Découverte de Sept Gènes Liés à l’Insomnie

Beaucoup d’entre nous ont souffert d’insomnie à un moment donné de leur vie et savent combien il est difficile de surmonter ce fléau. Plus on pense à dormir, plus il est ardu de s’endormir; l’insomnie est souvent une bataille avec nos propres esprits. Mais au-delà de cette lutte psychologique, y a-t-il aussi des causes génétiques? Une nouvelle recherche le suggère fortement.

Femme souffrant d'insomnie regardant l'horloge avec anxiété

La National Sleep Foundation définit l’insomnie comme « la difficulté à s’endormir ou à rester endormi, même quand une personne a la chance de le faire ». Des millions de personnes aux États-Unis luttent contre ce trouble, et environ 10 % de la population du pays souffrent d’insomnie chronique.

Une équipe de chercheurs – dirigée par les professeurs Danielle Posthuma, de la Vrije Universiteit (VU) à Amsterdam, et Eus Van Someren, de l’Institut néerlandais de neurosciences – a cherché à identifier les facteurs génétiques sous-jacents à l’insomnie. À cette fin, ils ont réalisé une étude d’association pangénomique (GWAS), ainsi qu’une étude d’association génique à l’échelle du génome (GWGAS).

Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Genetics. Au cours d’un GWAS, les chercheurs explorent rapidement des marqueurs génétiques dans des ensembles complets d’ADN humain afin de trouver des variations génétiques typiques de maladies spécifiques.

Un GWGAS se concentre plus précisément sur les gènes et examine les corrélations entre les variations génétiques au sein d’un même gène. Pour cette raison, un GWGAS peut être une méthode de test plus puissante dans les cas où le nombre de variations génétiques est élevé ou lorsque seul « l’effet cumulatif » de plusieurs variations génétiques est en corrélation avec une maladie.

L’insomnie partage son bagage génétique avec d’autres maladies

Dans cette nouvelle étude, les scientifiques ont effectué ces analyses génétiques chez 113 006 personnes. Les chercheurs ont identifié trois locus génétiques et sept gènes associés à l’insomnie.

De plus, ils ont constaté que certains de ces gènes étaient déjà associés à d’autres conditions. La plus forte association génétique pour l’insomnie était également impliquée dans le syndrome des jambes sans repos (SJSR).

D’autres affections dont les bases génétiques coïncident avec celles de l’insomnie incluent les troubles anxieux, la dépression, le névrosisme et un bien-être général médiocre, tel que cela a été expérimenté subjectivement et de manière autodéclarée.

« C’est une découverte fascinante, car ces caractéristiques ont tendance à être corrélées avec l’insomnie. Nous savons désormais que cela est en partie dû à une base génétique commune », explique Anke Hammerschlag, auteure principale, neuroscientifique et doctorante à la VU.

Plus spécifiquement, le gène MEIS1 avait été associé au SJSR ainsi qu’à un autre trouble du sommeil connu sous le nom de mouvements périodiques des membres pendant le sommeil (PLMS).

Le SJSR touche jusqu’à 10 % de la population américaine et se caractérise par un besoin irrésistible de bouger les jambes, surtout la nuit, ce qui entraîne somnolence et épuisement le jour suivant. De même, le PLMS implique des mouvements involontaires, saccadés pendant le sommeil, entraînant fatigue et malaise durant la journée.

Les chercheurs ont découvert que le PLMS, le SJSR et l’insomnie partagent tous une variation du même gène, MEIS1. Fait intéressant, soulignent les auteurs, le PLMS et le SJSR sont tous deux caractérisés par une agitation physique, tandis que l’insomnie est définie par l’agitation de l’esprit.

Le professeur Eus Van Someren commente la signification de l’étude :

« En comparaison avec la gravité, la prévalence et les risques de l’insomnie, seules quelques études ciblent ses causes : l’insomnie est trop souvent considérée comme étant « tout dans la tête ». Notre recherche apporte une nouvelle perspective : l’insomnie est aussi dans les gènes. »

L’étude a également mis en évidence des différences génétiques entre les sexes. Le professeur Posthuma explique : « Nous avons observé une différence significative entre les hommes et les femmes en termes de prévalence : dans l’échantillon que nous avons étudié, incluant principalement des personnes de plus de 50 ans, 33 % des femmes souffraient d’insomnie. »

« Cela suggère que, en partie, différents mécanismes biologiques peuvent conduire à l’insomnie chez les hommes et les femmes », conclut le professeur Posthuma.

Nouvelles Perspectives sur l’Insomnie

À la lumière de ces découvertes, il est crucial de considérer les implications de l’insomnie sur la santé mentale et physique. Une étude récente a montré qu’un sommeil insuffisant est corrélé à un risque accru de maladies cardiovasculaires et de diabète. En 2024, les chercheurs continuent d’explorer comment les facteurs environnementaux interagissent avec ces prédispositions génétiques. Des approches thérapeutiques, comme la thérapie cognitivo-comportementale et les interventions sur le mode de vie, deviennent de plus en plus pertinentes pour traiter l’insomnie, surtout lorsque l’on reconnaît que des gènes peuvent jouer un rôle dans son apparition.

Il est également intéressant de noter que des études récentes ont révélé que des habitudes de sommeil saines, telles qu’une routine de sommeil régulière et un environnement de sommeil optimal, peuvent atténuer les effets des prédispositions génétiques à l’insomnie. En effet, le maintien d’une bonne hygiène de sommeil peut être une stratégie efficace pour réduire l’impact de l’insomnie sur la qualité de vie.

En conclusion, alors que les recherches sur les gènes liés à l’insomnie progressent, il est impératif d’adopter une approche holistique qui combine les interventions comportementales et la compréhension des facteurs génétiques. Cela pourrait transformer notre manière de traiter et de percevoir l’insomnie dans les années à venir.

Apprenez comment moins de temps au lit pourrait prévenir l’insomnie chronique.

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