L’ocytocine, souvent désignée comme « l’hormone de l’amour », joue un rôle crucial dans notre capacité à tisser des liens sociaux. Des études récentes mettent en lumière ses effets bénéfiques pour des personnes atteintes d’autisme ou de schizophrénie, leur permettant d’améliorer leurs interactions. Cependant, des recherches récentes révèlent qu’une concentration excessive d’ocytocine chez les jeunes adultes en bonne santé pourrait déclencher une hypersensibilité aux émotions des autres.
C’est ce que démontre une étude récemment publiée dans une revue scientifique de renom.
Menée par Christopher Cardoso et son équipe de l’Université Concordia au Canada, cette étude a impliqué 82 adultes en bonne santé, sans antécédents d’autisme, de schizophrénie ou d’autres troubles connexes.
La moitié des participants ont reçu une dose intranasale de 24 UI d’ocytocine, tandis que l’autre moitié a reçu un placebo. Par la suite, les participants ont été conviés à un test d’identification émotionnelle où ils devaient évaluer diverses expressions faciales représentant des émotions variées.
L’ocytocine et l’hypersensibilité émotionnelle : un équilibre délicat
Les résultats ont révélé que les participants ayant ingéré de l’ocytocine percevaient une intensité émotionnelle plus marquée sur les visages que ceux ayant reçu le placebo. Les chercheurs notent que certains psychologues prescrivent de l’ocytocine, même en dehors de ses indications officielles, pour aider des patients souffrant de troubles sociaux mineurs, comme l’anxiété liée à des entretiens d’embauche.
Cependant, Cardoso souligne que ces résultats soulèvent des préoccupations :
« Il est fréquent que les psychologues envisagent l’ocytocine comme une solution simple à des difficultés sociales. Notre étude démontre que cette hormone amplifie les capacités de raisonnement social innées, entraînant une hypersensibilité émotionnelle qui pourrait nuire à ceux qui ne présentent pas de déficits sociaux majeurs. »
Par exemple, si un manager fronce les sourcils à cause d’une chaise inconfortable, une personne avec des niveaux élevés d’ocytocine pourrait interpréter cette réaction comme un désaccord face à ses propos, ce qui pourrait engendrer des tensions sur le lieu de travail.
« C’est pourquoi nous mettons en garde contre l’administration d’ocytocine à ceux qui n’en ont pas réellement besoin », ajoute Cardoso.
Une vidéo de Cardoso expliquant le lien entre l’ocytocine et la sensibilité émotionnelle est disponible ci-dessous :
Les chercheurs soulignent que l’ocytocine présente des avantages notables pour ceux souffrant de véritables troubles sociaux. Une étude récente a révélé que cette hormone pourrait stimuler les régions cérébrales liées aux interactions sociales chez les enfants autistes.
Cependant, Cardoso met en garde : pour certaines personnes, les bénéfices sociaux de l’ocytocine « peuvent être contrebalancés par des effets négatifs inattendus, tels qu’une sensibilité excessive aux signaux émotionnels au quotidien. »
Enfin, l’année dernière, une recherche a suggéré que l’ocytocine pourrait activer le centre de récompense du cerveau chez les hommes, ce qui, selon les chercheurs, augmenterait l’attractivité des partenaires et favoriserait la monogamie.
Perspectives et recherches futures
À la lumière de ces découvertes, il est essentiel de poursuivre les investigations sur l’ocytocine pour mieux comprendre ses effets variés et complexes. La recherche devrait se concentrer sur l’équilibre délicat entre les avantages sociaux de l’hormone et les risques d’hypersensibilité émotionnelle. Des études supplémentaires pourraient explorer comment les niveaux d’ocytocine interagissent avec d’autres neurotransmetteurs et facteurs psychologiques, offrant une vision plus nuancée de son rôle dans notre comportement social.
En somme, bien que l’ocytocine soit souvent célébrée pour ses effets positifs sur les relations interpersonnelles, il est crucial de rester vigilant quant à ses implications potentielles sur la sensibilité émotionnelle, en particulier pour les individus en bonne santé qui pourraient ne pas en avoir besoin. La science continue d’évoluer, et il est impératif de rester informé des dernières études pour naviguer dans ce domaine fascinant.