Les femmes et les patients noirs subissent une perte d’années de vie attendues après une crise cardiaque, en comparaison avec les hommes blancs, selon une étude récente publiée dans le JACC.
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Cette recherche se penche sur l’espérance de vie plus longue des femmes en général, tout en soulignant la réalité d’une espérance de vie plus courte chez les Afro-Américains. C’est une première dans l’exploration des effets des crises cardiaques sur ces populations.
Emily Bulcholz, Ph.D., l’auteur principal de l’étude, explique :
« Bien que nous sachions que les femmes vivent généralement plus longtemps, nous nous sommes demandé si celles qui subissent une crise cardiaque sont véritablement désavantagées, car elles perdent plus d’années de vie après cet événement par rapport aux hommes. »
Les maladies cardiaques restent la principale cause de décès à l’échelle mondiale, touchant tant les hommes que les femmes. Chaque année, environ 735 000 Américains subissent une crise cardiaque, dont environ deux tiers sont des premiers événements.
Une crise cardiaque se produit lorsque le muscle cardiaque cesse de recevoir du sang, souvent en raison d’un caillot dans une artère coronaire. Cette interruption peut avoir des conséquences dévastatrices sur la santé future de l’individu.
Le Dr Valentin Fuster, rédacteur en chef de l’étude, souligne que l’intérêt principal de cette recherche réside dans le concept de l’étude, plutôt que dans des résultats spécifiques.
Il évoque l’idée d’années de vie potentielles perdues (YPLL), un outil important pour évaluer le temps que pourrait avoir vécu un individu. Ce concept est souvent une alternative utile aux taux de mortalité dans les analyses.
Taux de survie inférieurs pour les femmes et les patients noirs
Les chercheurs ont scruté les données du Cooperative Cardiovascular Project, une étude de cohorte prospective qui inclut les bénéficiaires de Medicare traités pour des crises cardiaques depuis les années 1990.
Au total, 146 743 cas de crise cardiaque ont été enregistrés, dont 48,1% de femmes et 6,4% de patients noirs.
Après un suivi de 17 ans, les résultats indiquent que le taux de survie le plus élevé était observé chez les hommes blancs (8,3%), suivi des femmes blanches (6,4%).
En revanche, les taux de survie des patients noirs étaient plus bas, avec 5,4% pour les hommes et 5,8% pour les femmes.
Étonnamment, bien que les femmes aient une espérance de vie plus élevée, elles ont perdu beaucoup plus d’années de YPLL que les hommes après une crise cardiaque.
Les scientifiques ont estimé que les femmes blanches ont perdu 10 ans de vie après un infarctus, presque le double des 5,1 années perdues par les hommes blancs.
Les patients noirs ont également connu une perte significative, les hommes noirs perdant 0,3 année de vie de plus que leurs homologues blancs. Les femmes noires, quant à elles, ont perdu un an de vie supplémentaire par rapport aux femmes blanches.
L’un des points faibles de cette étude est le nombre relativement faible de patients noirs dans l’échantillon.
Néanmoins, le Dr Harlan Krumholz, auteur principal de l’étude et directeur du Centre hospitalier Yale-New Haven pour la recherche et l’évaluation des résultats, estime que ces résultats mettent en lumière des disparités de traitement entre les groupes. Il déclare :
« Nous avons constaté que les femmes et les patients noirs perdent plus d’années de vie après un infarctus du myocarde, ce qui pourrait être dû à un accès inégal aux soins par rapport aux hommes et aux patients blancs. L’étude met en évidence le désavantage de ces groupes et suggère qu’une meilleure qualité de soins pour tous pourrait être bénéfique. »
D’après les chercheurs, les différences raciales dans l’espérance de vie peuvent être attribuées aux comorbidités et à l’accès aux traitements.
Cependant, les données indiquent que les femmes perdent toujours plus d’années de vie que les hommes, même en tenant compte des variations dans la présentation clinique et le traitement. Récemment, une campagne intitulée Go Red For Women a été lancée pour sensibiliser les femmes aux maladies cardiaques.
Dans un commentaire éditorial, le Dr Jack Tu, de l’Institute for Clinical Evaluative Sciences de l’Ontario, souligne que ces résultats « renforcent la nécessité d’améliorer la présentation clinique et le traitement » pour tous les patients victimes de crises cardiaques, en particulier ceux de race noire.
Nouveaux Éléments de Recherche et Perspectives
En 2024, les études continuent d’explorer les facteurs qui influencent l’espérance de vie après une crise cardiaque, notamment l’impact du soutien social et des infrastructures de santé. Des recherches récentes montrent que l’accès à des soins de réhabilitation cardiaque est souvent inégal, particulièrement dans les communautés défavorisées.
Des statistiques récentes indiquent que jusqu’à 50% des patients ne participent pas à des programmes de réhabilitation cardiaque, souvent en raison de barrières économiques ou de transport. Cela souligne l’importance d’élargir l’accès à ces services essentiels.
De plus, des études mettent en avant le rôle crucial de la santé mentale dans la récupération post-infarctus. Les patients souffrant de dépression ou d’anxiété ont des taux de mortalité significativement plus élevés, ce qui souligne la nécessité d’une approche holistique du traitement des crises cardiaques.
Enfin, la recherche continue d’évaluer l’efficacité des traitements personnalisés basés sur la génétique, qui pourraient offrir de nouvelles perspectives pour améliorer les résultats après un infarctus, particulièrement pour les femmes et les minorités raciales.