Certaines statines, communément appelées médicaments hypocholestérolémiants, pourraient accroître le risque de développer un diabète de type 2, comme le suggère une étude récente publiée dans le BMJ.
Le risque semble particulièrement élevé chez les patients utilisant l’atorvastatine (Lipitor), la rosuvastatine (Crestor) et la simvastatine (Zocor). Bien que les statines soient les médicaments les plus fréquemment prescrits pour prévenir les événements cardiovasculaires, un lien potentiel avec le diabète a récemment été mis en avant.
Des recherches antérieures avaient déjà signalé une augmentation de 27 % du risque de diabète associé à la rosuvastatine, tandis qu’une étude a révélé que la pravastatine pourrait réduire ce risque de 30 %. Cependant, le sujet reste largement sous-exploré, incitant des chercheurs canadiens à mener une étude en population impliquant 1,5 million de résidents de l’Ontario pour examiner le lien entre l’utilisation spécifique des statines et l’apparition récente du diabète.
Les participants, âgés de 66 ans ou plus, avaient commencé un traitement par statines entre 1997 et 2010, avec un âge médian de 73 ans. Le suivi s’est terminé fin 2010 ou au plus tard cinq ans après le début du traitement, selon l’événement survenu en premier. Le principal résultat mesuré était l’incidence du diabète.
Les données ont été extraites de plusieurs bases, notamment celle du Programme de médicaments de l’Ontario, de la Base de données sur les congés des patients de l’Institut canadien d’information sur la santé et de la Base de données sur le diabète de l’Ontario.
Les statines analysées dans cette étude comprenaient:
- fluvastatine
- lovastatine
- pravastatine
- simvastatine
- atorvastatine
- rosuvastatine
Chaque étude a pris pour référence les participants traités par la pravastatine, étant donné que ce médicament a démontré des avantages pour le diabète nouvellement diagnostiqué dans des modèles animaux et des essais cliniques.
Les chercheurs ont examiné des données concernant 471 250 participants sans antécédents de diabète, ayant récemment commencé un traitement par statines, dont 54 % étaient des femmes.
Bien que le risque global de développer un diabète soit faible, il augmente pour certains patients sous statines. Entre 162 et 407 patients doivent être traités avec différentes statines pour qu’un seul patient développe le diabète.
Les sujets sous atorvastatine ont montré un risque accru de 22 %, ceux sous rosuvastatine avaient un risque accru de 18 % et ceux sous simvastatine un risque accru de 10 % par rapport à la pravastatine.
En revanche, les participants traités par fluvastatine affichaient un risque inférieur de 5 %, tandis que ceux sous lovastatine avaient un risque réduit de 1 %. Les taux d’événements étaient les plus élevés pour l’atorvastatine (30 résultats pour 1000 personnes-années) et la rosuvastatine (34 pour 1000 personnes-années). La simvastatine a donné lieu à 26 événements pour 1000 années-personnes, tandis que fluvastatine et lovastatine enregistraient 21 événements pour 1000 années-personnes.
Les Avantages des Statines l’Emportent-ils sur les Risques ?
Les chercheurs ont constaté des résultats cohérents dans leurs analyses concernant l’utilisation des statines pour la prévention primaire (traitement des personnes sans maladie diagnostiquée) et la prévention secondaire (traitement des personnes atteintes d’une maladie diagnostiquée).
Leurs résultats indiquent également que les participants plus âgés courent un risque accru, quelle que soit la dose d’atorvastatine ou de simvastatine, que le traitement soit utilisé pour la prévention primaire ou secondaire.
Plusieurs facteurs pourraient expliquer pourquoi certaines statines augmentent le risque de diabète d’apparition récente. Les chercheurs ont conclu que les cliniciens doivent être vigilants quant à la remise en question du traitement par statines. Ils suggèrent que « l’utilisation préférentielle de la pravastatine, et potentiellement de la fluvastatine, pourrait être justifiée », en soulignant que la pravastatine pourrait être bénéfique pour les patients à haut risque de diabète.
Dans un éditorial, des médecins de l’Université de Turku en Finlande affirment que « le bénéfice global des statines dépasse encore largement le risque potentiel de diabète incident ». Ils soulignent également que, du fait que les statines ont montré une réduction des événements cardiovasculaires chez les patients, elles demeurent cruciales dans le traitement.
Une étude indépendante menée par Harvard a avancé que les bénéfices cardiaques associés à la prise de statines surpassent le risque de diabète pour certains patients.
De plus, une étude distincte a indiqué que les femmes âgées, en particulier celles qui sont ménopausées, présentent un risque plus élevé de développer un diabète lorsqu’elles prennent des statines.
Dans l’optique d’une mise à jour des connaissances, il serait pertinent de mentionner que, selon les dernières recherches de 2024, les effets des statines continuent d’être analysés à travers le prisme des nouvelles thérapies et des approches personnalisées. Les données récentes montrent que la surveillance des marqueurs de risque métabolique chez les patients sous statines pourrait être essentielle pour prévenir l’apparition du diabète. De plus, des études récentes ont suggéré que l’intégration d’interventions diététiques et d’exercices physiques pourrait atténuer ce risque, rendant le traitement par statines encore plus bénéfique. En somme, une approche multidisciplinaire dans la gestion des patients sous statines pourrait offrir une voie prometteuse pour minimiser les effets secondaires tout en maximisant les avantages cardiovasculaires.