La sclérose en plaques est une maladie auto-immune souvent débilitante, se manifestant par une faiblesse musculaire, des troubles visuels, une coordination altérée et des engourdissements. Aujourd’hui, les traitements disponibles se concentrent principalement sur la gestion des symptômes. Mais que se passerait-il si nous pouvions aborder les causes profondes de cette maladie au niveau cérébral ?
Bien que les origines de la sclérose en plaques (SEP) restent floues, il est avéré que l’un des facteurs déterminants de ses symptômes est la démyélinisation.
Ce processus se produit lorsque le système immunitaire attaque et endommage la myéline, le « revêtement » protecteur des axones, qui sont les prolongements reliant les cellules nerveuses dans le cerveau et la moelle épinière.
En conséquence, les signaux transmis entre les cellules nerveuses sont perturbés, entraînant des difficultés visuelles, des problèmes de coordination et des troubles moteurs. Ainsi, le défi majeur pour les chercheurs en SEP a été de trouver des moyens efficaces pour favoriser la remyélinisation, c’est-à-dire la régénération de cette gaine de myéline.
Selon une étude de 2016, plus de 403 600 personnes aux États-Unis sont touchées par la SEP, tandis qu’une estimation précédente faisait état de 2,3 millions de personnes diagnostiquées dans le monde entier.
La Dre Véronique Miron, du Centre de recherche sur la SEP au Royaume-Uni, et ses collègues ont récemment réalisé des avancées significatives dans la recherche sur la remyélinisation. Ils ont identifié une protéine appelée activine-A qui joue un rôle clé dans la réparation de la myéline.
À l’époque, le mécanisme par lequel cette protéine stimule la myélinisation n’était pas encore élucidé. Cependant, le Dr Miron et son équipe ont désormais réussi à comprendre comment cette protéine « enclenche » le processus de réparation.
Les résultats de leurs recherches ont été publiés dans la revue Nature Communications.
« Encourager les cellules à fabriquer de la nouvelle myéline »
Le Dr Miron et son équipe ont étudié le mécanisme de production de la myéline, dans lequel l’activine-A est impliquée, à la fois in vivo (en utilisant le modèle murin de la SEP) et in vitro (sur des tissus humains fournis par la MS Society Tissue Bank).
Ils ont découvert que la production de myéline dépendait de l’expression d’un récepteur de l’activine-A, le récepteur de l’activine 2a (Acvr2a), sur les oligodendrocytes, un type de cellule responsable de la formation de la myéline.
En analysant des échantillons de tissus provenant de patients atteints de SEP progressive, le Dr Miron et son équipe ont observé que les niveaux d’Acvr2a étaient significativement plus élevés dans les tissus nerveux bénéficiant de la remyélinisation. À l’inverse, ces niveaux étaient réduits dans les tissus sans signe de réparation de la myéline.
Les chercheurs ont également constaté que l’activine-A se liait à Acvr2a, signalant aux oligodendrocytes de débuter le travail de réparation sur les sites où la myéline des axones avait été endommagée.
« Lorsque nous avons découvert l’activine-A, nous ne savions pas exactement quel rôle elle jouait dans la remyélinisation. Aujourd’hui, nous savons qu’elle se lie à un récepteur spécifique, entraînant la réparation de la myéline par les cellules. »
Étant donné que la remyélinisation est cruciale pour ralentir la progression de la maladie, voire l’arrêter complètement, le Dr Miron souligne que les résultats de cette étude pourraient mener à une nouvelle cible thérapeutique pour les médicaments.
« C’est une découverte réellement enthousiasmante, car nous pouvons désormais concentrer nos efforts sur le développement de médicaments ciblant ce récepteur. Si nous réussissons, nous pourrions encourager les cellules à synthétiser de la nouvelle myéline après des lésions causées par la SEP. »
Dr Véronique Miron
Vous pouvez visionner ci-dessous une vidéo dans laquelle le Dr Miron explique la pertinence des résultats de cette étude pour le traitement de la SEP et comment ils pourraient ouvrir la voie à des thérapies plus efficaces.
Nouvelles Perspectives de Recherche
De récentes études renforcent l’importance de la recherche sur l’activine-A. Des essais cliniques sont en cours pour évaluer l’efficacité de nouveaux médicaments basés sur cette découverte. Des données préliminaires suggèrent que des traitements ciblant Acvr2a pourraient non seulement améliorer la remyélinisation, mais aussi réduire l’inflammation observée dans la SEP. Cela pourrait transformer notre approche de la maladie, en passant d’une simple gestion des symptômes à un véritable traitement de la maladie à sa racine.
Les chercheurs explorent également d’autres protéines impliquées dans le processus de remyélinisation, ce qui pourrait ouvrir la voie à des traitements combinés plus puissants. Les résultats d’études récentes indiquent que la stimulation de la réparation de la myéline pourrait également avoir des effets bénéfiques sur la fonction cognitive des patients, un aspect souvent négligé dans le traitement de la SEP.
Il est essentiel de continuer à soutenir la recherche dans ce domaine, car chaque avancée nous rapproche d’un traitement efficace et potentiellement curatif pour la sclérose en plaques. Les perspectives pour l’avenir sont prometteuses et pourraient changer la vie de millions de personnes touchées par cette maladie.