Les expériences de mort imminente, souvent évoquées par des récits d’épisodes hors du corps et de lumière éclatante, suscitent un intérêt croissant dans le domaine de la recherche médicale. Bien que ces expériences soient souvent perçues comme illusoires, une étude ambitieuse menée par des chercheurs de renom a récemment mis en lumière des preuves suggérant que ces expériences pourraient avoir une réalité tangible.
Sous la direction du Dr Sam Parnia, ancien chercheur à l’Université de Southampton, les résultats de cette étude ont été publiés dans une revue scientifique de premier plan. Le Dr Parnia définit la mort non pas comme une fin définitive, mais comme un processus potentiellement réversible, qui peut survenir suite à une blessure grave ou une maladie affectant les fonctions vitales du cœur, des poumons ou du cerveau. Il précise : « Lorsque des efforts sont déployés pour inverser ce processus, nous parlons d’arrêt cardiaque. Si ces efforts échouent, alors survient la mort. »
De nombreux patients ayant subi un arrêt cardiaque et ayant été réanimés rapportent des expériences de mort imminente (EMI). Ces EMI sont souvent décrites comme des épisodes lucides de conscience qui se manifestent au cours de la mort imminente.
Bien que les EMI varient d’une personne à l’autre, certaines expériences communes incluent la rencontre avec une lumière vive, la réunion avec des proches disparus, et la sensation de percevoir des événements d’un point de vue extérieur, souvent décrit comme un état « hors du corps ».
Les chercheurs notent que les EMI sont fréquemment interprétées comme des hallucinations, mais peu d’études ont exploré systématiquement ces phénomènes. « Dans cette étude, notre objectif était de dépasser la définition émotionnelle floue des EMI pour examiner objectivement ce qui se produit lors de la mort », déclare le Dr Parnia, qui est désormais professeur associé en médecine de soins intensifs et directeur de recherche en réanimation à l’Université d’État de New York.
Les expériences mentales liées à la mort peuvent aller plus loin qu’on ne le pensait
En 2008, le Dr Parnia et son équipe ont lancé l’étude AWAreness pendant la réanimation (AWARE). Ils ont identifié 2060 survivants d’arrêts cardiaques à travers 15 hôpitaux au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Australie.
Parmi les survivants interviewés sur leurs expériences mentales liées à la mort, 39 % n’ont pas pu se souvenir de détails précis de leurs expériences. « Cela suggère qu’un plus grand nombre de personnes peuvent avoir une activité mentale au début, mais ensuite perdre leurs souvenirs après leur rétablissement, que ce soit à cause des effets d’une lésion cérébrale ou des médicaments sédatifs sur la mémoire », explique le Dr Parnia.
Certains survivants ayant rapporté un sentiment de sensibilisation durant la réanimation ont également passé une autre entrevue. L’équipe a noté que seulement 9 % des survivants ont décrit des expériences mentales alignées avec les EMI, tandis que 46 % ont rapporté une variété de souvenirs mentaux associés à la mort, mais qui ne correspondaient pas à la définition classique des EMI. Parmi ces souvenirs, certains étaient effrayants ou violents, tandis que d’autres concernaient des événements antérieurs à l’arrêt cardiaque ou des membres de leur famille.
Le Dr Parnia et son équipe soulignent que ces découvertes suggèrent que les expériences mentales associées à la mort pourraient être plus variées que ce qui est traditionnellement associé aux EMI.
Expérience hors du corps de 3 minutes validée chez un patient
Un cas particulièrement frappant a été observé : une sensibilisation complète, compatible avec des expériences hors du corps, a été rapportée chez 2 % des patients. Dans ce cas, l’expérience d’un survivant a été minutieusement chronométrée pendant un arrêt cardiaque.
« C’est crucial », souligne le Dr Parnia, « car on a longtemps supposé que les expériences liées à la mort étaient probablement des hallucinations, se produisant soit avant que le cœur s’arrête, soit après un redémarrage réussi, associées à des événements ‘réels’ lorsque le cœur ne bat plus. »
On estime que le cerveau cesse de fonctionner 20 à 30 secondes après un arrêt cardiaque. Cependant, le patient observé a semblé percevoir et entendre des événements environnants jusqu’à 3 minutes après l’arrêt de son cœur. À son réveil, il a décrit des événements et des sons qui correspondaient exactement à ce qui s’était passé durant cette période.
En commentant leurs résultats, le Dr Parnia déclare : « Bien qu’il ne soit pas possible de prouver de manière absolue la réalité ou l’importance des expériences et des déclarations de conscience des patients (en raison de la rareté des souvenirs explicites de la conscience visuelle ou des expériences dites hors du corps), il est indéniable que l’expérience rappelée entourant la mort mérite désormais une exploration plus approfondie, sans préjugés. »
Les chercheurs insistent sur la nécessité de mener des recherches supplémentaires afin de déterminer si la prise de conscience pendant un arrêt cardiaque peut entraîner des problèmes psychologiques à long terme, tels que le syndrome de stress post-traumatique (TSPT).
Une étude récente, menée par des chercheurs de l’Université du Michigan, a avancé l’idée que les EMI pourraient être des surtensions électriques dans le cerveau, ouvrant un nouveau champ de réflexion sur ces expériences fascinantes.
Nouvelles Perspectives et Recherches Futuristes
En 2024, il est essentiel de continuer à explorer ces questions en profondeur. Des études supplémentaires pourraient nous aider à mieux comprendre les mécanismes psychologiques et neurologiques sous-jacents aux EMI. De nouvelles méthodes d’imagerie cérébrale pourraient offrir des aperçus précieux sur l’activité cérébrale pendant ces expériences. En outre, le dialogue entre les chercheurs et les cliniciens pourrait enrichir notre compréhension des EMI et des implications pour le soin des patients en fin de vie.
En somme, les expériences de mort imminente ne sont pas seulement des anecdotes troublantes ; elles pourraient bien ouvrir une fenêtre sur la nature de la conscience humaine et notre compréhension de la vie et de la mort. En nous engageant dans ces recherches, nous pourrions découvrir des vérités qui transcendent notre compréhension actuelle et redéfinir notre approche des soins palliatifs et de la réanimation.