Un essai clinique à long terme d’une thérapie génique pour le cancer de la prostate, qui incite le système immunitaire à cibler les cellules tumorales, révèle des résultats à la fois prometteurs et sûrs, selon les chercheurs.
Dans le cancer de la prostate, comme dans de nombreux autres types de cancer, les cellules tumorales développent divers mécanismes pour échapper à la surveillance du système immunitaire, qui est censé détecter et éliminer ces cellules malignes.
Ce nouvel essai de phase 2 a exploré une approche que les chercheurs désignent par « thérapie génique suicidaire ». Cette méthode consiste à modifier les cellules cancéreuses afin qu’elles envoient des signaux au système immunitaire du patient, les incitant à les considérer comme des cibles à détruire.
Le principal enseignement de l’essai de phase 2 est que les résultats à long terme pour les patients atteints de cancer de la prostate recevant la thérapie génique suicide, en combinaison avec la radiothérapie – avec ou sans traitement hormonal – sont très encourageants.
Un rapport détaillant cette étude, dirigée par l’Hôpital Méthodiste de Houston au Texas, a été publié récemment.
L’auteur principal, Brian Butler, professeur et président de la radio-oncologie, explique :
« Nous avons élaboré un vaccin utilisant les propres cellules cancéreuses du patient, un traitement qui complète et peut même améliorer l’efficacité des traitements radiothérapeutiques et hormonaux classiques. »
Résultat Prometteur Pour Justifier Un Essai De Phase 3
Pour cet essai, qui s’est déroulé de 1999 à 2003, l’équipe a recruté 66 patients atteints de cancer de la prostate, répartis en deux groupes : le bras A et le bras B. Dans le bras A, les patients ont reçu la thérapie génique en association avec la radiothérapie, tandis que dans le bras B, ils ont reçu la thérapie génique, la radiothérapie et un traitement hormonal.
Seuls les hommes dont le cancer était confiné à la prostate faisaient partie du bras A, tandis que ceux présentant un cancer plus avancé étaient regroupés dans le bras B. De plus, les patients du bras A ont bénéficié de deux administrations de la thérapie génique expérimentale, contre trois pour ceux du bras B.
Les chercheurs ont suivi les participants et ont constaté que la survie globale à 5 ans était de 97 % pour le bras A, contre 94 % pour le bras B. Cela représente une amélioration de 5 à 20 % par rapport aux témoins issus d’études historiques.
Les auteurs soulignent que d’autres indicateurs suggèrent également que la thérapie génique suicide, associée à la radiothérapie, a produit de meilleurs résultats que ceux obtenus avec la radiothérapie seule. Encore une fois, cette conclusion se base sur la comparaison avec des « contrôles historiques ».
Il est courant d’utiliser des contrôles historiques dans les essais de phase 2, car, bien qu’ils puissent présenter des limites, ils servent principalement à fournir suffisamment de preuves pour justifier des essais de phase 3.
Ainsi, seul un essai randomisé – avec des témoins contemporains et non historiques – pourra confirmer si la thérapie génique suicidaire est effectivement supérieure à la radiothérapie classique.
Le Gène Du Virus De L’Herpès Inséré Directement Dans Les Cellules Tumorales
Dans cet essai, l’équipe a utilisé un adénovirus – semblable à celui responsable du rhume – pour transporter et insérer l’agent thérapeutique directement dans les cellules tumorales.
Cet agent thérapeutique est un gène du virus de l’herpès qui produit l’enzyme thymidine kinase, ou TK, un agent largement utilisé dans la thérapie génique du cancer.
Une fois le gène inséré dans les cellules tumorales et ayant commencé à produire la TK, les chercheurs ont administré aux patients du valacyclovir (nom commercial : Valtrex), un médicament anti-herpès bien connu. Le professeur Butler explique la suite :
« Cette combinaison a ciblé l’ADN du virus de l’herpès, entraînant l’auto-destruction des cellules tumorales productrices de TK, d’où le terme « thérapie génique suicide ». »
Il précise qu’une fois que le valacyclovir activé commence à détruire les cellules cancéreuses, il envoie aussi un signal au système immunitaire du patient pour déclencher une attaque massive.
L’auteur principal, Bin Teh, professeur et vice-président en radio-oncologie, affirme que l’équipe « croit fermement que cette stratégie de traitement sera efficace » et ajoute :
« C’est extrêmement gratifiant pour nous, surtout en sachant que nous avons eu des patients inscrits à notre protocole après que d’autres médecins les ont considérés comme incurables. »
Un autre élément prometteur de cet essai de phase 2 est que la majorité des patients ont présenté peu ou pas d’effets secondaires ou de complications, souligne-t-il.
L’équipe a déjà lancé un essai de phase 3 sur la thérapie génique suicide, officiellement désignée comme « thérapie génique immunomodulatrice in situ ». Ce sera la dernière étape de sécurité et d’évaluation avant une éventuelle approbation par la Food and Drug Administration (FDA).
Alors que le cancer de la prostate est le deuxième cancer le plus courant chez les hommes américains (le cancer de la peau étant le premier), il reste la cause principale de décès par cancer chez les hommes aux États-Unis.
D’après les estimations de l’Institut national du cancer, plus de 233 000 hommes ont reçu un diagnostic de cancer de la prostate aux États-Unis, et près de 29 500 en sont décédés en 2014.
Récemment, de nouvelles recherches ont suggéré que la thérapie de privation androgénique (ADT) – un traitement courant pour le cancer de la prostate visant à réduire les niveaux de testostérone – pourrait augmenter le risque de développer la maladie d’Alzheimer plus tard. L’étude a également révélé que les hommes ayant suivi le traitement ADT le plus longtemps étaient les plus susceptibles d’être diagnostiqués plus tard avec la maladie d’Alzheimer.
Nouvelles Perspectives de Recherche
À la lumière des dernières découvertes, il est essentiel de continuer à explorer les liens entre les traitements du cancer de la prostate et les risques neurologiques à long terme. Des études récentes ont mis en évidence l’importance de surveiller les effets secondaires des thérapies et d’adapter les protocoles de traitement pour minimiser les risques. La recherche continue d’évaluer comment des approches comme la thérapie génique peuvent non seulement cibler les cellules cancéreuses, mais aussi préserver la qualité de vie des patients.
Des essais en cours cherchent à déterminer l’efficacité de nouvelles combinaisons de traitements, notamment l’association de la thérapie génique avec des immunothérapies de pointe. Ces études pourraient révolutionner notre approche du cancer de la prostate en offrant des options de traitement moins invasives et plus personnalisées.
En somme, la thérapie génique suicide représente une avancée majeure dans le domaine du traitement du cancer de la prostate. Avec des résultats aussi prometteurs, les chercheurs et les cliniciens espèrent pouvoir offrir de nouvelles solutions aux patients, tout en minimisant les effets secondaires potentiels liés aux traitements traditionnels.