Probiotiques et Cancer Colorectal : Une Approche Prometteuse

Une nouvelle étude examine le potentiel des probiotiques dans la prévention et le traitement du cancer colorectal associé aux maladies inflammatoires de l’intestin. Jusqu’à présent, les résultats – suite à des tests sur des souris – sont prometteurs, mais une enquête plus approfondie est nécessaire.

Poudre probiotique pour la santé intestinale

Selon l’American Cancer Society, le cancer colorectal est le troisième type de cancer le plus souvent diagnostiqué, à l’exclusion du cancer de la peau, chez les adultes aux États-Unis. Ils estiment également que le cancer colorectal pourrait causer environ 50 260 décès chaque année.

Les études existantes suggèrent que certains des principaux facteurs d’augmentation du risque de cancer colorectal comprennent le diagnostic d’une maladie inflammatoire de l’intestin, des facteurs génétiques, le tabagisme, le manque d’activité physique et un indice de masse corporelle élevé (IMC).

Selon des recherches récentes, le microbiome intestinal joue un rôle clé dans le développement du cancer colorectal. Cependant, de nombreux mécanismes en jeu restent encore flous. Certaines recherches suggèrent que l’utilisation de probiotiques pour influencer le microbiome peut aider à prévenir la formation de tumeurs.

Une nouvelle étude dirigée par le Dr James Versalovic, professeur de pathologie et d’immunologie au Baylor College of Medicine à Houston, TX, examine maintenant si certains probiotiques peuvent être utilisés pour prévenir ou traiter le cancer colorectal.

Le Dr Versalovic et ses collègues se sont concentrés sur le rôle de Lactobacillus, qui est un probiotique naturellement trouvé dans les tripes des mammifères. Il a été démontré que cette bactérie réduisait l’inflammation intestinale. L’équipe était donc intéressée à tester son effet sur les tumeurs du cancer colorectal.

Les résultats des chercheurs sont publiés dans une revue scientifique de premier plan.

Probiotique minimise la formation de tumeurs

Chez les souris adultes, il a été noté que l’absence d’une enzyme appelée histidine décarboxylase (HDC) rendait les animaux significativement plus sensibles au développement d’un cancer colorectal associé à une inflammation des intestins.

Le HDC est produit par Lactobacillus et aide à convertir la L-histidine, un acide aminé jouant un rôle dans la synthèse des protéines, en histamine, un composé organique impliqué dans la régulation de la réponse immunitaire.

Le Dr Versalovic et son équipe ont testé le rôle de la régulation des réponses immunitaires en vue d’observer son potentiel d’inhibition de la formation de tumeurs cancéreuses colorectales.

Ils ont utilisé des souris déficientes en HDC, auxquelles ils ont administré du Lactobacillus. Ils ont également administré un composé placebo à des souris dans le groupe témoin, afin de comparer les effets.

Lactobacillus a été donné aux souris une fois avant, et encore une fois après, l’induction de la formation de tumeurs grâce à l’administration d’azoxyméthane, un produit chimique cancérigène, et DSS, une substance qui stimule l’inflammation.

Quinze semaines après cette procédure, les voies gastro-intestinales de la souris ont été étudiées pour contrôler la progression de la tumeur et l’effet du probiotique.

Les chercheurs ont constaté que Lactobacillus stimulait la production de HDC et augmentait les niveaux d’histamine dans le côlon.

La tomographie par émission de positrons a été utilisée pour rechercher des tumeurs, et les chercheurs ont noté que les souris qui avaient ingéré le probiotique présentaient moins de tumeurs et de plus petites tailles. Inversement, les animaux du groupe témoin présentaient des tumeurs plus nombreuses et plus grandes.

Les souches inactives, déficientes en HDC, ne présentaient aucun effet protecteur.

Les chercheurs ont également noté que le probiotique (sa souche active) était efficace pour réduire l’inflammation stimulée par les produits chimiques – c’est-à-dire le DSS et l’azoxyméthane – qui avaient été administrés aux souris.

Exploiter le microbiome pour le traitement

« Nos résultats suggèrent un rôle significatif pour l’histamine dans la suppression de l’inflammation intestinale chronique et la tumorigenèse colorectale [formation de tumeurs] », explique le Dr Versalovic. « Nous avons également montré que les cellules, qu’elles soient microbiennes ou mammifères, peuvent partager des métabolites ou des composés chimiques qui, ensemble, favorisent la santé humaine et préviennent les maladies. »

Les scientifiques ne savent toujours pas quelle est la fonction de l’histamine par rapport au cancer chez les humains. Pourtant, les données recueillies auprès de 2 113 personnes ayant reçu un diagnostic de cancer colorectal, provenant de 15 ensembles de données distincts, ont suggéré que les personnes qui ont des niveaux plus élevés de HDC s’en sortent mieux et ont un taux de survie plus élevé.

Prenant cela en considération, l’équipe espère que les probiotiques qui aident à convertir la L-histidine en histamine pourraient éventuellement être utilisés pour le traitement du cancer colorectal.

«Nous sommes sur le point d’exploiter les progrès de la science du microbiome pour faciliter le diagnostic et le traitement des maladies humaines. En introduisant simplement des microbes qui fournissent des substances bénéfiques, nous pouvons réduire le risque de cancer et compléter les stratégies de prévention du cancer.

Dr James Versalovic

Perspectives de recherches futures

À l’aube de nouvelles découvertes, il est essentiel de poursuivre les recherches sur l’interaction entre les probiotiques et le cancer colorectal. De récentes études cliniques ont montré que l’usage de probiotiques spécifiques pourrait non seulement améliorer la santé intestinale, mais également influencer positivement les résultats thérapeutiques chez les patients atteints de cancer colorectal.

Les essais cliniques en cours visent à déterminer les dosages optimaux et les combinaisons de probiotiques qui pourraient avoir un effet synergique avec les traitements traditionnels tels que la chimiothérapie. Les résultats préliminaires indiquent que les probiotiques pourraient atténuer certains des effets secondaires associés à ces traitements, offrant ainsi une meilleure qualité de vie aux patients.

En somme, l’avenir semble prometteur pour l’utilisation des probiotiques dans la lutte contre le cancer colorectal. En combinant les connaissances sur le microbiome avec des approches thérapeutiques innovantes, il est possible d’ouvrir de nouvelles voies pour le traitement et la prévention de cette maladie dévastatrice.

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