant des céphalées de Horton, le THC-CBD a montré son efficacité uniquement contre la douleur aiguë chez ceux ayant des antécédents de migraine durant l’enfance.
Sur la base de ces résultats, les chercheurs concluent que les cannabinoïdes sont aussi efficaces que les traitements traditionnels pour prévenir les crises de migraine, mais que leurs effets peuvent être limités pour les patients souffrant de céphalées de Horton.
« Nous avons démontré que les cannabinoïdes représentent une alternative viable aux traitements classiques pour la prévention de la migraine. Cependant, leur utilisation dans le traitement des céphalées de groupe est réservée aux patients ayant des antécédents de migraine depuis l’enfance, » a déclaré le Dr Maria Nicolodi.
Découvrez comment les cannabinoïdes, associés à la chimiothérapie, peuvent également contribuer à la destruction des cellules cancéreuses.
Les dernières avancées sur les cannabinoïdes en 2024
Les recherches récentes continuent d’explorer le potentiel thérapeutique des cannabinoïdes. En 2024, plusieurs études mettent en évidence non seulement leur efficacité dans le traitement des migraines, mais aussi leur potentiel anti-inflammatoire et analgésique. Des essais cliniques en cours évaluent des formulations innovantes de THC et CBD, permettant une administration plus ciblée et potentiellement plus efficace.
Des données récentes suggèrent que l’utilisation combinée de cannabinoïdes et de traitements conventionnels pourrait offrir des résultats synergiques, améliorant ainsi la qualité de vie des patients migraineux. Par ailleurs, des recherches sur les mécanismes d’action des cannabinoïdes dans le système nerveux central révèlent des voies prometteuses pour le développement de nouveaux médicaments.
En somme, l’avenir semble radieux pour les cannabinoïdes dans le domaine de la neurologie, avec des promesses d’améliorations significatives dans le traitement de la migraine et des céphalées en grappe.