Le gingembre dynamise la recherche d’un remède contre les maladies inflammatoires de l’intestin, d’après une étude récente. Livrées sous forme de nanoparticules, les chercheurs estiment que le gingembre pourrait offrir une approche ciblée et efficace pour cette condition potentiellement débilitante.
La maladie inflammatoire de l’intestin (MII) désigne un ensemble de troubles dans lesquels les intestins deviennent enflammés. Bien que la cause de l’IBD reste inconnue, les chercheurs soupçonnent qu’il pourrait s’agir d’une maladie auto-immune, où le système immunitaire attaque par erreur les tissus sains. Les deux formes principales de MII sont la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse.
Les personnes atteintes de MII souffrent souvent de diarrhée et de douleurs abdominales – parfois très intenses – et peuvent également présenter des saignements rectaux. De plus, elles sont plus susceptibles de développer des complications telles que l’anémie, en raison d’une absorption inefficace des nutriments.
Les scientifiques explorent la nanotechnologie comme une méthode innovante pour administrer des médicaments, notamment ceux ciblant le système digestif.
L’un des principaux avantages de la nanotechnologie réside dans sa capacité à délivrer de faibles doses de médicaments de manière ciblée, minimisant ainsi les effets indésirables sur l’organisme.
Avantages pour la santé du gingembre
Le gingembre est reconnu depuis des siècles pour ses propriétés thérapeutiques. Utilisé comme remède pour divers problèmes de santé tels que les rhumes, les nausées, l’arthrite, les migraines et l’hypertension, il a fait ses preuves.
On le retrouve sous diverses formes : frais, séché, mariné, conservé, cristallisé, confit, ou en poudre, intégré dans des bonbons et des plats savoureux, sans oublier son utilisation comme boisson.
Le thé au gingembre est réputé pour favoriser la digestion. Les suppléments de gingembre sont également disponibles, soit sous forme de gommes, soit mélangés avec du miel, servant d’aide digestive.
Cependant, le nouveau traitement ne se limitera pas aux thés ou aux gommes. Des chercheurs de l’Atlanta Veterans Association ont utilisé une centrifugation à très haute vitesse pour obtenir des nanoparticules dérivées du gingembre (GDNP).
Création de nanoparticules
L’équipe, dirigée par le Dr Didier Merlin et l’Institut des sciences biomédicales de l’Université de Géorgie, a commencé par extraire de la racine de gingembre fraîche provenant de producteurs locaux à l’aide d’un mélangeur de cuisine.
Faits rapides sur les MII
- Entre 1 et 1,3 million de personnes aux États-Unis vivent avec des MII.
- La maladie de Crohn touche environ 201 personnes sur 100 000.
- 238 personnes sur 100 000 souffrent de colite ulcéreuse.
Pour en savoir plus sur la maladie de Crohn, consultez des sources fiables.
Ensuite, ils ont utilisé une centrifugeuse à très haute vitesse pour obtenir une dispersion ultrasonique du jus de gingembre et créer des pellets.
Chaque nanoparticule mesurait environ 230 nanomètres de diamètre, et plus de 300 d’entre elles pouvaient tenir dans la largeur d’un cheveu humain.
Les résultats des études sur des souris indiquent que ces particules peuvent réduire la colite aiguë et prévenir la colite chronique ainsi que le cancer associé aux colites.
Les particules semblent favoriser la réparation intestinale en encourageant la survie et la prolifération des cellules dans la paroi du côlon. De plus, elles semblent diminuer la production de protéines pro-inflammatoires tout en augmentant les niveaux de protéines anti-inflammatoires.
Ces nanoparticules ciblent efficacement le côlon, car elles sont principalement absorbées par les cellules de la muqueuse intestinale, où se manifestent les MICI.
Elles semblent également être non toxiques.
En conséquence, les chercheurs suggèrent que ces particules pourraient être utilisées pour traiter les deux principales formes de MICI ainsi que le cancer lié à la colite.
Les constituants qui aident à soulager les MII
Les auteurs de l’étude affirment que les niveaux élevés de lipides, ou molécules grasses, dans les particules sont essentiels à leur effet thérapeutique. La plante de gingembre contient des lipides naturels, y compris l’acide phosphatidique, qui sont cruciaux pour la construction des membranes cellulaires.
Par ailleurs, d’autres composés actifs importants présents naturellement dans le gingembre, tels que le 6-gingérol et le 6-shogaol, ont démontré dans des recherches antérieures leur capacité à prévenir l’oxydation, l’inflammation et le cancer.
Ces constituants sont également responsables de l’efficacité du gingembre contre les nausées et d’autres troubles digestifs.
L’administration de ces composés via des nanoparticules pourrait représenter une méthode plus efficace pour cibler les tissus du côlon, comparativement à la consommation de gingembre sous forme d’aliment ou de supplément.
De plus, le gingembre pourrait s’avérer être une source de médicaments économique.
L’équipe de Merlin envisage également d’autres plantes comme « nanofactories potentielles pour la production de nanoparticules médicinales ».
Merlin et ses co-auteurs décrivent les plantes comme une « plateforme bio-renouvelable, durable et diversifiée pour la production de nanoparticules thérapeutiques ».
En 2024, des avancées supplémentaires sont attendues dans l’application des nanoparticules en médecine, notamment pour lutter contre les caillots sanguins et d’autres affections. Des études récentes continuent d’évaluer leur efficacité et leur sécurité, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles thérapies prometteuses.