Inhibiteurs de CDK4/6 : Une Nouvelle Espérance Contre le Cancer

Une classe de médicaments connus sous le nom d’inhibiteurs de CDK4 / 6, initialement approuvés pour le traitement de certains types de cancer du sein, révèle un potentiel bien plus vaste que ce que l’on pensait. Ces médicaments, loin de simplement empêcher les tumeurs de se développer en inhibant la division cellulaire, semblent également « inciter le système immunitaire à les attaquer et à les rétrécir ».

Les cellules cancéreuses en division avec un traitement innovant.

Cette conclusion marquante émane d’une étude récente menée par le Dana-Farber Cancer Institute et le Brigham and Women’s Hospital, tous deux basés à Boston, MA, dont les résultats ont été publiés dans une revue scientifique de renom.

Les inhibiteurs de CDK4 / 6 agissent en bloquant des protéines spécifiques, appelées kinases cycline-dépendantes (CDK) 4 et 6, qui sont essentielles à la prolifération des cellules cancéreuses.

Actuellement, ces médicaments sont approuvés uniquement pour traiter certains cas de cancer du sein métastatique. Toutefois, ils montrent des promesses dans le traitement d’autres types de tumeurs, comme l’a précisé le Dr Shom Goel, Ph.D., de l’Institut du cancer Dana-Farber.

Aux États-Unis, environ une femme sur huit développera un cancer du sein invasif au cours de sa vie. Bien que le cancer du sein puisse également toucher les hommes, leur risque est beaucoup plus faible, estimé à environ 1 sur 1 000.

Réduire et arrêter les tumeurs

Selon le Dr Goel, les premiers essais cliniques sur les inhibiteurs de CDK4 / 6 ont révélé que les tumeurs cessaient de croître – ce qui est attendu de médicaments inhibant la division cellulaire – parfois de manière spectaculaire. « 

Lui et son équipe sont convaincus que le potentiel des inhibiteurs de CDK4 / 6 est encore largement inexploré.

Dans leur étude, les chercheurs ont mis en lumière que, non seulement ces médicaments freinent la division des cellules cancéreuses, mais qu’ils stimulent également l’immunité anticancéreuse de deux manières.

La première consiste à augmenter l’exposition de protéines anormales à la surface des cellules cancéreuses, rendant ainsi ces cellules plus visibles et, par conséquent, plus faciles à cibler pour le système immunitaire.

La seconde méthode par laquelle les inhibiteurs de CDK4 / 6 favorisent l’attaque du système immunitaire sur les tumeurs réside dans la réduction des cellules immunitaires régulatrices T (Tregs). Ces dernières ont tendance à atténuer la réponse immunitaire, donc une diminution de leur nombre se traduit par une réaction plus intense de l’organisme contre le cancer.

L’équipe a observé ces effets en traitant des souris atteintes de cancer du sein et d’autres tumeurs solides avec l’abemaciclib, un inhibiteur de CDK4 / 6, qui a récemment reçu un statut prioritaire de la part de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis.

Confirmé dans des échantillons humains

En analysant des échantillons de biopsies de femmes participant à un essai clinique sur un inhibiteur de CDK4 / 6 pour le cancer du sein, les chercheurs ont constaté des effets similaires à ceux observés chez les souris. Non seulement le médicament a stoppé le cycle des cellules tumorales, mais il a également incité le système immunitaire à les attaquer.

Les résultats montrent qu’environ 20% des patients atteints de cancer du sein traités uniquement par l’abemaciclib présentent une « réponse significative », tandis que 20 à 30% d’entre eux montrent des « stabilisations de la croissance tumorale ». Ces effets se manifestent généralement dans les quatre mois suivant le début du traitement.

Le Dr Goel et son équipe ont également constaté que l’effet anticancéreux était amplifié lorsqu’ils associaient les inhibiteurs de CDK4 / 6 à d’autres traitements d’immunothérapie, connus sous le nom d’inhibiteurs de point de contrôle, qui aident à empêcher les cellules cancéreuses d’échapper à la détection par le système immunitaire.

« Il semble que les inhibiteurs de CDK4 / 6 pourraient sensibiliser certains cancers aux effets antitumoraux des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire, une avancée particulièrement prometteuse pour les patientes atteintes de cancer du sein », conclut-il.

L’équipe souligne qu’il est crucial de mener d’autres recherches pour comprendre pourquoi ces inhibiteurs semblent plus efficaces pour certains patients que pour d’autres. Ils espèrent également que ces résultats inciteront d’autres chercheurs à explorer les combinaisons possibles entre les inhibiteurs de CDK4 / 6 et diverses immunothérapies.

Nouvelles Perspectives et Recherches Actuelles

Les recherches récentes ont également mis en lumière l’importance de combiner les inhibiteurs de CDK4 / 6 avec des traitements ciblés, notamment des thérapies géniques et des anticorps monoclonaux, pour maximiser l’efficacité contre les tumeurs. Des études cliniques sont en cours pour évaluer ces nouvelles approches, avec des résultats préliminaires prometteurs.

Des données récentes indiquent que l’association d’inhibiteurs de CDK4 / 6 avec des immunothérapies pourrait améliorer les taux de réponse globale chez les patientes atteintes de cancer du sein triple négatif, qui est souvent difficile à traiter. Ces avancées ouvrent la voie à des stratégies de traitement plus personnalisées et potentiellement plus efficaces.

En parallèle, des chercheurs explorent également le rôle des biomarqueurs pour prédire la réponse aux inhibiteurs de CDK4 / 6. Comprendre quels patients bénéficieront le plus de ces traitements pourrait révolutionner la prise en charge du cancer du sein.

FRMedBook