Des chercheurs de l’Université de Stanford ont récemment développé un vaccin prometteur contre le cancer du sein, du poumon et de la peau chez la souris, en utilisant des cellules souches. Cette avancée pourrait marquer un tournant dans la lutte contre le cancer.
Pour concevoir ce vaccin, les scientifiques ont exploité les cellules souches pluripotentes induites (CSPi), qui sont des cellules adultes reprogrammées pour agir comme des cellules souches. Cette technique, découverte il y a plus d’une décennie par des chercheurs japonais, permet de créer des cellules capables de se spécialiser en n’importe quel type de cellule nécessaire au corps.
Les cellules souches embryonnaires sont sans doute les plus connues, mais comme le souligne Wu et ses collègues, il y a près d’un siècle, des expériences ont démontré que l’immunisation d’animaux avec des tissus embryonnaires pouvait entraîner le rejet de tumeurs. Cela a ouvert la voie à l’idée que les cellules souches embryonnaires pourraient servir de vaccin contre le cancer. Toutefois, le défi majeur des vaccins anticancéreux réside dans le nombre restreint d’antigènes, ces agents étrangers qui déclenchent une réponse immunitaire, auxquels le système immunitaire peut être exposé.
Wu et son équipe soulignent que l’utilisation de CSPi, dérivées du matériel génétique du patient, offre des avantages immunogéniques significatifs. En effet, ces cellules présentent aux lymphocytes T immunitaires un panel d’immunogènes tumoraux plus précis et représentatif des caractéristiques individuelles de chaque patient.
Ainsi, les chercheurs, sous la direction de Joseph C. Wu à l’Institut de biologie des cellules souches et de médecine régénérative à Stanford, ont mis à l’épreuve cette hypothèse sur des souris et ont publié leurs résultats dans une revue scientifique de renom.
Système immunitaire «amorcé» pour rejeter les tumeurs
Wu et ses collègues ont utilisé les propres cellules des souris pour créer les CSPi, qu’ils ont ensuite vaccinées. Ce vaccin ciblait simultanément plusieurs antigènes tumoraux.
Comme l’expliquent les chercheurs, l’un des principaux avantages de l’utilisation de CSPi entières est qu’il n’est plus nécessaire d’identifier un antigène spécifique à cibler pour chaque type de cancer. « Nous présentons au système immunitaire un plus grand nombre d’antigènes tumoraux présents dans les CSPi », souligne Wu. Cela rend l’approche moins vulnérable à l’évasion immunitaire par les cellules cancéreuses.
Les résultats ont révélé que de nombreux antigènes présents dans les CSPi étaient également exprimés par les cellules cancéreuses. Ainsi, lorsque les rongeurs ont reçu le vaccin à base de CSPi, leur système immunitaire a réagi non seulement aux antigènes des CSPi, mais aussi à ceux des cellules cancéreuses, entraînant une immunisation contre le cancer.
Le vaccin a presque « amorcé » le système immunitaire des rongeurs, les préparant à « éradiquer les cellules tumorales », comme l’explique Wu.
Parmi les 75 souris traitées, 70 % ont complètement rejeté les cellules cancéreuses du sein, et 30 % ont montré des tumeurs réduites dans les quatre semaines suivant l’administration du vaccin. Des résultats similaires ont été observés dans les modèles de cancer du poumon et de la peau.
« Ce qui nous a le plus surpris a été l’efficacité du vaccin iPSC à réactiver le système immunitaire pour cibler le cancer […] Cette approche pourrait avoir un potentiel clinique pour prévenir la récidive tumorale ou cibler des métastases à distance », déclare Joseph C. Wu.
À l’avenir, un patient diagnostiqué avec un cancer pourrait utiliser son propre sang ou des cellules de la peau pour former des CSPi, ce qui pourrait prévenir la récurrence de la tumeur. De même, les personnes en bonne santé pourraient bientôt pouvoir utiliser leurs propres cellules pour éviter complètement le cancer.
Perspectives de recherche et développement
Les recherches en cours visent à explorer l’application de cette technologie à d’autres types de cancers. Des études récentes ont montré que l’utilisation de CSPi pourrait non seulement améliorer l’efficacité des vaccins anticancéreux, mais aussi réduire les effets secondaires souvent associés aux traitements traditionnels. Les experts s’accordent à dire que la personnalisation des vaccins en fonction du profil immunitaire de chaque patient pourrait transformer le paysage de l’immunothérapie anticancéreuse.
De plus, il est crucial de continuer à étudier les mécanismes sous-jacents à l’immunité induite par les CSPi. Une meilleure compréhension pourrait ouvrir la voie à des traitements encore plus efficaces et à l’accélération des essais cliniques. En somme, la recherche sur les vaccins anticancéreux à base de cellules souches pourrait bien représenter une avancée majeure dans notre lutte contre cette maladie dévastatrice.