La dernière étude sur la fessée et ses effets à long terme révèle des résultats préoccupants, surtout pour les enfants afro-américains. Les chercheurs soulignent que les marques psychologiques de la fessée peuvent perdurer jusqu’à 10 ans, influençant durablement le développement des enfants.
Comprendre l’impact du style parental et du tempérament sur les enfants est un défi complexe, souvent entaché de controverses. Les variables en jeu sont nombreuses et difficilement contrôlables, tant sur le plan éthique que pratique. De plus, le développement d’un enfant s’étend sur des décennies, et aucun enfant ne grandit dans un environnement isolé.
Les conséquences des châtiments corporels ont été largement débattues, et le consensus est clair : ces méthodes ont des effets néfastes. Selon l’American Psychological Association, « de multiples études montrent que les punitions corporelles, y compris la fessée, peuvent entraîner une augmentation de l’agressivité, des comportements antisociaux, des blessures physiques et des troubles de santé mentale chez les enfants ». Malgré cette prise de conscience, deux tiers des Américains estiment que fesser un enfant est une pratique acceptable.
Elizabeth Gershoff, Ph.D., une éminente chercheuse sur les punitions physiques à l’Université du Texas à Austin, déclare : « Je peux citer des études qui ont trouvé des effets positifs sur les punitions corporelles, mais il y en a des centaines qui montrent le contraire. »
L’interaction entre les méthodes parentales et les résultats chez les enfants demeure un domaine complexe. Les recherches antérieures se sont souvent concentrées sur des périodes relativement courtes, généralement d’un an, négligeant les familles vivant dans la pauvreté ou des contextes diversifiés.
Les résultats de la récente étude, publiée dans une revue spécialisée, apportent enfin une vision à long terme.
L’effet à long terme de la punition physique
Une équipe de chercheurs de l’Université du Missouri à Columbia a examiné les effets sur une période prolongée, jusqu’à la cinquième année scolaire des enfants.
Le professeur Gustavo Carlo, directeur du Centre de politique familiale et de recherche, explique : « Les études à long terme sur les relations entre parentalité, tempérament et comportements sociaux des enfants ont été limitées, notamment chez les populations à faible revenu et racialement diverses. »
Les chercheurs ont utilisé des données du projet de recherche Early Head Start, impliquant 1 840 mères et enfants, tous vivant au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté fédéral. Les participants incluaient 960 enfants européens-américains et 880 enfants afro-américains, avec une répartition presque égale entre les sexes.
Les données ont été recueillies à l’âge de 15 mois, 25 mois et en cinquième année, à travers des enquêtes auprès des mères et des enfants, des visites à domicile et des entretiens avec des enseignants.
L’analyse a révélé des différences significatives entre les enfants européens-américains et afro-américains. Les enfants afro-américains ayant subi des châtiments sévères à 15 mois présentaient une tendance accrue à adopter des comportements « agressifs » et « délinquants » en cinquième année, tandis que les comportements prosociaux, comme aider les autres, étaient moins fréquents.
Pour les enfants européens-américains, aucun lien n’a été établi entre la punition physique et les émotions négatives. Toutefois, ceux dont les parents exprimaient des émotions négatives, comme l’irritabilité, étaient plus susceptibles de ressentir des émotions négatives eux-mêmes.
Culture, parentalité et changement
Cette recherche devrait sans doute alimenter des débats et ouvrir de nouvelles pistes d’étude. Les chercheurs espèrent que leurs découvertes permettront aux parents, aux éducateurs et aux autres parties prenantes de mieux comprendre l’impact des méthodes parentales et des attitudes précoces, ainsi que leurs interactions avec le tempérament et la culture.
« Nos résultats démontrent que le traitement réservé par les parents à leurs enfants dès le plus jeune âge, en particulier chez les afro-américains, a un impact significatif sur leur comportement. Il est crucial que les parents évitent les punitions physiques, car elles peuvent engendrer des effets durables. Pour encourager des comportements positifs, les parents doivent enseigner à leurs enfants comment réguler leurs comportements dès le départ », déclare le Prof. Gustavo Carlo.
Comme dans toute étude de ce domaine, le débat est amené à se prolonger. Les recherches de ce type mettent souvent en lumière des corrélations plutôt que des preuves définitives de causalité. Néanmoins, ces résultats viennent corroborer d’autres données qui aboutissent à des conclusions similaires.
Mise à jour des connaissances en 2024
À l’aube de 2024, il est essentiel de réfléchir à l’évolution des méthodes éducatives et à leur impact sur le bien-être des enfants. De nouvelles études continuent d’émerger, examinant les effets des pratiques parentales dans divers contextes culturels et socio-économiques. Les recherches récentes mettent également l’accent sur l’importance de l’éducation émotionnelle et des techniques de discipline positive, qui favorisent des résultats comportementaux et émotionnels plus sains pour les enfants.
Les statistiques récentes montrent que l’adoption de méthodes disciplinaires non violentes augmente, avec une sensibilisation croissante sur les effets à long terme de la fessée. En outre, des programmes de soutien parental se multiplient, offrant des ressources et des formations pour aider les parents à naviguer dans les défis de l’éducation sans recourir à des châtiments corporels.
Les implications de ces recherches sont d’une importance capitale pour les décideurs, les éducateurs et les parents. En promouvant des pratiques parentales positives, nous pouvons contribuer à un développement plus sain et plus équilibré des enfants, préparant ainsi un avenir meilleur pour les générations à venir.