Stents Cérébraux : Risques d’AVC Accrus et Implications Médicales

Les stents cérébraux, utilisés pour débloquer une artère et prévenir les AVC chez les personnes à haut risque, semblent paradoxalement augmenter le risque d’accidents vasculaires cérébraux et de décès. Une étude publiée dans le NEJM (New England Journal of Medicine) révèle que les patients ayant reçu ces stents ont connu un doublement du risque d’accident vasculaire cérébral et de mortalité par rapport à ceux qui n’en ont pas reçu.

Cette constatation alarmante a conduit l’Institut national des troubles neurologiques et des accidents vasculaires cérébraux à suspendre l’enregistrement des patients pour l’essai en avril 2011.

Le NIH (National Institutes of Health) a rapidement alerté les professionnels de santé et le grand public sur ces résultats, ce qui pourrait bien modifier les choix thérapeutiques des médecins. Il est désormais conseillé aux patients de privilégier des changements de mode de vie et de prendre des médicaments pour gérer leur hypertension, ainsi que des anticoagulants et des hypocholestérolémiants.

L’étude a impliqué 450 patients répartis sur 50 centres aux États-Unis. Tous avaient récemment subi un AVC ou des symptômes temporaires liés à un rétrécissement important d’une artère cérébrale. Lorsque cette artère se rétrécit, l’apport sanguin au cerveau diminue, augmentant ainsi le risque d’accidents vasculaires cérébraux supplémentaires.

Tous les participants ont reçu des anticoagulants et ont subi des traitements intensifs pour contrôler leur tension artérielle et leur cholestérol. Parmi eux, 225 ont été sélectionnés au hasard pour recevoir des stents cérébraux.

Les résultats montrent que :

  • Les patients avec endoprothèse :
    15 % ont eu un deuxième AVC ou sont décédés dans les 30 jours suivant le traitement.
    20,5 % ont eu un AVC ou sont décédés durant le suivi d’un an.
  • Les patients sans endoprothèse :
    Moins de 6 % ont eu un deuxième AVC ou sont décédés dans les 30 jours suivant le traitement.
    11,5 % ont eu un AVC ou sont décédés durant le suivi d’un an.

Le co-chercheur principal, Colin P. Derdeyn, MD, de l’École de médecine de l’Université de Washington à Saint-Louis, a déclaré :

« Les complications liées aux stents étaient plus fréquentes que prévu. D’autres recherches pourraient permettre d’identifier des sous-groupes de patients qui pourraient réellement bénéficier de ces stents. Cependant, pour le moment, il semble que nous puissions sauver davantage de vies en nous concentrant sur la réduction agressive de la tension artérielle et du cholestérol. »

Les auteurs de l’étude s’efforcent de comprendre les raisons pour lesquelles les patients ayant subi un AVC ont des taux d’AVC et de mortalité plus élevés. Ils suggèrent que des caillots pourraient se former sur les stents et se détacher par la suite. Une autre hypothèse est que l’installation du stent pourrait endommager les vaisseaux sanguins.

Aux États-Unis, l’accident vasculaire cérébral est la quatrième cause de décès. Plus de 50 000 des 750 000 AVC survenant chaque année sont dus à une sténose, c’est-à-dire un rétrécissement ou un blocage des vaisseaux sanguins causé par l’accumulation de caillots et de plaques. Les personnes diabétiques, ainsi que les Hispaniques, les Américains d’origine asiatique et les Afro-Américains, présentent un risque accru de sténose.

Le système Gateway-Wingspan, une technologie permettant aux chirurgiens d’ouvrir une artère crânienne bloquée par ballon et stent, est le seul dispositif approuvé par la FDA pour traiter ce type de problème. Le ballon est gonflé, puis le stent est inséré pour maintenir l’artère ouverte.

Mark Chimowitz, MBChB, de l’Université médicale de Caroline du Sud à Charleston, et Derdeyn se sont engagés à évaluer les risques et les bénéfices du projet Gateway-Wingspan dans un essai clinique randomisé. Ils ont mis en place un protocole de gestion médicale appelé Stenting vs. Aggressive pour la prévention des AVC récurrents dans la sténose intracrânienne.

Derdeyn a ajouté :

« Une étude antérieure a montré que l’hypertension artérielle et le taux de cholestérol sont étroitement liés à un risque accru d’AVC dans ce groupe de patients. Nous avons donc élaboré des protocoles de « gestion médicale agressive » demandant aux médecins de s’efforcer de contrôler la pression artérielle et le cholestérol. Nous avons également assuré un suivi régulier des patients pour vérifier l’atteinte de ces objectifs. »

L’étude humaine a débuté en 2008.

Derdeyn, qui est également directeur du Centre de Stroke et Cerebrovascular à Barnes-Jewish Hospital, a précisé :

« Nous avons uniquement inclus des patients dont la sténose bloquait 70 % ou plus d’une artère, ce qui constituait un groupe à très haut risque. Bien que nous ayons été sélectifs à cet égard, nous n’avons pas examiné la nature des blocages, par exemple, si l’obstruction était uniquement due à une plaque ou à la présence d’un caillot sanguin sur une plaque, ce qui pourrait présenter des risques différents d’AVC avec stenting. »

Ils ont ajouté que ce type d’information, potentiellement obtenue grâce à des techniques de numérisation modernes, pourrait aider les chercheurs et les médecins à mieux cibler les plans de traitement pour ces patients.

Les patients déjà traités seront suivis pendant 24 mois supplémentaires.

Écrit par Christian Nordqvist

Perspectives et Nouvelles Recherches en 2024

En 2024, la recherche sur les stents cérébraux continue d’évoluer. Des études récentes soulignent l’importance de personnaliser les traitements en fonction des caractéristiques spécifiques des patients. Par exemple, une étude menée par l’American Heart Association a révélé que la génétique et les antécédents médicaux jouent un rôle crucial dans l’efficacité des stents. Les patients avec des profils génétiques spécifiques pourraient bénéficier d’approches thérapeutiques différentes, y compris des interventions moins invasives.

De plus, les avancées technologiques permettent des méthodes d’imagerie plus précises, améliorant ainsi la capacité des médecins à évaluer le risque de complications avant l’implantation d’un stent. Les chercheurs explorent également des biomarqueurs sanguins qui pourraient prédire le risque d’AVC post-stent, ouvrant la voie à des traitements préventifs adaptés.

Enfin, la sensibilisation à la santé cérébrale et l’éducation des patients demeurent primordiales. Les médecins sont encouragés à discuter des risques et des bénéfices des stents, en intégrant des stratégies de gestion des facteurs de risque dans le parcours de soins des patients. En somme, alors que la technologie médicale avance, l’approche humanisée et personnalisée demeure essentielle pour optimiser les résultats des traitements liés aux AVC.

FRMedBook